La Vérité

De Cinéann.

Version du 6 février 2020 à 18:27 par MariAnn (discuter | contributions)
(diff) ← Version précédente | Voir la version courante (diff) | Version suivante → (diff)

La Vérité , film français et japonais de Hirokazu Kore-eda, sorti en 2019

Analyse critique

Fabienne, une star du septième art puissante, toujours active, le verbe assassin, ouvre le film à un jeu constant entre réalité et fiction. La diva publie ses Mémoires, truffés de savoureux mensonges qui la mettent en valeur. À cette occasion, elle reçoit sa fille, devenue scénariste aux États-Unis, avec compagnon et enfant. La jeune femme a grandi dans l’ombre de sa mère illustre, accumulé blessures et rancunes avant de s’émanciper : les retrouvailles s’avèrent houleuses.

En virtuose de la composition, Kore-eda superpose un autre face-à-face mère-fille, beaucoup plus virtuel. Fabienne tourne, ces jours-là, un film de science-fiction où elle joue l’enfant d’une femme immortelle qui, donc, ne change pas et semble de la génération suivante. Les répliques de ce film dans le film, cruelles, portent sur la jeunesse éternelle de l’une et sur le vieillissement de l’autre, pourtant née après. Ce travail de cinéma est filmé comme un supplice nécessaire pour la vedette insubmersible, une violence qui est aussi une affirmation courageuse de son âge et de son talent. Un matin de tournage, après plusieurs prises insatisfaisantes, dans une atmosphère tendue, la star finit par s’effondrer et perdre connaissance.

À l’inverse d’autres réalisateurs étrangers invités à travailler en France, Kore-eda conserve sa personnalité une fois délocalisé, et demeure un observateur subtil et malicieux des liens familiaux : mère-fille, en l’occurrence. Il réussit un film français, mais traversé par une ironie, une irrévérence venue d’ailleurs.

Kore-eda ose s’aventurer loin dans les références à la biographie de Catherine Deneuve, dont on croit reconnaître, au détour d’une scène ou d’une allusion, la sœur disparue, la fille, un ancien metteur en scène. Le thème du film, la vérité, c’est l’illusion et Deneuve est la complice de cette mystification authentique. Elle signe un rôle majeur, où s’illustrent tous ses registres, de la mélancolie à l’extrême fantaisie, avec toujours cette note de subversion détachée qui reste sa signature. Ainsi, à l’évocation, par un chauffeur de taxi, de Brigitte Bardot, qui tourna elle aussi un film intitulé La Vérité (Henri-Georges Clouzot, 1960), Fabienne esquisse une moue sceptique qu’apprécieront les cinéphiles.

Distribution

  • Catherine Deneuve : Fabienne
  • Juliette Binoche : Lumir
  • Ethan Hawke : Hank, le mari de Lumir
  • Clémentine Grenier : Charlotte
  • Manon Clavel : Manon
  • Ludivine Sagnier : Amy à 38 ans
  • Alain Libolt : Luc
  • Christian Crahay : Jacques, mari de Fabienne

Fiche technique

  • Réalisation et scénario : Hirokazu Kore-eda
  • Photographie : Éric Gautier
  • Musique : Alexei Aigui
  • Production : Nathalie Dennes, Matilde Incerti et Muriel Merlin
  • Société de production : M.I. Movies, Bunbuku et 3B Productions
  • Durée : 106 minutes
  • Dates de sortie : 28 août 2019 (Mostra de Venise 2019)
    • France : 25 décembre 2019
laverite.jpg
Outils personnels

Le cinéma de Nezumi; les artistes contemporains / Randonnées dans les Pyrénées

Les merveilles du Japon; mystérieux Viêt Nam; les temples et des montagnes du Népal ; l'Afrique