Le Trou

De Cinéann.

Le Trou est un film franco-italien réalisé par Jacques Becker et sorti en 1960.

Analyse

Gaspard est transféré dans une cellule de la prison de la Santé, dans laquelle il apprend que ses co-détenus ont décidé de s'évader. Gaspard participe au creusement du tunnel, se lie d'amitié avec ses nouveaux camarades, mais, apprenant qu'il va être libéré, les trahit, la veille de leur évasion.

Accusé de tentative de meurtre sur la personne de sa femme, Claude Gaspard est enfermé dans la cellule n° 6 déjà occupée par Roland, Manu, Monseigneur et Jo. Les quatre amis, qui ont décidé de s'évader, ne voient pas d'un bon ceil l'arrivée d'un nouveau compagnon. Les circonstances les contraignent pourtant à dévoiler leur projet à Gaspard et à s'en faire un complice...

Roland, le conducteur de l'opération, a tout prévu : il perce un trou dans le sol un après-midi en faisant un bruit d'enfer. Personne dans la prison ne se préoccupe d'un bruit de marteau qui ébranle tout le bâtiment ! Toutes les nuits, Roland et ses amis préparent le parcours qui les conduira vers la liberté en perçant un tunnel au travers d'un couloir des égouts de Paris.

Un matin, Gaspard est appelé dans le bureau du directeur : sa femme a retiré sa plainte; il va être remis en liberté... Interrogé avec finesse, il dévoile le projet de ses compagnons de cellule. Le soir même, les détenus de la cellule 6 se préparent à l'évasion. Mais les gardiens surgissent soudain et les réduisent à l'impuissance tandis que Gaspard est transféré dans une autre cellule. Roland n'a pour lui qu'un regard de mépris. " Pauvre Gaspard ", dit-il.

En 1960, le cinéma français change, la Nouvelle Vague explose avec A bout de souffle de Godard. Ce n'est pas à Becker que les nouveaux visages du cinéma français ont pu adresser leur accusation de sclérose et d'académisme. Avec son Trou, Becker réalise une oeuvre sans fioritures, presque excessive dans son réalisme, « le plus grand film français de tous les temps » dira Jean-Pierre Melville. Becker meurt avant la sortie de son film.

Le Trou est tiré du roman de José Giovanni. Une histoire vraie, un témoignage. L'un des compagnons de cellule de Giovanni, Jean Keraudy, dont on nous parle dans le livre, a interprété son propre rôle dans le film de Becker. On nous rapporte dans cette réalisation toutes les ruses des prisonniers pour contourner les interdictions, se jouer des gardiens et progresser dans l'évasion.

Le Trou exalte la beauté de l'effort collectif, de l'intelligence et de l'organisation du groupe. Tout au long de son film, Jacques Becker nous donne à voir deux choses.

D'abord, le tempérament et l'âme de ces cinq hommes aux caractères bien trempés, tous, chacun dans leur genre, charismatiques au possible. On observe la petite troupe discutant, échangeant, rusant, jugeant, grommelant; et l'on s'attache très vite aux personnages.

Ensuite, on observe avec insistance ce « trou », que l'on creuse. L'une des scènes les plus éprouvantes du film est celle où les prisonniers doivent casser la dalle et percer le sol cimenté de leur cellule, pour atteindre les galeries du dessous. Le bruit provoqué par les battements est énorme, les surveillants menacent d'entrer dans la cellule d'une minute à l'autre. Becker filme le martèlement des coups sur le sol en un long plan séquence. Pas une musique de fond, pas un autre bruit, et le suspense est au plus haut.

Le Trou, c'est aussi l'histoire d'une trahison. Une montagne d'efforts collectifs anéantis par la trahison d'un seul. Les rapports humains qui se tissent sous nos yeux sont portés par d'excellents dialogues, non dénués d'humour et des acteurs impressionnants, non professionnels.

Alors que le film de Robert Bresson, Un condamné à mort s'est echappé, magnifie par la réussite l'entreprise de l'évasion, le film de Becker conclut douloureusement sur l'échec de la fraternité. On a beaucoup reproché au Trou, lors de sa sortie en salle, de faire l'apologie des criminels. C'est en fait l'homme, dans toute sa diversité et dans tous ses tords, que Becker a observé et aimé.

Distribution

  • Michel Constantin : Jo Cassid
  • Marc Michel : Claude Gaspard
  • Catherine Spaak : Nicole
  • Eddy Rasimi : Bouboule
  • Jean Keraudy : Roland Darban
  • Philippe Leroy-Beaulieu : Manu
  • Raymond Meunier : Monseigneur
  • Paul Préboist : Un gardien
  • Dominique Zardi : Un détenu


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Fiche technique

  • Réalisation : Jacques Becker
  • Scénario : D'après le roman de José Giovanni (éditions Gallimard)
  • Adaptation : Jean Aurel, Jacques Becker et José Giovanni
  • Assistant réalisateur : Jean Becker
  • Musique originale: Philippe Arthuys
  • Images : Ghislain Cloquet
  • Montage : Marguerite Renoir, assistée de Geneviève Vaury
  • Production : Play-Art, Filmsonor (Paris), Titanus (Rome)
  • Chef de production : Serge Silberman
  • Directeur de production : Georges Charlot, Jean Mottet
  • Film français, italien.
  • Durée : 115 minutes (La première version durait environ 140mn)
  • Date de sortie : 18 mars 1960

Prix Méliès 1960


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