Leni Riefenstahl

De Cinéann.

Berta Helene Amalie Riefenstahl, dite Leni Riefenstahl (22 août 1902 à Berlin – 8 septembre 2003 à Pöcking) danseuse, actrice, réalisatrice et photographe allemande.

Malgré une œuvre remarquée entre 1932 et 1936, elle sera rejetée après 1945 par la plupart des cinéastes pour s’être associée aux menées du régime national-socialiste.

Biographie

Leni Riefenstahl est née à Berlin le 22 août 1902. Son père, Alfred, est commerçant.

À partir de 1918, elle prend des cours de peinture et de dessin à la Kunstakademie de Berlin. En parallèle à cela, elle prend également des cours de danse classique et moderne.

À partir de 1920, elle connait un certain succès dans la danse et participe à diverses tournées en Allemagne, en Tchécoslovaquie et en Suisse. En 1923, elle danse son premier solo à Munich dans le rôle de Diotima. Elle est alors engagée par Max Reinhardt comme danseuse soliste pour le Deutsches Theater de Berlin.

C’est en 1926 qu’elle est découverte par Arnold Fanck qui lui confie son premier rôle au cinéma dans le film La Montagne sacrée (Der heilige Berg). C’est le début d’une carrière relativement prolifique d’actrice de films de montagne.

Elle acquiert une grande popularité auprès du public en jouant les personnages principaux de films comme Der große Sprung, Weiße Hölle am Piz Palü, Stürme über dem Mont Blanc et Der weiße Rausch, pour lesquels elle doit apprendre l’alpinisme et le ski.

Ayant acquis auprès d’Arnold Fanck les bases de la réalisation, du cadrage et du montage, elle se lance finalement elle-même dans la réalisation. Après avoir fondé en 1931 sa propre agence de réalisation, le « Leni Riefenstahl Film Studio », elle réalise en 1932 son premier film La Lumière bleue (Das blaue Licht), dans lequel elle tient le rôle principal. Ce film, qui constitue un appel à la tolérance et au respect d’autrui, des plus faibles en particulier, recevra le Lion d’argent à la Mostra de Venise.

Réalisatrice de propagande

C’est aussi ce film qui attire l’attention d’Adolf Hitler sur la réalisatrice. Elle rencontre le Führer pour la première fois en mai 1932 et noue avec lui des relations de respect mutuel. Après l’accession au pouvoir du parti nazi, Adolf Hitler demande à Leni Riefenstahl de filmer le congrès du parti à Nuremberg en 1934. Ceci donnera le film Sieg des Glaubens, film documentaire réalisé avec un talent artistique jusqu’alors inexploré.

Après une expédition au Groënland dont elle tire le film SOS iceberg (SOS Eisberg), elle poursuit son travail pour le parti national-socialiste et produit plusieurs films documentaires très remarqués. Elle réalise ainsi Le Triomphe de la volonté (Triumph des Willens). Pour ce film, elle mobilise 16 équipes de tournage (plus de 100 personnes) et récolte plus de 60 heures de documents. Le film reste dans l’histoire du film de propagande comme l’un des plus célèbres et l’un des plus efficaces. Elle y met en avant la solidarité de la base du parti avec le régime, en alternant les images à un rythme inattendu et en rompant avec la chronologie du congrès. Elle place également ses caméras de manière à créer une ambiance quasi mythologique autour des chefs du parti dans un décor conçu par le célèbre architecte Albert Speer. Les effets de lumières (« Lichtdom ») et la musique mettent par ailleurs en valeur la force des symboles du parti : la croix gammée, les drapeaux, l’aigle du Reich. Ce film sera couronné en 1934 par le Prix du film allemand et par le Lion d’or du festival de Venise, puis par un Grand Prix international lors de l’Exposition universelle de Paris en 1937.

La réintroduction du service militaire obligatoire en 1935 donne à Leni Riefenstahl l’occasion de son film Jour de Liberté – notre armée (Tag der Freiheit – unsere Wehrmacht).

1936 offre à Leni Riefenstahl, alors au faîte de sa gloire, l’événement idéal pour réaliser un grand film : les Jeux Olympiques de Berlin. Pour réaliser Les Dieux du stade (Olympia), elle met en œuvre une technique jusqu’alors inouïe et filme pour la première fois durant les épreuves. Le travail de montage, qui durera 18 mois, donnera naissance à deux parties distinctes du film Olympia : Fête des peuples (Fest der Völker) et Fête de la beauté (Fest der Schönheit). Dans ce travail, les images sportives acquièrent une dimension proprement artistique : la réalisatrice cherche à exalter la virilité et la force martiale, notamment à travers la beauté du corps masculin athlétique. Ce film est considéré comme l'un des meilleurs films documentaires de l’histoire du cinéma pour ses différentes techniques novatrices telles que des cadrages innovants, l’utilisation du travelling, de caméras sur rails et de caméras sous-marines. La première projection du film (les deux parties durant en tout près de 4 heures) aura lieu le 20 avril 1938 en hommage à l’anniversaire du Führer. Une fois de plus, ce film acquiert une grande reconnaissance internationale, recevant notamment le Premier Prix du Festival de Venise. Leni Riefenstahl de son côté se verra décerner en 1939 une médaille d’or de la part du Comité international olympique pour ce film.

Les films de Leni Riefenstahl et l’admiration que lui porte Adolf Hitler vaut à la réalisatrice l’inimitié du ministre de la propagande, Joseph Goebbels, qui, malgré son soutien officiel, voit dans l'amitié de la réalisatrice avec Adolf Hitler une menace pour sa propre position.

Seconde Guerre mondiale

Les années 1940 et 1941 voient Leni Riefenstahl travailler à un nouveau film, Tiefland, pour lequel elle dispose de 60 Sintis et Rroms extraits de camps de concentration. À partir de 1941, le cours de la guerre ainsi que des problèmes de santé l’empêchent de poursuivre tout travail de réalisation.

En 1944, elle épouse le major Peter Jacob dont elle se séparera 3 ans plus tard.

L'après guerre

Après la Seconde Guerre mondiale, en butte à la haine de ses collègues, notamment d’Hollywood, elle est placée sous la protection et la curatelle des autorités françaises d’occupation de l’Allemagne, et bénéficie de la sympathie de Jean Cocteau pendant sept ans.

Portée devant les tribunaux en 1948, accusée de n’avoir pas rétribué les Rroms et les Sintis de son film Tiefland et de leur avoir promis de manière trompeuse de les sauver de la déportation, elle est finalement acquittée.

En 1949, un nouveau procès l’oppose au magazine Bunte qui avait publié les calomnies concernant le film Tiefland, procès qu’elle remporte. S’ensuivent d’autres procès à propos de son travail de propagandiste pour le régime nazi.

Ce n’est qu’en 1954 qu’elle termine son film Tiefland qui sera un échec.

C’est à partir de cette date que, confrontée à des critiques incessantes visant tous ses projets de film, elle se tourne essentiellement vers la photographie, réalisant notamment plusieurs reportages photographiques sur les Noubas du Soudan (dont elle apprend la langue). Ces séries font l’objet d’une reconnaissance internationale.

En 1972, elle obtient une accréditation officielle pour couvrir les jeux Olympiques de Munich en tant que photographe.

Toujours prête à relever des défis dans le cadre de son travail, elle apprend à faire de la plongée sous-marine (brevet passé en 1974 au Malindi) pour réaliser un film sur l’univers sous-marin. Elle publie alors un livre de photographies intitulé Jardins de coraux (Korallengärten).

En 1982, la chaîne allemande WDR diffuse un reportage intitulé L’époque du silence et de l’ombre (Zeit des Schweigens und der Dunkelheit) dans lequel sont réitérés les reproches contre Leni Riefenstahl et sa collaboration avec le parti nazi.

Elle répond à toutes les accusations en publiant ses Mémoires en 1987. Elle y dément toute complicité avec le régime national-socialiste et affirme ne s’être jamais attachée qu’à l’aspect artistique de son travail. Malgré le grand succès public de ce livre (traduit en 9 langues), il est largement malmené par la critique.

En 1992, Ray Müller réalise un film documentaire biographique sur Leni Riefenstahl auquel la réalisatrice elle-même apporte son soutien et sa coopération. Intitulé Le pouvoir des images (Die Macht der Bilder), ce film est d'abord diffusé à la télévision allemande et connaît un grand succès. Il sera primé aux Emmy Awards aux Etats-Unis, puis fera sensation au Musée d’art moderne (MOMA) de New York. Ce retour en grâce de Leni Riefenstahl se confirme en 1996 lorsqu’une version chorégraphiée du Pouvoir des images est montée au Schauspielhaus de Cologne, puis en 1997 lors d’une grande rétrospective de son œuvre à Milan et à Rome. L’attribution par le Cincecon d’une décoration pour l’ensemble de son œuvre est saluée par des salves d’applaudissements, mais aussi par un rejet ostensible de la part de certains critiques. En 1999, c’est le Musée du cinéma de Potsdam qui organise une rétrospective sur la carrière de Leni Riefenstahl.

Après avoir survécu à un accident d’hélicoptère en 2000 (lors de son dernier voyage auprès des Noubas au Soudan), elle s’éteint le 8 septembre 2003 à Pöcking près de Munich, à 101 ans.

Un film retraçant sa vie devait être réalisé par Rupert Walters à partir de fin 2008. Il ne sera pas achevé.

Filmographie


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