Lawrence d'Arabie

De Cinéann.

Lawrence d'Arabie (Lawrence of Arabia) film réalisé par David Lean, sorti en 1962, inspiré de la vie de T.E. Lawrence.

Analyse critique

Le film relate les aventures d'un officier britannique, de la Première Guerre mondiale, Thomas Edward Lawrence, qui aide les Arabes à se révolter contre les Turcs. Curieux destin que celui de ce fou du désert dont la fin se situe sur une paisible route de campagne britannique. Après avoir survécu à tant de combats, il meurt d'un stupide accident de motocyclette.

Cet esprit conquérant est projeté dans un début de XXe siècle en pleine guerre Arabo-turque. Les rapports sont déséquilibrés. Le sabre arabe contre les canons et les aéroplanes turcs. Lawrence sert de « soutien technique » du côté arabe entre ces deux extrémités.

Peu à peu, son implication se fait plus forte. Le désert le trouble et sa raison le quitte irrémédiablement. Grisé par ses propres théories, il est persuadé d’être au-delà de la normalisation. Il devient un être transcendé par la mission divine dont il se croit dépositaire. Cette lente agonie de l’esprit le mènera vers la déchéance. Il finira déséquilibré et incompris, abandonné par tous les sympathisants du départ.

Ce film d’hommes (rare film ou il n'y a aucun rôle féminin dans la distribution) est l’amorce d’une tentative d'unification en une seule pensée du peuple arabe qui se débat depuis des millénaires dans un relationnel récurrent violent et tribal bloquant l'élaboration d'une grande nation. Comment ne faire qu'un seul courant d'une infinité de territoires ou chaque dominant règne sans partage avec des lois différentes de celles du voisin. La scène du meurtre de l'accompagnateur de Lawrence au point d'eau est édifiante sur la perception des tribus entre elles. La tâche de réconciliation semble insurmontable.

Lawrence, en mettant sa vie en danger par le sauvetage de Kassim, qui, dans la perception des chefs arabes, n'est rien, montrera que la voie du salut passe par la volonté de sauvegarder n'importe quelle existence.Malgré ce premier résultat positif, l’unification de cent mille règles différentes ne sera pas simple. Lawrence regagnera le Royaume-Uni sans avoir terminé sa mission de cohésion.

Faux film d’aventure et d’action, fausse épopée spectaculaire et grandiose, Lawrence d’Arabie échappe à toute catégorisation et à toute définition précise. Le film apparaissait comme la promesse d’un dévoilement, la mise en lumière de la personnalité contrastée et ambiguë de cette immense figure. En fait, à toutes ces multiples questions le film propose de multiples réponses. Loin de révéler les secrets de l’énigme Lawrence, en fait l’énigme de l’être, il en prolonge au contraire le mystère.

Si bien que le film semble permettre de mieux connaître le personnage, sans pour autant que les certitudes et les doutes aient été quelque peu levés. La mort de l’être emporte avec elle sa vérité. David Lean le savait et il en a fait le sujet de son film, mêlant habilement l’intime et l’extérieur, la fresque politico-historique et l’aventure intérieure, au sein de paysages désertiques qui font échos aux âmes qui les traversent, pour mieux montrer l’impossibilité de venir à bout de la complexité et de l’ambiguïté du colonel Lawrence. Parvenir à capter et filmer cela est sans aucun doute l’une des plus belles réussites du cinéma.

Distribution

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Fiche technique

  • Titre original : Lawrence of Arabia
  • Production : Sam Spiegel
  • Réalisation : David Lean
  • Scénario : Robert Bolt, d'après le roman autobiographique de Thomas Edward Lawrence : Les Sept Piliers de la sagesse
  • Directeur de la photographie : Frederick A. Young
  • Montage : Anne V. Coates
  • Musique : Maurice Jarre
  • Durée :222 minutes (3 h 42)
  • Dates de sortie : 10 décembre 1962 (USA) 1er mars 1963 (France)
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