La France

De Cinéann.

La France est un film français réalisé par Serge Bozon et sorti en 2007.

Analyse critique

Durant la première Guerre mondiale, Camille, une jeune femme dont le mari combat au front, reçoit de celui-ci une brève lettre de rupture. Ébranlée, elle décide d’aller le rejoindre, mais, refoulée par le règlement de l’époque qui interdit aux femmes de se déplacer seules, elle n’a pas d’autre alternative que de se travestir en homme pour pouvoir prendre la route à pied.

L’œuvre de Serge Bozon est allégorique et pose quelques questions au spectateur : ne sommes-nous pas à la recherche d’un idéal, prisonniers de la quadrature du cercle ? Et ce cercle dans lequel nous tournons en rond, conditionnés socialement et sexuellement par des lois (ou des commandements), n’aurait-il pas, comme limites, celles des frontières d’un pays, par exemple la France, semblables à celles de nos esprits ? On pense immédiatement à l’œuvre du situationniste Guy Debord In girum imus nocte et consumimur igni (Nous tournons en rond dans la nuit et nous sommes dévorés par le feu). Camille devient l’un des vaillants petits soldats androgynes du groupe (ou de l'essaim), capable d’éliminer ceux qui pourraient représenter une menace pour sa survie. Dès qu’on essaie de percer la carapace d’un de ses membres (la tentative de viol de Camille), l’agresseur est immédiatement éliminé par le groupe. Le groupe marche aveuglement vers son idéal (hors des limites du cercle) totalement étranger aux lois puisque, en l’occurrence, il a nom « désertion ». Son chant (le bourdonnement de l’essaim) est à l’opposé des hymnes guerriers : c’est la complainte d’une femme à la recherche de l’amour ou de la perpétuation de l’espèce. « La France » reste un pur esprit, le groupe ne se déplace qu’à travers champs et forêts et les seuls repères identitaires sont les casques ronds des Français, ceux bosselés des Allemands, une tranchée de poilus et un mirador. Paradoxalement, ce film tout en extérieur (Serge Bozon avance 99% de scènes en extérieur) risque de paraitre hermétique à ceux qui attendraient (en vain) un quelconque discours militant pour l’identité d’un pays comme la France : son but est plus de délivrer corps et esprits de leurs chaînes…

Déclarations

Extrait de l'entretien de Serge Bozon avec Jean Douchet le 27 avril 2007:

J’avais l’impression que les chansons permettraient de décupler un certain type d’émotions et de faire exister l’unité du groupe de manière plus émotive. Dans une chanson, la notion de groupe existe tout de suite de manière unitaire, ils n’ont pas besoin de raconter leur vie, de se dire qu’ils sont soudés depuis longtemps, etc., puisqu’ils chantent ensemble : la musique induit une fraternité de fait, « en action ». J’avais aussi l’impression que la piste romanesque initiale et cachée ensuite, puisque Camille ne peut parler à personne de son mari, de sa quête, resurgissait par les chansons de manière inattendue, puisque ce sont des chansons d’amour et du seul point de vue féminin.
C'est-à-dire que ce sont des chansons d’amour du point de vue d’une femme qui, à chaque fois, raconte une rencontre amoureuse avec un homme étranger dans un pays étranger. Et ce n’est jamais le même soldat qui chante. Comme si les soldats avaient tous des dons musicaux cachés et qu’on ne pouvait pas anticiper jusqu’où la liste de ces dons pourrait aller.

Distribution

  • Sylvie Testud : Camille
  • Pascal Greggory : le lieutenant
  • Guillaume Verdier : le cadet
  • François Négret : Jacques
  • Laurent Talon : Antoine
  • Pierre Léon  : Alfred
  • Benjamin Esdraffo : Pierre
  • Didier Brice : Jean
  • Laurent Lacotte : Frédéric
  • Bob Boisadan : le guitariste
  • Lionel Turchi : le violoniste
  • Laurent Valero : le bandonéiste
  • Michel Fossiez : le hautboïste
  • Jean-Christophe Bouvet : Elias
  • Avec la participation de Guillaume Depardieu

Fiche technique

  • Titre : La France
  • Réalisateur : Serge Bozon
  • Scénario : Axelle Ropert
  • Musique originale: Fugu (Mehdi Zannad), Benjamin Esdraffo
  • Directrice de la photographie : Céline Bozon
  • Pays d’origine : France
  • Sociétés de production : Les Films Pelléas — Centre national de la cinématographie (CNC)
  • Producteur : David Thion
  • Directrice de production : Hélène Bastide
  • Durée : 102 minutes
  • Dates de sortie :

Distinctions


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