Le Parfum de la dame en noir (1949)

De Cinéann.


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Le Parfum de la dame en noir est un film réalisé par Louis Daquin en 1949.

Analyse critique

Un an après l'affaire de la chambre jaune, Mathilde Stangerson, dont le père, le professeur Stangerson est décédé et s'apprête à épouser l'ancien assistant de celui-ci, Robert Darzac, se sent menacée et refait appel au journaliste Rouletabille car elle est persuadée que son mari le gangster Bellmayer, alias Larsan est toujours en vie : elle vient de recevoir un flacon de parfum pour leur anniversaire de mariage.

Le Parfum de la dame en noir crée un monde de faux-semblants hanté par un illusionniste, un monde de déguisements dans lequel même les morts réapparaissent, et dans lequel le mystère du corps en moins s’ajoute bientôt à celui du corps en trop . Le château est paradoxalement un lieu où la visibilité est mauvaise, soit que le visible se dérobe, soit que les miroitements des apparences s’avèrent autant de déguisements et de leurres.

C’est le personnage le plus aveuglé, par son histoire personnelle, qui résoudra l’énigme. Rouletabille s’enferre en effet dans l’opposition au père et s’implique ainsi avec excès dans l’intrigue, faisant barricader et surveiller le château de manière aussi dérisoire qu’insensée. Mais fermant les yeux pour mieux voir, il sera finalement celui par qui tout s’éclaire, au cours d’une scène de révélations d’ailleurs rocambolesque, pleine de surprises et presque parodique.

L’ambivalence de la relation au père se lit dans l’inquiétante étrangeté de ce personnage, à la fois présent et absent, désiré et rejeté : Larsan est en en effet une figure du mal que l’on tente de repousser mais qui est toujours déjà là. Rouletabille n’est pas maître en sa propre maison, car Larsan est à l’intérieur du château quand il croit le contenir à l’extérieur. De la même façon, Rouletabille ressemble d’autant plus à son père qu’il le sent en lui et tente de s’en défaire. Il est notamment saisissant de remarquer cette caractéristique commune au père et au fils : Larsan se fait passer pour mort avant de réapparaître tout comme Rouletabille, enfant, avait fait croire à sa mort après l’épisode du vol de l’orange.

Le Parfum de la dame en noir inscrit les aventures de Rouletabille à l’intérieur d’une double ligne temporelle, celle de la filiation d’une part et celle du suspense de l’autre. L’histoire est en effet à la fois tendue vers le passé, à travers la révélation des liens de parenté de Rouletabille avec Larsan et Mathilde, et vers l’avenir, à travers le mystère de la présence de Larsan dans le château et son explicitation. Le film se construit sur la liaison de ces deux lignes temporelles, en faisant progresser conjointement le suspense et les révélations sur les origines de Rouletabille. Ce dernier ne peut en effet mettre au jour les tenants et aboutissants du mystère du corps en trop qu’en affirmant de plus en plus ouvertement, quoique de façon conflictuelle, sa filiation. Le mouvement vers le passé du héros rejoint ainsi paradoxalement la tension vers l’avenir et la résolution du suspense.

Le film tisse une nécessité ambiguë, ironique, qui prend la figure d’une mécanique comique du désastre annoncé : les retrouvailles de Rouletabille et de ses parents semblent marquées du sceau d’une fatalité aussi tragique que comique.

Distribution

  • Serge Reggiani : Rouletabille
  • Hélène Perdrière : Mathilde
  • Lucien Nat : Darzac
  • Michel Piccoli : Lebel
  • Gaston Modot : Mathieu
  • Marcel Herrand : Larsan
  • Jean Carmet : le garagiste
  • Jean Mercure : le juge d'instruction
  • Loleh Bellon
  • Arthur Devère
  • Yvette Etiévant
  • Olivier Hussenot

Fiche technique

  • Réalisation : Louis Daquin
  • Scénario : Jean Ferry et Vladimir Pozner, d'après le livre de Gaston Leroux
  • Directeur de la Photographie : André Bac
  • Musique : Jean Wiener
  • Pays : France
  • Durée : 1h35
  • noir et blanc
  • Date : 5 octobre 1949 (France)

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