Les Trois Vies de Rita Vogt

De Cinéann.

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Les Trois Vies de Rita Vogt (Die Stille nach dem Schuß) film allemand de Volker Schlöndorff, sorti en 2000

Analyse critique

Rita Vogt est une jeune idéaliste, membre d’un groupe armé international. Elle dirige, avec son compagnon Andreas Klein, l'un des nombreux groupes qui harcèlent la RFA des années 1970. Quand son amant est arrêté et emprisonné, la jeune femme, vole à son secours et parvient à le faire évader, au terme d'une opération sanglante. Traqué par la police, le couple se réfugie à Paris. Peu après, lors d'un contrôle de routine, Rita abat un policier.

Une nouvelle cavale les conduit en RDA, où la police secrète lui offre une couverture. Elle change toujours de vie pour ne pas être rattrapée par son passé et par la justice de l'Allemagne de l'Ouest. Le film bascule vers le néoréalisme et Schlöndorff se régale et nous régale d’une reconstitution minutieuse de l’atmosphère, des façons de parler, de manger, de s’habiller ou de s’amuser qui étaient la marque de ce qui s’appelait à l’époque, par un de ces revirements sémantiques , une «démocratie populaire».

Rita Vogt devient Susanne Schmidt, ouvrière en usine, et, plus tard, Sabine Welter, changeant de nom. Susanne devient l'amie puis l'amante d'une collègue, Tatjana, mais cette homosexualité est mal vue et certaines de ses collègues la soupçonne d'être un agent de la Stasi. Elle a ensuite une aventure avec Jochen, un camarade.

Le film ne se contente pas d’être une chronique douce amère d’un mode de vie disparu et de la faillite d’une utopie. Il met minutieusement à nu les rouages et la logique d’un état totalitaire, implacable dans son absurdité même. Mais au moment où l’Allemagne de l’Est implose, Rita sait qu’elle fera les frais de la coopération policière entre les ennemis de naguère. La troisième vie de Rita Vogt sera de courte durée.

Rita Vogt pourrait n'être qu'une femme de synthèse historique. Mais Schlöndorff s'est attaché à elle, comme beaucoup de ceux qui la rencontrent. Pour ceux qui l'accompagnent, Rita Vogt reste fuyante, toujours condamnée à s'échapper. Mais comment aimer celle qui a fait le choix du terrorisme et du meurtre? Schlöndorff avance une réponse nuancée. Rita s'est engagée, s'est égarée, mais elle est de ces êtres en marge qui poursuivent un absolu dont la beauté est de rester insaisissable.

« Rita Vogt, idéaliste devenue terroriste dans l’Allemagne des années 1970, renvoie aux figures les plus emblématiques des Années de plomb, qui fascinèrent particulièrement Schlöndorff à l’époque. Pourtant, ce n’est pas le combat politique qui intéresse ici le réalisateur. C’est l’impossibilité d’une renaissance qu’examine le film. Moins politique qu’humaniste, le film de Schlöndorff laisse d’ailleurs à son héroïne la plus belle part. La puissance de l’actrice propulse le film au-delà de son propos, du côté du questionnement du spectateur envers sa propre faculté de compassion et de tolérance. » Le Monde, 22 novembre 2000

Distribution

  • Bibiana Beglau : Rita Vogt
  • Martin Wuttke : Erwin Hull
  • Nadja Uhl : Tatjana
  • Harald Schrott : Andreas 'Andi' Klein
  • Alexander Beyer : Jochen Pettka
  • Jenny Schilly : Friederike Adebach

Fiche technique

  • Titre original : Die Stille nach dem Schuß
  • Réalisation : Volker Schlöndorff
  • Scénario : Wolfgang Kohlhaase et Volker Schlöndorff
  • Production : Babelsberg Film GmbH, Mitteldeutscher Rundfunk , Mitteldeutsches Filmkontor
  • Photographie : Andreas Höfer
  • Durée: 103 min
  • Dates de sortie : 16 février 2000 (Berlinale)
    • France : 22 novembre 2000
  • Distnctions : Berlinale 2000, Blaue Engel pour Volker Schlöndorff ; Ours d'argent de la meilleure actrice pour Bibiana Beglau et Nadja Uhl
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