Le Ruban blanc

De Cinéann.

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Le Ruban blanc (Das weiße Band) film autrichien, mais aussi allemand et français de Michael Haneke, sorti en 2009, Palme d'or lors du Festival de Cannes 2009.

Synopsis

Un vieux narrateur raconte l'histoire d'un village de l'Allemagne du nord à la veille de la Première Guerre mondiale, dans lequel il fut instituteur dans sa jeunesse.

Un médecin est victime d'un violent accident de cheval en rentrant chez lui. Il s'agit de l'acte délibéré d'un ou plusieurs habitants du village, qui ont tendu un filin en travers du chemin qu'emprunte régulièrement l'homme. Hospitalisé, celui-ci laisse sa fille aînée, encore adolescente, et son jeune fils aux soins de sa voisine, qui est aussi son assistante.

L'été 1913 est alors marqué par une série d'étranges accidents prenant peu à peu le caractère d'un rituel punitif dirigé contre les différentes autorités morales, religieuses et sociales de ce petit village profondément ancré dans la tradition luthérienne. La femme d'un paysan meurt en chutant au moment des moissons, sans que son mari, pourtant touché par son décès, ne réagisse contre ce qui apparaît être au mieux comme une négligence du régisseur du domaine du baron du village. Toutefois, un de ses fils vandalisera une propriété du châtelain et se verra puni de son geste par de la prison. Sigi, le jeune fils du baron, est retrouvé ligoté et battu, provoquant le départ de la baronne avec son enfant pour l'Italie. La grange du château subit un incendie probablement criminel. Puis un bébé est laissé devant une fenêtre ouverte, en plein hiver.

Le pasteur du village, qui éduque ses enfants dans un rigorisme corseté, leur infligeant des punitions corporelles et des sévices moraux, conduit également en despote les âmes du village lors de ses sermons dominicaux.

Le médecin, qui rentre par anticipation de convalescence, retrouve son foyer et cette voisine qui l'aide dans le rôle de sage-femme depuis le décès de son épouse, qu'elle remplace pour les tâches domestiques et la compagnie féminine. Malgré l'humiliation quotidienne qu'elle subit de cet homme, elle continue à s'occuper de lui, tout en élevant son jeune fils handicapé mental, Karli, avec lequel elle vit seule.

Lent et somptueux, ce film étrange se déroule dans la pureté éclatante de paysages qui semblent inaccessibles à la noirceur. C'est une sorte de suspense permanent, et aussi une réflexion sur des êtres frustrés, inexorablement poussés à la haine. Ce village allemand à la veille de la guerre de 14-18, qu'il a imaginé de A à Z, lui sert de laboratoire pour dénoncer tous les terrorismes passés, présents et futurs. Il filme, donc, des êtres en enfer qui, pour s'y sentir moins seuls, y entraînent les autres. « Tu dois atrocement souffrir pour être si odieux », dit la sage-femme à son amant, le docteur, qui vient de la briser, lors d'une scène de rupture dont l'atrocité rendrait presque affables les affrontements conjugaux de Bergman dans Scènes de la vie conjugale.

Que deviendront vingt, trente ans plus tard ces enfants brisés au nom de la morale ? Quand on les quitte, omniprésents et silencieux, ils ressemblent à un inquiétant chœur antique. Une angoisse sourde naît de plans-séquences magnifiques où tout semble se jouer derrière des portes closes et des esprits verrouillés. Mais sous l'apparente austérité, la fureur brûle. Haneke filme magistralement la noirceur qui s'infiltre dans les cœurs. Certains critiques en ont déduit qu'il s'agissait d'un démonstration de l'enchainement qui allait conduire au nazisme et à ses atrocités. Mais le film d'Haneke est plus universel, les sadiques et les tortionnaires sont de toutes les époques.

Ce film aride, en noir et blanc, obtient en 2009 la Palme d'or à Cannes.

Distribution

Rubanblanc.jpg
  • Christian Friedel : le professeur
  • Leonie Benesch  : Eva
  • Burghart Klaußner : le pasteur
  • Susanne Lothar  : la sage-femme
  • Ulrich Tukur  : le baron, Armin
  • Ursina Lardi  : la baronne, Marie-Luise
  • Rainer Bock  : le médecin
  • Maria-Victoria Dragus : la fille du pasteur
  • Roxane Duran  : Anna, la fille du médecin
  • Leonard Proxauf  : Martin, fils du pasteur
  • Janina Fautz  : Erna, la jeune « voyante »
  • Josef Bierbichler : le régisseur
  • Steffi Kühnert  : la femme du pasteur
  • Thibault Sérié  : Gustav, le fils cadet du pasteur
  • Levin Henning  : Adolf, fils du pasteur
  • Enno Trebs  : Georg
  • Theo Trebs  : Ferdinand
  • Miljan Chatelain  : Rudolf
  • Eddy Grahl  : Karli, le fils handicapé mental de la sage-femme
  • Michael Kranz  : le professeur particulier

Fiche technique

  • Réalisation : Michael Haneke
  • Scénario : Michael Haneke et Jean-Claude Carrière
  • Directeur de la photographie : Christian Berger
  • Montage : Monika Willi
  • Costumes : Moidele Bikel
  • Producteurs : Stefan Arndt, Margaret Menegoz, Veit Heiduschka, Michael Katz, Andrea Occhipinti
  • Production : Les Films du Losange, X Filme Creative Pool GmbH, Wega Film, Lucky Red
  • Distribution : Les Films du Losange
  • Format : Noir et blanc
  • Durée : 144 min
  • Sortie : 21 octobre 2009 (France)

Récompenses

  • Festival de Cannes 2009 :
    • Palme d'or
    • Prix FIPRESCI de la Critique internationale
    • Prix de l'Éducation nationale
    • Mention spéciale du jury œcuménique
  • Prix du cinéma européen|Prix du cinéma européen 2009 :
    • Meilleur film européen
    • Meilleur réalisateur européen
    • Meilleur scénariste européen
  • Golden Globe du meilleur film étranger

Nominations


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