La Vie d'O'Haru femme galante

De Cinéann.

(Différences entre les versions)
(Vie de O'Haru, femme galante)
(Fiche technique)
 
Ligne 35 : Ligne 35 :
* Date de sortie : 2 avril [[1952]] (Japon)
* Date de sortie : 2 avril [[1952]] (Japon)
{{IMDB|0045112}}
{{IMDB|0045112}}
-
* {{Youtube|lxeY5bYeNQU}}, l'intégralité du film est sur Youtube, en 9 séquences
+
* Extrait {{Watv|165981nIc0K11790697}},
{{DEFAULTSORT:Vie doharu femme galante}}
{{DEFAULTSORT:Vie doharu femme galante}}

Version actuelle en date du 8 mai 2013 à 09:17

La Vie de O'Haru, femme galante ( 西鶴一代女 Saikaku ichidai onna ) film japonais réalisé par Kenji Mizoguchi en 1952.

Analyse critique

Lifeoharu.jpg

Adapté d'un roman du XVIIe siècle, le film de Kenji Mizoguchi dépeint les mœurs féodales du Japon. Une ancienne prostituée, O'Haru, se souvient. Lorsqu'elle était jeune fille, elle était amoureuse d'un homme de caste inférieure qui, pour cette raison, a été exécuté. La famille de O'Haru a été exilée et la jeune femme, par un enchaînement de circonstances, est passée d'un homme à l'autre : d'abord concubine d'un prince dont l'épouse est stérile, elle est chassée dès qu'elle donne naissance à un enfant ; son père la vend alors comme courtisane. Elle est alors réservée aux plus nobles et raffinés convives, tant sa beauté et son éducation étaient grandes, mais en vieillissant elle se retrouve prostituée de très bas étage et enfin mendiante. Un jour, elle voit passer le merveilleux palanquin qui porte son noble fils. Elle tente, mais vainement, de se faire reconnaître de celui-ci, devenu à son tour seigneur. Elle finit ses ]ours de la plus misérable façon.

Chaque épisode de la vie de O'Haru met en lumière la forte hiérarchie sociale et patriarcale qui régissait le pays. La femme était une victime, qu'elle soit mère ou prostituée. O'Haru perd peu à peu tout ce qui, pour elle, a de la valeur. Mizoguchi filme ces étapes vers la déchéance avec une apparente distance, en miniaturiste. Dans son film, un élément du décor peut prendre autant d'importance qu'une partie de l'intrigue. Le plan fixe d'un paravent suggère une séparation. Des cheveux coupés, la branche d'un arbre ou un éventail sont filmés avec autant d'attention que le visage de l'héroïne. Ce souci du détail donne à chaque scène une force symbolique qui dépasse l'anecdote. La lenteur assumée et l'absence de progression dramatique du récit épouse le tempérament du personnage principal. O'Haru elle-même semble prise dans un cercle sans fin. Elle traverse les épreuves avec une égale abnégation. À travers son renoncement, le cinéaste suggère que l'essentiel de la vie se trouve peut-être dans le détachement des biens terrestres.

Le film est en résonance profonde avec la vie personnelle de Mizoguchi. Le père de Mizoguchi, un ancien charpentier, est violent envers sa mère et sa sœur qu'il vend comme geisha. L'influence du bouddhisme et son détachement des biens terrestres est également perceptible.

Le ton du film est tour à tour cruel, cynique, satirique, érotico-sadique. Les malheurs de la victime sont prétextes à dénoncer les injustices des hommes et les infortunes de la vertu puisque la vie n’est supportable qu’à ceux qui sont durs, fermés à la pitié et l’amour, malhonnêtes envers les autres. C’est à une condamnation féroce du sort réservé à la femme non seulement à l’époque reculée ou se situe l’action mais encore de nos jours que se livre Mizoguchi puisque la femme objet de désir n’est plus considérée que comme un objet d’échange.

Mais en même temps, dans ce film, Mizoguchi livre, peut-être le plus ouvertement, ses propres obsessions érotiques. La femme est au centre de son œuvre. Mais c’est toujours une femme victime, malheureuse, sur laquelle fondent perpétuellement et comme avec prédilection les pires malheurs. Mizoguchi semble donc n’aimer que la femme souffrante, torturée, aux bords des larmes, des gémissements, de la plainte qu’il peut alors venir consoler, combler d’un amour débordant et tendre. On conçoit alors la sorte d’attachement, tant dans sa vie privée que dans ses films, que Mizoguchi réserve aux prostituées : femmes humiliées, méprisées, offensées. Attitude à la fois sadique et masochiste comme si l’homme était indigne de cet objet merveilleux et unique qu’est la femme et qui la fait, en conséquence souffrir, pour bien se prouver à quel point il est indigne d’elle, combien elle mérite alors tout son amour.

Mais le talent de Mizoguchi se traduit par une vision sublimée de cette position que la pure beauté des images cherche à mettre en valeur comme dans un écrin. Il faut donc que dans le même temps Mizoguchi fasse de cette beauté une critique objective. Critique des hommes, et par conséquent autocritique de ses obsessions sexuelles profondes qui idéalise la femme pour mieux la rendre esclave de ses désirs. Mais il critique aussi la femme trop passive qui se complait finalement et qui transforme même cette souffrance en plaisir, en se glissant dans ce rôle d’objet d’abord magnifié puis de plus en plus déprécié de désir.

Distribution

  • Kinuyo Tanaka : O'Haru
  • Ichiro Sugai : Shinzaemon, son père
  • Tsukie Matsuura : Tomo, sa mère
  • Toshirō Mifune : l'amoureux
  • Eitaro Shindo
  • Sadako Sawamura
  • Hiroshi Oizumi
  • Jukichi Uno
  • Kikue Mori

Fiche technique

  • Titre original : 西鶴一代女 Saikaku Ichidai Onna
  • Réalisation : Kenji Mizoguchi
  • Scénario : Yoshikata Yoda et Kenji Mizoguchi, d'après le roman Koshoku Ichidai Onna de Ihara Saikaku
  • Photographie : Yoshimi Hirano
  • Musique : Ichirō Saitō
  • Producteur : Hideo Koi
  • Format Noir et Blanc
  • Durée 130 mn
  • Date de sortie : 2 avril 1952 (Japon)


Retrouvez tous les détails techniques sur la fiche IMDB

Outils personnels

Le cinéma de Nezumi; les artistes contemporains / Randonnées dans les Pyrénées

Les merveilles du Japon; mystérieux Viêt Nam; les temples et des montagnes du Népal ; l'Afrique