Lili Marleen
De Cinéann.
Lili Marleen chanson d'amour allemande dont les paroles sont inspirées du poème écrit en avril 1915 par le romancier Hans Leip, alors mobilisé.
Voir aussi Lili Marleen (film) de Rainer Werner Fassbinder sorti en 1981
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Le poème
Le romancier et jeune soldat allemand de la Garde impériale Hans Leip a écrit Lied eines jungen Wachtpostens (en français « Chanson d'une jeune sentinelle ») à Berlin dans la nuit du 3 au 4 avril 1915 pendant la Première Guerre mondiale, avant son départ pour le front russe.
Leip était amoureux de deux jeunes filles : Lili, nièce de sa logeuse, et Marleen, infirmière, qu'il a unies en une seule. Consigné à la caserne pour de nombreuses indisciplines, il déprime alors qu'il fait les cent pas en tant que sentinelle. Il écrit alors sur son lit de camp les trois premières strophes sur cet amour fugitif (il dessine en même temps une portée musicale sur son manuscrit) avant d'être envoyé sur le Front de l'Est. Il publie en 1937 un recueil, Le petit accordéon du port, avec les 5 strophes.
La chanson
Quand, en 1937, la chanteuse réaliste allemande Lale Andersen découvre le poème de Hans Leip qu'il vient de publier dans un recueil de poésie (l'ayant complété des deux strophes qui évoquent la mort du jeune soldat), elle demande à son ancien amant le compositeur Rudolf Zink de le mettre en musique, une première version romantique, et interprète la chanson la même année dans des petits cabarets de Berlin et de Münich. En 1938, elle demande également au compositeur Norbert Schultze, (avec lequel elle avait eu une aventure sans lendemain en 1932), de mettre lui aussi ce poème en musique, ce qu'il fait en lui fredonnant une mélodie qu'il avait créée deux ans plus tôt pour une publicité radiophonique, une mélodie plus martiale. Lale chante alternativement les deux versions dans les cabarets, elle préférait la première version plus douce mais testait les deux pour voir laquelle aurait plus les faveurs du public, mais c'est la deuxième, martiale, qui est enregistrée le 2 août 1939 pour le label allemand Electrola et qui s'imposera pendant la Seconde Guerre mondiale.
Cette chanson nostalgique, jugée par la critique « terne et sans rythme », est un échec commercial avant la guerre (seulement 700 exemplaires du disque vendus).
En 1941, l'Allemagne est en pleine guerre sur plusieurs fronts et, changeant brusquement de statut, cette chanson d'amour va devenir une chanson de temps de guerre. Son succès commence le 18 août 1941 après que les bombardiers anglais ont détruit l'entrepôt de disques du lieutenant Heinz-Karl Reitgen, directeur de la radio militaire allemande de Belgrade. Celui-ci programme, faute de mieux, le disque alors au rebut. Radio Belgrade était entendue jusqu'aux fronts d'Afrique du Nord et de Norvège. Les soldats de la Wehrmacht, éloignés de leur foyers et de leurs amies, envoient des dédicaces lues lors d'une émission populaire. La chanson en est l'indicatif qui clôt la fin du programme tous les soirs avant 22 heures. À son tour, elle devient très populaire.
Grâce à la radio militaire allemande de Belgrade, cette chanson, ou du moins sa musique, franchit la Méditerranée. Elle est entendue et adoptée par les soldats alliés combattant en Tripolitaine. Ainsi, en 1942, l'émission dédiée aux dédicaces aurait entraîné quotidiennement un cessez-le-feu momentané, à Tobrouk, lorsque la chanson est diffusée dans les haut-parleurs, chaque soir à 22 heures, après les combats. Pour les belligérants et les civils des deux camps, elle devient l'hymne de la Seconde Guerre mondiale, adopté et chanté en allemand par beaucoup de soldats jusqu'au printemps 1944.
En quelques mois, la chanson est traduite en 43 langues. En 1942, on vend 160 000 exemplaires du disque et, en l'espace de six mois, la chanson est adaptée dans 48 langues. Les paroles françaises, dues à Henri Lemarchand, sont écrites à la fin de 1941 à la demande de Suzy Solidor, qui crée la version française dans son cabaret « La Vie parisienne » en janvier 1942. L'armée britannique se voit contrainte de faire produire une version anglaise en mai 1943 (après que Goebbels a fait enregistrer par Lale Andersen la chanson adaptée en anglais afin de démoraliser les Alliés), dont les interprétations par Anne Shelton et Vera Lynn en 1943 ont connu un succès fulgurant.
À la suite de l'immense succès de la version américaine interprétée en swing par les Andrew Sisters et le big band de Glenn Miller, les Américains profitent de la Libération pour récupérer les droits de la chanson. L'actrice et chanteuse antinazie Marlene Dietrich finit ainsi, vers la fin de la guerre en 1944, par donner une version américaine, plus langoureuse, mais aussi plus énergique, puisque cette fois, dans la dernière strophe, le souvenir de la femme aimée redonne courage au soldat. Dietrich l'interprète dans plus de 60 concerts donnés au cours de la campagne d'Europe qui la voit accompagner la 3e armée américaine du général Patton. Cette chanson devient dès lors attachée à sa personnalité, Marlene Dietrich se l'appropriant en modifiant les paroles, lui donne son nom, Lily Marlène, (et cette orthographe) en fait la chanson de la libération.
Version de Marlène Dietrich en allemand
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Version de Marlene Dietrich en anglais
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