Les Arnaqueurs

De Cinéann.

Les Arnaqueurs (The Grifters) est un film américain, réalisé par Stephen Frears, sorti sur les écrans en 1990.

Analyse critique

Roy Dillon est arnaqueur. Pas un gros, un arnaqueur modeste. Un artisan. Les tours de passe-passe au comptoir des bars sombres, les entourloupes sur les paris de coin de rue, c’est sa petite entreprise.

Rien à voir avec sa mère, Lily, à peine quatorze ans de plus que lui. Elle est un cadre supérieur de l’embrouille. Faire chuter les cotes des outsiders aux courses en pariant gros sur eux, et ainsi limiter les pertes de gros et méchants poissons qui gèrent les paris, c’est son dada. Rien à voir non plus avec Myra Langtree, la petite amie de Roy, un beau brin de fille qui survit dans des coups microscopiques, mais dont l’ardeur et l’audace révèlent son récent passé de showgirl de la magouille. Débusquer et ferrer le pigeon, c’était son spectacle.

Un jour Roy Dillon est blessé par un barman. Sa mère vient lui rendre visite à l'hôpital et y rencontre Myra, la petite amie de Roy. Entre les deux femmes, c'est aussitôt l'inimitié, puis la haine farouche.

Le roman de Jim Thompson, scénarisé par Donald E. Westlake, domnne naissance à une histoire de losers et de truands dans un film puissant, nerveux et perturbant.

Le sujet ne pouvait qu’attirer un poète de l’ambigu comme Stephen Frears. L’auteur de films qui firent date dans l’Histoire de l’homosexualité au cinéma, entre autres titres de gloire, tire tous les fils de cette famille de circonstance qui n’existe que par à-coups, d’élans sincères en manipulations tendres et cruelles. La surprise vient d’ailleurs de l’absence ou presque d’action. Posons les personnages, tendons des fils entre eux, des câbles pour les uns, du suc d’araignée pour les autres, et le réseau se complique vite.

Les Arnaqueurs donne un coup de poignard aux réfractaires au culte de la Réussite. Manger ou être mangé, arnaquer ou être arnaqué. Le juste milieu ne peut exister. Et cette ambition, cette démesure conduit à la chute. La démesure qui perdit le partenaire de Myra, devenu fou de son succès. Celle qui perdra Myra elle-même, car on ne s’improvise pas meurtrière quand on est la plus belle des arnaqueuses. Celle-là même qui châtie Lily, mère trop jeune, fille trop mûre, dure et tendre, incapable d’accepter sa vie tout en la portant en étendard de la cause de l’Arnaque.

Les Arnaqueurs sont embarqués dans une tragédie comme le film noir n’en connut pas beaucoup. Comme si certains héros de la Grèce d’antan s’étaient échappés de l’Hadès… Pour tomber en Enfer ! Jamais au grand jamais Roy n’aurait contrarié les cieux, plutôt envoyer au diable la pétulante et tourbillonnante Myra, qui rêve de retrouver les jours heureux. Il est pourtant frappé et poursuivi. Frappé par sa cannibale de mère, Médée prête à engloutir ses enfants pour quelques liasses, poursuivi par une poisse qui lui fut prophétisée par son mentor, lui-même pas brillant sujet. Poursuivi par les femmes. Frappé par elles.

Distribution

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Fiche technique

  • Réalisateur : Stephen Frears
  • Scénario: Donald E. Westlake d'après le roman homonyme de Jim Thompson
  • Musique originale : Elmer Bernstein
  • Producteur : Martin Scorcese
  • Image : Oliver Stapleton
  • Montage : Mick Audsley
  • Pays : États-Unis
  • Durée : 1h50
  • Dates de sortie : 5 décembre 1990 (USA), 23 janvier 1991 (France)


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