Les Promesses

De Cinéann.

(Différences entre les versions)
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(Analyse critique)
 
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Sur un scénario précis, documenté, écrit en collaboration avec Jean-Baptiste Delafon , l’un des créateurs de la série Baron noir , Thomas Kruithof construit un récit romanesque et réaliste, âpre et haletant, sans manichéisme, avec des dialogues ciselés, de l’humour et de l’émotion. Sa mise en scène vive et distancée nous emmène dans les logements inondés, auprès des habitants désespérés, et dans les différentes strates décisionnelles : l’État, les partis, la mairie, les citoyens ; elle fait ressortir les rapports de force, de classes, les petits arrangements, les conflits d’intérêts. Face au délitement de la confiance envers la classe politique, le film rend sensible les coulisses et la pratique du pouvoir à l’échelon local. Grâce à la force des relations humaines, sur le terrain, l’engagement pour le collectif prime sur les ambitions personnelles et revalorise le sens de l’action publique.
Sur un scénario précis, documenté, écrit en collaboration avec Jean-Baptiste Delafon , l’un des créateurs de la série Baron noir , Thomas Kruithof construit un récit romanesque et réaliste, âpre et haletant, sans manichéisme, avec des dialogues ciselés, de l’humour et de l’émotion. Sa mise en scène vive et distancée nous emmène dans les logements inondés, auprès des habitants désespérés, et dans les différentes strates décisionnelles : l’État, les partis, la mairie, les citoyens ; elle fait ressortir les rapports de force, de classes, les petits arrangements, les conflits d’intérêts. Face au délitement de la confiance envers la classe politique, le film rend sensible les coulisses et la pratique du pouvoir à l’échelon local. Grâce à la force des relations humaines, sur le terrain, l’engagement pour le collectif prime sur les ambitions personnelles et revalorise le sens de l’action publique.
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'''Déclarations de maires''':
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Dans une scène-clé, Isabelle Huppert hésite sur la veste et les chaussures qu’elle va porter avant de présenter son dossier devant un jury de technocrates travaillant pour le Grand Paris. Philippe Rio, maire de Grigny déclare :« ''  Une sorte de grand oral à l’issue duquel on lui allouera ou non les fonds nécessaires à la réfection des copropriétés dégradées de sa ville. Elle a, en somme, le destin de centaines d’habitants vivant dans des conditions déplorables entre ses mains.  C’est une réalité,  nous ne sommes pas de ce monde-là, et il faut se faire violence pour aller au charbon. Quand on y va, on pense à nos concitoyens dans la détresse ''»
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Thierry Repentin, président de l’Agence nationale pour l’habitat et maire de Chambéry (Savoie), a ressenti la même chose en découvrant le film : «'' Je me suis vraiment reconnu dans le rôle d’Isabelle Huppert : l’angoisse et la crainte du maire qui va plaider devant ce jury. Vous devez avoir les bons arguments, tout en angoissant de ne pas faire passer le message face à un monde complètement déshumanisé. Je l’ai vécu l’an dernier auprès de l’Agence nationale de rénovation urbaine. Je suis monté à Paris en répétant des phrases dans ma tête… Il est si frustrant et inadmissible de perdre les suffrages parce que vous n’avez pas dit ce qu’il fallait ! Le film montre bien comment le maire ne peut pas tout, mais que tout lui revient.'' »
===Distribution===
===Distribution===

Version actuelle en date du 29 janvier 2022 à 10:15

Les Promesses , film français de Thomas Kruithof, sorti en 2021

Analyse critique

Avant de terminer son second mandat, Clémence veut lancer un projet cher à son cœur, la rénovation d’une cité insalubre tombée aux mains d’un marchand de sommeil. Elle arrache un accord verbal au « monsieur Grand Paris » du gouvernement : si les copropriétaires excédés des immeubles concernés payent enfin leurs charges, dont le montant cumulé atteint 100 000 euros, l’État investira les millions nécessaires. Épaulée par Yazid , son brillant et fidèle chef de cabinet, l’enfant du quartier qui a réussi, elle demande 63 millions d’euros de subvention pour rénover la cité. Sa détermination à combattre vacille lorsqu’on lui fait miroiter un poste de ministre. Reste à convaincre les habitants du sérieux de cette énième promesse.

La séduction évidente du film réside dans ce tandem, la maire et son lieutenant, uni par une admiration réciproque et une amitié qu’on aimerait à toute épreuve. Habile, Kruithof rebat sans cesse les cartes, dévoilant au fur et à mesure les contradictions de ses personnages. Clémence, prête à passer la main sans regret au début, voit soudain miroiter un poste de ministre qui la déboussole. Yazid, en qui son parti trouvera peut-être un jour un Obama français, peut aussi humilier un adolescent et prôner un cynisme pragmatique : « Une promesse non tenue n’est pas un mensonge ». Le long métrage, lui, résiste à la facilité du « tous pourris » de même qu’à la tentation d’une ironie chabrolienne, déjà incarnée par sa star, pour observer la friction entre l’intérêt général et les arrangements particuliers. Porté par un duo d’acteur remarquable (Isabelle Huppert, Reda Kateb), le deuxième long-métrage de Thomas Kruithof plonge au cœur de l’action politique d’une municipalité de Seine-Saint-Denis, mesurant ce qu’il faut de courage pour convaincre et agir, pour rester éthique et tenter de changer le système.

Sur un scénario précis, documenté, écrit en collaboration avec Jean-Baptiste Delafon , l’un des créateurs de la série Baron noir , Thomas Kruithof construit un récit romanesque et réaliste, âpre et haletant, sans manichéisme, avec des dialogues ciselés, de l’humour et de l’émotion. Sa mise en scène vive et distancée nous emmène dans les logements inondés, auprès des habitants désespérés, et dans les différentes strates décisionnelles : l’État, les partis, la mairie, les citoyens ; elle fait ressortir les rapports de force, de classes, les petits arrangements, les conflits d’intérêts. Face au délitement de la confiance envers la classe politique, le film rend sensible les coulisses et la pratique du pouvoir à l’échelon local. Grâce à la force des relations humaines, sur le terrain, l’engagement pour le collectif prime sur les ambitions personnelles et revalorise le sens de l’action publique.

Déclarations de maires:

Dans une scène-clé, Isabelle Huppert hésite sur la veste et les chaussures qu’elle va porter avant de présenter son dossier devant un jury de technocrates travaillant pour le Grand Paris. Philippe Rio, maire de Grigny déclare :«  Une sorte de grand oral à l’issue duquel on lui allouera ou non les fonds nécessaires à la réfection des copropriétés dégradées de sa ville. Elle a, en somme, le destin de centaines d’habitants vivant dans des conditions déplorables entre ses mains. C’est une réalité, nous ne sommes pas de ce monde-là, et il faut se faire violence pour aller au charbon. Quand on y va, on pense à nos concitoyens dans la détresse »

Thierry Repentin, président de l’Agence nationale pour l’habitat et maire de Chambéry (Savoie), a ressenti la même chose en découvrant le film : « Je me suis vraiment reconnu dans le rôle d’Isabelle Huppert : l’angoisse et la crainte du maire qui va plaider devant ce jury. Vous devez avoir les bons arguments, tout en angoissant de ne pas faire passer le message face à un monde complètement déshumanisé. Je l’ai vécu l’an dernier auprès de l’Agence nationale de rénovation urbaine. Je suis monté à Paris en répétant des phrases dans ma tête… Il est si frustrant et inadmissible de perdre les suffrages parce que vous n’avez pas dit ce qu’il fallait ! Le film montre bien comment le maire ne peut pas tout, mais que tout lui revient. »

Distribution

  • Isabelle Huppert : Clémence Collombet
  • Reda Kateb : Yazid Jabbi
  • Naidra Ayadi : Naidra
  • Jean-Paul Bordes : Michel Kupka
  • Soufiane Guerrab : Esposito
  • Laurent Poitrenaux : Jérôme Narvaux
  • Hervé Pierre : Pierre Messac
  • Walid Afkir : Kamel
  • Anne Loiret : Catherine Messac

Fiche technique

  • Réalisation : Thomas Kruithof
  • Scénario : Thomas Kruithof et Jean-Baptiste Delafon
  • Musique : Grégoire Auger
  • Montage : Jean-Baptiste Beaudoin
  • Photographie : Alex Lamarque
  • Sociétés de production : 24 25 Films ; coproduit par Wild Bunch, France 2 Cinéma et Les Films du camélia
  • Durée : 98 minutes
  • Dates de sortie : 1er septembre 2021 (Mostra de Venise 2021 - Orizzonti)
    • France : 26 janvier 2022
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