Lovely Rita

De Cinéann.

Lovely Rita , film autrichien de Jessica Hausner, sorti en 2001

Analyse critique

Rita est indisciplinée et différente : ses professeurs la trouvent difficile et ses parents l’enferment pour qu’elle apprenne à obéir. Son éveil maladroit à la sexualité la partage entre un écolier trop jeune et un chauffeur de bus un peu ringard. Ses efforts pour briser sa solitude l’isolent encore plus.

L’atmosphère familiale pesante, le poids des conventions et l’idée que les apparences contiennent difficilement la violence qui sourd sous-tendent le film. Hausner parvient à exprimer le malaise des protagonistes en quelques scènes muettes, où la caméra zoome brutalement pour saisir une part de vérité sur le visage des personnages.

La réalisation ne dramatise rien, exclut tout recours à des situations de crise. Rita n’est jamais à sa place, mais elle supporte l'école, la famille, jusque sur scène où elle joue, si peu présente et si peu appréciée de ses camarades.

Les rencontres furtives avec un chauffeur de bus accrochent un peu de gaieté au coin des lèvres et des yeux, qu’un mascara vient souligner. Les moments passés en compagnie d’un jeune ami que Rita prend sous son aile, jusqu’à vouloir l’emmener loin de tout, et l’étouffer, constituent une échappatoire pleine de dangers.

Par ailleurs, il y a un focus inhabituel sur la religion catholique, en opposition avec le protestantisme de l'auteur, qui constitue le deuxième pôle répressif, avec le père sévère d'un autre côté, qui pousse Rita à se rebeller et à transgresser. Cette prégnance de la religion s'exprime par des scènes comme la prière collective dans l'église des condisciples de Rita, qui constitue un remarquable condensé d'hypocrisie.

Lovely Rita est un film âpre, dont l’impitoyable dénouement n’est que la chronique d’un désastre annoncé. Et pourtant, même quand le malheur est advenu, l' adolescente n’est pas sûre que la réalité reconfigurée par ses gestes ultimes soit la bonne.

« Rita n’a rien d’adorable : elle peut être jolie quand elle danse en boîte, moche quand elle s’ennuie en classe. Mais elle nous regarde en face, et ce regard, parfois de veau, parfois de fée, est à lui seul une claque. On y voit les malaises conjugués d’un âge ingrat et d’une certaine Autriche : bourgeoise, catho, coincée, étouffante, hygiéniste. Rita est notre guide, presque muet, dans cet univers où toutes les portes ferment à clé. C’est un corps chaviré dans un dédale de convenances. Jessica Hausner a été l’assistante de Michael Haneke, et il y a chez elle cette même envie de faire imploser la cellule familiale. Sa manière est différente de celle de Haneke, plus douce, insidieuse. »
François Gorin, Télérama

Distribution

  • Barbara Osika : Rita
  • Christoph Bauer : Fexi
  • Peter Fiala : Chauffeur de bus
  • Wolfgang Kostal : Père de Rita
  • Karina Brandlmayer : Mère de Rita

Fiche technique

  • Réalisation : Jessica Hausner
  • Scénario Jessica Hausner
  • Image Martin Gschlacht
  • Montage Karin Martusch
  • Production Coop99 Filmproduktion, Prisma Film, Essential Filmproduktion
  • Durée : 80 minutes
  • Dates de sortie : 19 mai 2001 (Festival de Cannes)
    • France :3 novembre 2003
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