La Source thermale d’Akitsu

De Cinéann.

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'''La Source thermale d'Akitsu''' ( 秋津温泉 ''Akitsu Onsen'' ) est un film japonais de [[Kijû Yoshida]] , sorti en [[1962]]
'''La Source thermale d'Akitsu''' ( 秋津温泉 ''Akitsu Onsen'' ) est un film japonais de [[Kijû Yoshida]] , sorti en [[1962]]
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==Analyse critique==
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Dans le nord du Japon, en 1945, la défaite est proche. Souffrant d'une pneumonie, le soldat Shûsaku Kawamoto, en permission,  suit les conseils d'une femme rencontrée par hasard, et se rend dans un onsen niché dans les montagnes. A l'hôtel d'Akitsu, il rencontre Shinko, une jeune fille vive et joyeuse. Alors que les médecins militaires abandonnent Shûsaku à son sort, Shinko décide de veiller sur lui. Avec l’arrivée de Shûsaku venu mourir à Akitsu, Shinko trouve enfin un but à sa vie : forcer cet homme hanté par la mort à vivre.
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Après l'annonce de la défaite, qui leur apporte à la fois amertume et soulagement, cet homme et cette femme sont liés par une entente presque muette. Cette complicité prend tour à tour le visage de la vie à travers la recherche du plaisir, et de la mort à travers le sacrifice de soi et de l’être aimé. Car devant l’évidence de sa propre aliénation, Shinko a commis par cet acte l’irréparable.
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Autrefois si solide et insaisissable, elle devient alors une silhouette pantelante qui se dérobe à l’écran, si semblable à celle que fut autrefois Shûsaku. Celui-ci, éloigné d’Akitsu, devient pour sa part un être  détaché, puis cynique, maître d’un jeu sur lequel Shinko n’a plus prise. Rongée par l’attente, Shinko a cessé de vivre au présent. Tandis que la ronde des saisons donne le sentiment que pas plus d’une année ne s’écoule au total, le spectateur est alors forcé d’adopter le point de vue de Shinko pour qui le temps s’est bel et bien arrêté.
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Kiju Yoshida accepte en 1962 d'adapter un roman de Shinya Fujiwara, La Source thermale d'Akitsu. En apparence, c'est un mélodrame sentimental, la tragédie d'amants séparés par la vie. Sur le fond, c'est une construction étrange, qui étire et contracte le temps, la mise en scène de l'une des obsessions de Yoshida. L'actrice Mariko Okada, l'une des plus populaires à ce moment au Japon, en est la vedette.
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La rencontre est déterminante : la comédienne épouse le cinéaste et celui-ci se consacre à une nouvelle tâche, redéfinir la place de la femme au cinéma en ces termes : "Jusqu'alors la femme était faite pour être vue, pour être un objet de désir. Je ne voulais pas d'une femme réceptacle, mais qu'elle regarde le public." En tout Mariko Okada et Yoshida tourneront ensemble 11 films.
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La source thermale d’Akitsu est d’une beauté plastique saisissante. Ici les teintes éclatantes des kimonos se conjuguent avec la magnificence du paysage qui au fil des saisons n’offre jamais le même profil. Festival de couleurs donc, mais aussi forte charge sensuelle portée à l’écran par une Mariko Okada éprise de liberté dont le visage mutin se reflète encore et encore dans une valse de miroirs.
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Pourtant ce mélodrame ne serait pas complet sans un troisième protagoniste de poids. Comme animée d’une force propre, la source d’Akitsu possède le pouvoir de vie et de mort sur ses habitants. À la fois juge et partie, la source guérisseuse suscite sans cesse le retour de Shûsaku tout en retenant auprès d’elle Shinko. Jusqu’à l’inéluctable.
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Chronique d’une liaison entre l’amour et la mort, La source thermale d’Akitsu est aussi une magnifique leçon de vie, nous apprenant que chaque saison, chaque étape de la vie, doit être vécue pleinement.
== Distribution ==
== Distribution ==

Version actuelle en date du 13 avril 2008 à 20:30

La Source thermale d'Akitsu ( 秋津温泉 Akitsu Onsen ) est un film japonais de Kijû Yoshida , sorti en 1962

Analyse critique

Dans le nord du Japon, en 1945, la défaite est proche. Souffrant d'une pneumonie, le soldat Shûsaku Kawamoto, en permission, suit les conseils d'une femme rencontrée par hasard, et se rend dans un onsen niché dans les montagnes. A l'hôtel d'Akitsu, il rencontre Shinko, une jeune fille vive et joyeuse. Alors que les médecins militaires abandonnent Shûsaku à son sort, Shinko décide de veiller sur lui. Avec l’arrivée de Shûsaku venu mourir à Akitsu, Shinko trouve enfin un but à sa vie : forcer cet homme hanté par la mort à vivre.

Après l'annonce de la défaite, qui leur apporte à la fois amertume et soulagement, cet homme et cette femme sont liés par une entente presque muette. Cette complicité prend tour à tour le visage de la vie à travers la recherche du plaisir, et de la mort à travers le sacrifice de soi et de l’être aimé. Car devant l’évidence de sa propre aliénation, Shinko a commis par cet acte l’irréparable.

Autrefois si solide et insaisissable, elle devient alors une silhouette pantelante qui se dérobe à l’écran, si semblable à celle que fut autrefois Shûsaku. Celui-ci, éloigné d’Akitsu, devient pour sa part un être détaché, puis cynique, maître d’un jeu sur lequel Shinko n’a plus prise. Rongée par l’attente, Shinko a cessé de vivre au présent. Tandis que la ronde des saisons donne le sentiment que pas plus d’une année ne s’écoule au total, le spectateur est alors forcé d’adopter le point de vue de Shinko pour qui le temps s’est bel et bien arrêté.

Kiju Yoshida accepte en 1962 d'adapter un roman de Shinya Fujiwara, La Source thermale d'Akitsu. En apparence, c'est un mélodrame sentimental, la tragédie d'amants séparés par la vie. Sur le fond, c'est une construction étrange, qui étire et contracte le temps, la mise en scène de l'une des obsessions de Yoshida. L'actrice Mariko Okada, l'une des plus populaires à ce moment au Japon, en est la vedette.

La rencontre est déterminante : la comédienne épouse le cinéaste et celui-ci se consacre à une nouvelle tâche, redéfinir la place de la femme au cinéma en ces termes : "Jusqu'alors la femme était faite pour être vue, pour être un objet de désir. Je ne voulais pas d'une femme réceptacle, mais qu'elle regarde le public." En tout Mariko Okada et Yoshida tourneront ensemble 11 films.

La source thermale d’Akitsu est d’une beauté plastique saisissante. Ici les teintes éclatantes des kimonos se conjuguent avec la magnificence du paysage qui au fil des saisons n’offre jamais le même profil. Festival de couleurs donc, mais aussi forte charge sensuelle portée à l’écran par une Mariko Okada éprise de liberté dont le visage mutin se reflète encore et encore dans une valse de miroirs.

Pourtant ce mélodrame ne serait pas complet sans un troisième protagoniste de poids. Comme animée d’une force propre, la source d’Akitsu possède le pouvoir de vie et de mort sur ses habitants. À la fois juge et partie, la source guérisseuse suscite sans cesse le retour de Shûsaku tout en retenant auprès d’elle Shinko. Jusqu’à l’inéluctable. Chronique d’une liaison entre l’amour et la mort, La source thermale d’Akitsu est aussi une magnifique leçon de vie, nous apprenant que chaque saison, chaque étape de la vie, doit être vécue pleinement.

Distribution

Akitsu.jpg
  • Mariko Okada  : Shinko
  • Hiroyuki Nagato : Shusaku Kawamoto
  • Sumiko Hidaka : Otami
  • Asao Koike : Osaki
  • Shigeru Kôyama : Tsuda
  • Kojiro Kusanagi : un militaire
  • Akira Nagoya : Shimamura
  • Masako Nakamura : Harue
  • Fukuko Sayo : Osumi
  • Tsutomu Shimomoto : Médecin militaire
  • Toyoko Takahashi : Geisha
  • Eijirô Tono : Moine
  • Taiji Tonoyama : Rokusuke
  • Imari Tsuji : une femme
  • Jukichi Uno : Kenkichi Matsumiya
  • Sô Yamamura : Mikami

Fiche technique

  • Titre original : 秋津温泉 Akitsu onsen
  • Réalisation : Yoshishige Yoshida
  • Scénario : Yoshishige Yoshida d'après le roman de Shinya Fujiwara
  • Production : Mariko Okada , Masao Shirai
  • Musique originale : Hikaru Hayashi
  • Image : Toichiro Narushima
  • Costumes : Mariko Okada
  • Durée : 113 minutes
  • Dates de sortie: 15 juin 1962 (Japon) ; 2 avril 2008 (France)


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