Les Rendez-vous de Paris

De Cinéann.

Les Rendez-vous de Paris , film français réalisé par Éric Rohmer et sorti en 1995.
Le film est composé de trois sketches, dans différents quartier de Paris, trois histoires de séduction amoureuse, trois variations sur le mensonge, les apparences et les paradoxes de la vérité. Des images impressionnistes de Paris et une mise en scène du doute perpétuel.

Analyse critique

Tout comme dans Quatre aventures de Reinette et Mirabelle utilise la forme de courts métrages enchaînés, et profite de cette forme, pour s'exprimer avec encore plus de liberté et de fraicheur. Mais là, ce ne sont plus les personnages qui font la continuité, mais la ville de Paris.

Le Rendez-vous de sept heures

Esther est très éprise d’Horace. Informée par un ami, plus ou moins bien intentionné, que celui-ci rencontre d’autres jeunes filles lors de rendez-vous dans un café de Beaubourg "Dame Tartine", Ébranlée, elle se confie à Hermione, sa meilleure amie, qui lui conseille de rendre Horace jaloux en se montrant elle aussi avec d’autres garçons. Esther se laisse aborder par un dragueur à qui elle donne rendez-vous le soir même à sept heures chez Dame Tartine. À peine se sont-ils quittés qu’elle constate la disparition de son portefeuille et en conclut que son dragueur est aussi un voleur. Aricie trouve le portefeuille, qu’elle rapporte aussitôt à Esther. Toutes deux sympathisent et Esther décide d’accompagner Aricie, qui doit retrouver un nouvel amoureux chez «Dame Tartine». Le garçon en question est Horace, qu’Esther fait d’abord mine de ne pas connaître, puis rabroue lorsqu’il la suit dans la rue, l'assurant que c'est Aricie qui le harcèle. Restée seule, Aricie règle les consommations, puis s’en va. À sa table, vient s’asseoir le dragueur, ponctuel au rendez-vous, et qui n'était donc pas le voleur. Jouant comme souvent sur le bleu et le rouge, Rohmermet en place des chassés-croisés d'un raffinement très littéraire. Il marie légèreté et limpidité dans un petit conte moral.

A l'aide d'étonnants plans-séquences en travellings arrière, caméra à l'épaule, Rohmer regarde le décor autant que les pulsations amoureuses. Toute la magie de Paris éclate, sans la nostalgie superflue et en prenant en compte avec amour la modernité de la ville, un chantier en cours, en en aimant les métamorphoses et même les laideurs.

Les Bancs de Paris

Lui exerce en province comme prof de philo, mais habite en banlieue parisienne à Bobigny. Elle demeure chez son fiancé auprès duquel elle s'ennuie. Un jour, Elle et Lui se rencontrent, se plaisent et entament une histoire d’amour platonique. Mais Elle hésite toujours à quitter son fiancé. Désirant varier les lieux, elle entraîne son soupirant à la découverte des parcs et squares de la capitale. Mais à mesure que l’hiver approche, ces rencontres sont de plus en plus inconfortables. Benoît devant se rendre à Lyon, elle propose au professeur de passer un week-end «en touristes» dans un petit hôtel de Montmartre. Arrivée sur les lieux, elle aperçoit Benoît entrer dans l’hôtel avec une autre fille. Écœurée, elle décide de rompre à la fois avec son amant et avec son nouveau soupirant, au grand dam de celui-ci qui ne comprend pas qu'il n'existait qu'en complément de Benoît.

Mère et Enfant 1907

Un artiste-peintre du Marais reçoit souvent de belles et blondes Nordiques que lui adresse une amie suédoise. La dernière en date le dérange en plein travail; en outre, elle n’aime pas ses œuvres qu’elle trouve «tristes». Après l’avoir accompagnée jusqu’au Musée Picasso, il la quitte en lui donnant rendez-vous le soir même à La Coupole. Mais sur le trottoir, il croise une jolie brune, épouse d’un éditeur d’art, venue prendre des notes sur le tableau «Mère et enfant, 1907». Il la suit dans le musée, puis l’aborde dans la rue et elle accepte d’aller chez lui voir ses peintures, sans pour autant répondre à ses avances. Le soir, la Suédoise n’est pas au rendez-vous. Le peintre rentre chez lui et retouche ses tableaux en approfondissant la lumière qu'il voulait imprimer à son tableau. Finalement, la journée n’a pas été totalement perdue.

Dans un souci constant d'ancrage dans un lieu, Rohmer nous montre les rues vieillies du Marais, en insistant bien sur la beauté de ces murs décrépits, en nous racontant ce qu'est la "couleur de Paris". Et il prend tout son temps pour le faire, puisque chez le cinéaste, le cheminement est toujours plus beau que le but, la question est toujours plus belle que la réponse. Là aussi, le dialogue étincelle, d'autant qu'il est porté par un couple craquant au jeu assez étonnant chez Rohmer. Mais c'est surtout une mise en scène unique qui saute aux yeux, un perfectionnisme dans les cadres, cette façon inouie de regarder les êtres et les lieux. On comprend mieux alors cet attrait pour Picasso, qui "souffrait de ne pouvoir montrer à la fois la face et le profil de ses femmes" . Rohmer montre l'intérieur et l'extérieur, les sentiments et l'endroit où ils prennent place.

Dans cet épisode le rouge et le bleu habituel de Rohmer explosent. Le bleu du fond des tableaux du peintre, le rouge de l'auvent de La Coupole et surtout ces deux couleurs en un contraste magnifique au cœur du tableau de Picasso «Mère et enfant, 1907»

Distribution

Le Rendez-vous de sept heures

  • Clara Bellar : Esther
  • Antoine Basler : Horace
  • Mathias Mégard : le flirt
  • Judith Chancel : Aricie
  • Malcolm Conrath : Félix
  • Cécile Parès : Hermione
  • Olivier Poujol : le garçon de café

Les Bancs de Paris

  • Aurore Rauscher : Elle
  • Serge Renko : Lui

Mère et enfant 1907

  • Michael Kraft : le peintre
  • Bénédicte Loyen : la jeune femme
  • Veronika Johansson : la Suédoise

Fiche technique

  • Titre : Les Rendez-vous de Paris
  • Réalisation : Éric Rohmer
  • Scénario et dialoques: Éric Rohmer
  • Musique : Sébastien Erms
  • Photographie : Diane Baratier
  • Montage : Mary Stephen
  • Productrice : Françoise Etchegaray
  • Société de production : La Compagnie Éric Rohmer
  • Société de distribution : Les Films du Losange
  • Format : 16 mm - son monophonique
  • Durée : 100 minutes
  • Date de sortie : 22 mars 1995
  • Prix du cinéma européen 1995 : Françoise Etchegaray, productrice, nommée pour le prix du Film européen de l'année.
  • Film annonce vidéo sur Youtube


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