Marguerite Duras

De Cinéann.

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'''Marguerite Duras''', pseudonyme de l'écrivaine et dramaturge française, née Marguerite, Germaine, Marie, Donnadieu, le 4 avril [[1914]] à Gia Dinh, près de {{{WikiNezumis|Saigon}}} en Indochine. Morte le 3 mars [[1996]] à Paris. Son œuvre se distingue par la diversité de ses activités. Elle renouvela le genre romanesque et bouscula les conventions théâtrales et cinématographiques comme dialoguiste, scénariste et réalisatrice.  
'''Marguerite Duras''', pseudonyme de l'écrivaine et dramaturge française, née Marguerite, Germaine, Marie, Donnadieu, le 4 avril [[1914]] à Gia Dinh, près de {{{WikiNezumis|Saigon}}} en Indochine. Morte le 3 mars [[1996]] à Paris. Son œuvre se distingue par la diversité de ses activités. Elle renouvela le genre romanesque et bouscula les conventions théâtrales et cinématographiques comme dialoguiste, scénariste et réalisatrice.  
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== Biographie ==
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=== Biographie ===
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Ses parents se sont portés volontaires pour travailler dans les colonies de Cochinchine. Son père, Henri Donnadieu, est directeur de l’école de Gia Dinh, près de Saïgon. Sa mère, Marie, y est institutrice. Ils ont trois enfants : Pierre, Paul et Marguerite. Gravement malade, son père part se faire hospitaliser en métropole. Il meurt à 49 ans le 4 décembre 1921. Bénéficiant d’un congé administratif, la veuve Donnadieu retourne en France avec ses trois enfants. Ils habitent pendant deux ans dans la maison familiale du Platier, près du village de Duras, en Lot-et-Garonne. En juin 1924, Marie Donnadieu repart avec ses enfants pour rejoindre sa nouvelle affectation à Phnom-Penh, au Cambodge. Elle ne veut pas y rester et est envoyée à Vinh Long puis à Sadec et à Saïgon. En 1928, elle rompt avec cette vie de nomade en achetant une des terres que l’administration coloniale incite à posséder. Trompée dans son acquisition, elle en sort ruinée et reprend l’enseignement. Cette expérience marquera profondément Marguerite et va lui inspirer nombre d'images fortes de son œuvre (Un barrage contre le Pacifique, L'Amant, L'amant de la Chine du Nord).
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En 1930, Marie Donnadieu trouve une pension et un lycée à Saïgon, pour que sa fille puisse suivre des études secondaires au lycée Chasseloup Laubat de Saigon, avant Norodom Sihanouk en 1940. Son baccalauréat de philosophie acquis, Marguerite quitte l’Indochine en 1933, pour poursuivre ses études en France.
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Marguerite Donnadieu naît en 1914 en Cochinchine, à Gia-Dinh, près de Saigon. Son père, Henri, professeur de mathématiques originaire du Lot-et-Garonne, et sa mère, Marie, institutrice originaire du Nord, ont quitté la France pour les colonies au début du siècle.  
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Marguerite a deux frères aînés, Pierre et Paul. Jusqu’au départ du père en France en 1918 pour des raisons de santé, la famille Donnadieu a su progresser dans la hiérarchie, le père ayant été nommé directeur de l’enseignement en Cochinchine. Mais sa mort en France en décembre 1921 change la situation. Marie revient en métropole avec ses trois enfants, elle cherche à récupérer la maison familiale de son mari, échoue, puis repart en Indochine en 1924 comme le lui impose son statut de fonctionnaire coloniale.
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La famille revient donc à Phnom Penh, puis, grâce à l’insistance de la mère auprès des autorités coloniales, à Vinh Long, poste de brousse de la Cochinchine. De ces deux années passées en France, Marguerite gardera peu de souvenirs. Ce sont les années qui suivent qui sont déterminantes pour son œuvre, passées d’abord dans la ville de Vinh Long puis dans celle de Sadec ; elle y fait la découverte de la campagne indochinoise.
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En 1928, la mère achète une concession au bord du Pacifique, dans laquelle elle met tout son argent. Elle s’y installe avec Paulo et Marguerite, qui vivent alors dans la nature en contact permanent avec la population indigène, parlant le vietnamien. C’est dans ce cadre-là que Marguerite placera l’histoire d’[[Un barrage contre le Pacifique]].
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Les terres sont incultivables. Ruinée, la mère décide de quitter la concession. Depuis 1929, Marguerite va au lycée français de Saigon et loge dans la pension de Mlle C. À Saigon, elle rencontre Léo, celui qui deviendra dans la fiction l’amant chinois, elle rencontre aussi Anne-Marie Stretter, jeune élève comme elle du lycée français et que la fiction transformera en un personnage récurrent du cycle de l’Inde .
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À l’été 1931, les Donnadieu reviennent en France d’abord au Platier dans la famille du père, puis à Paris. Ce furent quelques mois difficiles, marqués par le manque d’argent, par la violence de l’aîné qui venait voler la mère.
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Durant cette période, la jeune Marguerite commence à écrire pour elle, des nouvelles, des poèmes. En 1932, la famille retourne en Indochine, Marguerite retrouve le lycée pour passer son second baccalauréat. Ses résultats scolaires sont excellents. En septembre 1933, elle quitte définitivement l’Indochine, la mère et le « petit frère »,
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pour Paris où elle vient faire ses études. Toute cette période constituera l’un des terreaux de l’oeuvre de Duras : la mère, les frères, la violence, la nature, l’Indochine, le monde des colonies… autant de motifs qui parcourent ses livres.
À Paris, elle s’inscrit à la faculté où elle rencontre Robert Antelme. Après avoir obtenu son diplôme de sciences politiques elle trouve un emploi de secrétaire au ministère des Colonies début juin 1938. Antelme est mobilisé dans l’armée à la fin de l’été. La guerre déclarée, Marguerite et Robert se marient le 23 septembre 1939. Au printemps 1940 son emploi lui donne l’opportunité de co-signer un livre avec Philippe Roque : L’Empire français, une commande de propagande du ministre Georges Mandel. Elle démissionne du ministère en novembre 1940. Dans la capitale occupée, Robert est engagé à la préfecture de police de Paris. Le couple s'installe rue Saint Benoît, dans le quartier de Saint-Germain-des-Prés. Marguerite est enceinte. Elle accouche d'un garçon mort-né. En 1942, elle trouve un emploi au Comité d’organisation du livre  où elle fait la connaissance de Dionys Mascolo, qui devient son amant. Au mois de décembre, elle apprend la mort de son frère Paul, en Indochine.
À Paris, elle s’inscrit à la faculté où elle rencontre Robert Antelme. Après avoir obtenu son diplôme de sciences politiques elle trouve un emploi de secrétaire au ministère des Colonies début juin 1938. Antelme est mobilisé dans l’armée à la fin de l’été. La guerre déclarée, Marguerite et Robert se marient le 23 septembre 1939. Au printemps 1940 son emploi lui donne l’opportunité de co-signer un livre avec Philippe Roque : L’Empire français, une commande de propagande du ministre Georges Mandel. Elle démissionne du ministère en novembre 1940. Dans la capitale occupée, Robert est engagé à la préfecture de police de Paris. Le couple s'installe rue Saint Benoît, dans le quartier de Saint-Germain-des-Prés. Marguerite est enceinte. Elle accouche d'un garçon mort-né. En 1942, elle trouve un emploi au Comité d’organisation du livre  où elle fait la connaissance de Dionys Mascolo, qui devient son amant. Au mois de décembre, elle apprend la mort de son frère Paul, en Indochine.
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En 1943, l’appartement du couple devient vite un lieu de rencontres d’intellectuels où l’on discute littérature et politique. Marguerite se met à écrire et publie son premier roman Les Impudents. Elle le signe sous le nom de Duras, le village où se trouve la maison paternelle. Rejoint la résistance avec Robert et Dionys, dans le réseau dirigé par François Mitterrand (alias Morland). Le 1er juin 1944, leur groupe tombe dans un guet-apens. Robert est arrêté par la Gestapo. Secourue par Mitterrand, Marguerite Duras réussit à s'échapper. Au lendemain du débarquement des alliés, elle apprend que son mari a été emmené à Compiègne d’où partent les trains pour les camps de concentration. En août, Paris se libère. À l’automne elle s’inscrit au Parti communiste français. Son nouveau roman, La Vie tranquille, est publié en décembre.
En 1943, l’appartement du couple devient vite un lieu de rencontres d’intellectuels où l’on discute littérature et politique. Marguerite se met à écrire et publie son premier roman Les Impudents. Elle le signe sous le nom de Duras, le village où se trouve la maison paternelle. Rejoint la résistance avec Robert et Dionys, dans le réseau dirigé par François Mitterrand (alias Morland). Le 1er juin 1944, leur groupe tombe dans un guet-apens. Robert est arrêté par la Gestapo. Secourue par Mitterrand, Marguerite Duras réussit à s'échapper. Au lendemain du débarquement des alliés, elle apprend que son mari a été emmené à Compiègne d’où partent les trains pour les camps de concentration. En août, Paris se libère. À l’automne elle s’inscrit au Parti communiste français. Son nouveau roman, La Vie tranquille, est publié en décembre.
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Marguerite attend le retour de son époux. À la Libération, en 1945, aidé par Mitterrand, Dionys vient le chercher au camp de Dachau. Antelme est moribond. Avec le secours d'un médecin, Marguerite Duras le soigne .
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Marguerite attend le retour de son époux. À la Libération, en 1945, aidé par Mitterrand, Dionys vient le chercher au camp de Dachau. Antelme est moribond. Avec le secours d'un médecin, Marguerite Duras le soigne.<br />Cet épisode fait l'objet du film :'' [[La Douleur]]'', d' Emmanuel Finkiel
Marguerite divorce le 24 avril 1947 pour vivre avec Dionys. Un fils, nommé Jean, naît le 30 juin de la même année. En 1950, la perte du Vietnam comme colonie française contraint sa mère à revenir en France. En mai, Marguerite Duras est exclue du PCF. C’est alors qu’elle est révélée par un roman d'inspiration autobiographique, Un barrage contre le Pacifique, qui paraît en juin. Sélectionné pour le Prix Goncourt, il le manque de peu. Nourries de son enfance, ses œuvres ultérieures ne cesseront de donner forme à son univers asiatique, où des personnages se débattront pour échapper à leur solitude. Elle paraîtra ainsi réécrire sans cesse les mêmes histoires où plusieurs figures obsédantes vont se rencontrer (Anne-Marie Stretter, le vice-consul, la mendiante, l’amant chinois…).
Marguerite divorce le 24 avril 1947 pour vivre avec Dionys. Un fils, nommé Jean, naît le 30 juin de la même année. En 1950, la perte du Vietnam comme colonie française contraint sa mère à revenir en France. En mai, Marguerite Duras est exclue du PCF. C’est alors qu’elle est révélée par un roman d'inspiration autobiographique, Un barrage contre le Pacifique, qui paraît en juin. Sélectionné pour le Prix Goncourt, il le manque de peu. Nourries de son enfance, ses œuvres ultérieures ne cesseront de donner forme à son univers asiatique, où des personnages se débattront pour échapper à leur solitude. Elle paraîtra ainsi réécrire sans cesse les mêmes histoires où plusieurs figures obsédantes vont se rencontrer (Anne-Marie Stretter, le vice-consul, la mendiante, l’amant chinois…).
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Elle se sépare de Dionys Mascolo en 1956. Elle rencontre Gérard Jarlot[8], journaliste à France-Dimanche, en 1957, année où meurt sa mère. Jarlot travaille avec elle pour diverses adaptations cinématographiques et théâtrales. Pour la première fois un de ses romans est adapté au cinéma. Il s’agit de Barrage contre le Pacifique que réalise René Clément. En 1958, elle travaille pour des cinéastes en écrivant le scénario de Hiroshima mon amour avec Alain Resnais puis celui d'Une aussi longue absence pour Henri Colpi. En automne 1960, elle milite activement contre la guerre d'Algérie. En 1961, sa relation avec Gérard Jarlot prend fin. En 1963, elle achète un appartement dans l’ancien hôtel « les Roches noires » à Trouville. Premier succès au théâtre avec Des journées entières dans les arbres, joué par Madeleine Renaud en 1965. La multiplication de ses talents la fait maintenant reconnaître dans trois domaines : littéraire, cinématographique et théâtral. Elle met en scène des personnages puisés dans la lecture des faits divers. Elle innove sur le déplacement des acteurs, sur la musicalité des mots et des silences. Fatiguée par l’alcool, elle fait une cure et s’arrête de boire. Pendant « les évènements » de mai 1968, elle se trouve en première ligne au côté des étudiants contestataires, proteste contre les injustices, profère des phrases définitives sur le prolétariat.
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Elle se sépare de Dionys Mascolo en 1956. Elle rencontre Gérard Jarlot, journaliste à France-Dimanche, en 1957, année où meurt sa mère. Jarlot travaille avec elle pour diverses adaptations cinématographiques et théâtrales. Pour la première fois un de ses romans est adapté au cinéma. Il s’agit de Barrage contre le Pacifique que réalise René Clément. En 1958, elle travaille pour des cinéastes en écrivant le scénario de Hiroshima mon amour avec Alain Resnais puis celui d'Une aussi longue absence pour Henri Colpi. En automne 1960, elle milite activement contre la guerre d'Algérie. En 1961, sa relation avec Gérard Jarlot prend fin. En 1963, elle achète un appartement dans l’ancien hôtel « les Roches noires » à Trouville. Premier succès au théâtre avec Des journées entières dans les arbres, joué par Madeleine Renaud en 1965. La multiplication de ses talents la fait maintenant reconnaître dans trois domaines : littéraire, cinématographique et théâtral. Elle met en scène des personnages puisés dans la lecture des faits divers. Elle innove sur le déplacement des acteurs, sur la musicalité des mots et des silences. Fatiguée par l’alcool, elle fait une cure et s’arrête de boire. Pendant « les évènements » de mai 1968, elle se trouve en première ligne au côté des étudiants contestataires, proteste contre les injustices, profère des phrases définitives sur le prolétariat.
Marguerite Duras touche alors au cinéma parce qu’elle est insatisfaite des adaptations que l’on fait de ses romans. Son premier film, Détruire, dit-elle est tourné en 1969. Ce titre évocateur définit son cinéma : celui du jeu des images, des voix et de la musique. « Ce n'est pas la peine d'aller à Calcutta, à Melbourne ou à Vancouver, tout est dans les Yvelines, à Neauphle. Tout est partout. Tout est à Trouville. […] Dans Paris aussi j'ai envie de tourner, […] L'Asie à s'y méprendre, je sais où elle est à Paris… » (Les yeux verts). Le 5 avril 1971, elle signe le Manifeste – avec, entre autres, Simone de Beauvoir et Jeanne Moreau – réclamant l’abolition de la loi contre l'avortement.
Marguerite Duras touche alors au cinéma parce qu’elle est insatisfaite des adaptations que l’on fait de ses romans. Son premier film, Détruire, dit-elle est tourné en 1969. Ce titre évocateur définit son cinéma : celui du jeu des images, des voix et de la musique. « Ce n'est pas la peine d'aller à Calcutta, à Melbourne ou à Vancouver, tout est dans les Yvelines, à Neauphle. Tout est partout. Tout est à Trouville. […] Dans Paris aussi j'ai envie de tourner, […] L'Asie à s'y méprendre, je sais où elle est à Paris… » (Les yeux verts). Le 5 avril 1971, elle signe le Manifeste – avec, entre autres, Simone de Beauvoir et Jeanne Moreau – réclamant l’abolition de la loi contre l'avortement.
Elle tourne ensuite Nathalie Granger, dans sa maison de Neauphle-le-Château, India Song, dans le Palais Rothschild à Boulogne sur la musique de Carlos d’Alessio. Comme dans son travail pour le théâtre, elle réalise des œuvres expérimentales. Par le décalage entre l’image et le texte écrit, elle veut montrer que le cinéma n’est pas forcément narratif : La Femme du Gange est composé de plans fixes, Son nom de Venise dans Calcutta désert est filmé dans les ruines désertes du palais Rotschild en reprenant sa bande son d'India Song, Les Mains négatives, où elle lit son texte sur des vues de Paris désert la nuit. La limite extrême est atteinte dans L'Homme atlantique, avec sa voix sur une image complètement noire pendant trente minutes sur quarante. Après un voyage en Israël, en 1978, elle réalise Césarée, où elle évoque la ville antique sur des images du jardin des Tuileries.
Elle tourne ensuite Nathalie Granger, dans sa maison de Neauphle-le-Château, India Song, dans le Palais Rothschild à Boulogne sur la musique de Carlos d’Alessio. Comme dans son travail pour le théâtre, elle réalise des œuvres expérimentales. Par le décalage entre l’image et le texte écrit, elle veut montrer que le cinéma n’est pas forcément narratif : La Femme du Gange est composé de plans fixes, Son nom de Venise dans Calcutta désert est filmé dans les ruines désertes du palais Rotschild en reprenant sa bande son d'India Song, Les Mains négatives, où elle lit son texte sur des vues de Paris désert la nuit. La limite extrême est atteinte dans L'Homme atlantique, avec sa voix sur une image complètement noire pendant trente minutes sur quarante. Après un voyage en Israël, en 1978, elle réalise Césarée, où elle évoque la ville antique sur des images du jardin des Tuileries.
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Duras vit alors seule dans sa maison de Neauphle. Depuis 1975, elle a renoué avec l’alcool. En 1980, elle est transportée à l’hôpital de Saint-Germain-en-Laye et reste hospitalisée pendant cinq semaines. À son retour, elle écrit à Yann Lemée, un jeune admirateur rencontré cinq ans plus tôt à Caen — à l’issue d’une projection-débat d’India Song [10]. Après six mois d’abstinence, elle sombre une nouvelle fois dans l’alcool. Serge July, rédacteur en chef de Libération, lui propose d’y tenir une chronique hebdomadaire tout l’été. Un soir, Yann Lemée lui téléphone. Ils se retrouvent à Trouville. Elle l’héberge, en fait son compagnon et lui donne le nom de Yann Andréa.
Duras vit alors seule dans sa maison de Neauphle. Depuis 1975, elle a renoué avec l’alcool. En 1980, elle est transportée à l’hôpital de Saint-Germain-en-Laye et reste hospitalisée pendant cinq semaines. À son retour, elle écrit à Yann Lemée, un jeune admirateur rencontré cinq ans plus tôt à Caen — à l’issue d’une projection-débat d’India Song [10]. Après six mois d’abstinence, elle sombre une nouvelle fois dans l’alcool. Serge July, rédacteur en chef de Libération, lui propose d’y tenir une chronique hebdomadaire tout l’été. Un soir, Yann Lemée lui téléphone. Ils se retrouvent à Trouville. Elle l’héberge, en fait son compagnon et lui donne le nom de Yann Andréa.
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Cet épisode fait l'objet du film : [[Cet Amour-là]] de [[Josée Dayan]]
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Cet épisode fait l'objet du film : ''[[Cet Amour-là]]'' de [[Josée Dayan]]
En 1981, elle part au Canada pour une série de conférences de presse à Montréal et filme L’Homme atlantique en prenant son compagnon comme acteur. Parce que sa main tremble, Yann écrit sous sa dictée La Maladie de la mort. Elle accepte de faire une cure de désintoxication à l’Hôpital américain de Neuilly en octobre 1982. L'année suivante, Duras dirige Madeleine Renaud dans la pièce de théâtre, Savannah Bay, qu'elle a écrite pour elle.
En 1981, elle part au Canada pour une série de conférences de presse à Montréal et filme L’Homme atlantique en prenant son compagnon comme acteur. Parce que sa main tremble, Yann écrit sous sa dictée La Maladie de la mort. Elle accepte de faire une cure de désintoxication à l’Hôpital américain de Neuilly en octobre 1982. L'année suivante, Duras dirige Madeleine Renaud dans la pièce de théâtre, Savannah Bay, qu'elle a écrite pour elle.
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Le dimanche 3 mars 1996, à 8 heures, Marguerite meurt au 3e étage du numéro 5 de la rue Saint-Benoît. Elle allait avoir 82 ans. Les obsèques ont lieu le 7 mars, à l’église de Saint-Germain-des-Prés. Elle est enterrée au cimetière du Montparnasse. Sur sa tombe, son nom de plume, deux dates et ses initiales : M D.
Le dimanche 3 mars 1996, à 8 heures, Marguerite meurt au 3e étage du numéro 5 de la rue Saint-Benoît. Elle allait avoir 82 ans. Les obsèques ont lieu le 7 mars, à l’église de Saint-Germain-des-Prés. Elle est enterrée au cimetière du Montparnasse. Sur sa tombe, son nom de plume, deux dates et ses initiales : M D.
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== L’œuvre littéraire ==
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=== L’œuvre littéraire ===
* Les Impudents. Plon, 1943.
* Les Impudents. Plon, 1943.
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* C’est tout. POL, 1995.
* C’est tout. POL, 1995.
* La Mer écrite. Textes de Duras sur des photographies d'Hélène Bamberger, Éditions Marval, 1996.
* La Mer écrite. Textes de Duras sur des photographies d'Hélène Bamberger, Éditions Marval, 1996.
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* Cahiers de la guerre et autres textes. Édition établie par Olivier Corpet et Sophie Bogaert, POL/Imec, 2006.[17]
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* Cahiers de la guerre et autres textes. Édition établie par Olivier Corpet et Sophie Bogaert, POL/Imec, 2006.
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=== Pièces de théâtre ===
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== Pièces de théâtre ==
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* Les Viaducs de la Seine-et-Oise. Gallimard, 1959.
* Les Viaducs de la Seine-et-Oise. Gallimard, 1959.
* Miracle en Alabama, de William Gibson, adapté par Marguerite Duras et Gérard Jarlot. L'Avant-Scène, 1963.
* Miracle en Alabama, de William Gibson, adapté par Marguerite Duras et Gérard Jarlot. L'Avant-Scène, 1963.
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** Home.
** Home.
**La Mouette.
**La Mouette.
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==Filmographie==
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===Filmographie===
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===Réalisatrice===
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*[[1966 au cinéma|1966]] : ''La Musica'', co-réalisé avec Paul Séban.
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: Acteurs : [[Julie Dassin]], [[Delphine Seyrig]] et [[Robert Hossein]].
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*[[1969 au cinéma|1969]] : ''Détruire, dit-elle''.
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: Acteurs : [[Henri Garcin]], [[Daniel Gélin]], [[Michael Lonsdale]] et [[Catherine Sellers]].
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*[[1971 au cinéma|1971]] : ''Jaune le soleil'', d'après ''Abahn Sabana David''.
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: Acteurs : [[Catherine Sellers]], Dionys Mascolo, [[Sami Frey]] et [[Michael Lonsdale]]. 
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*[[1973 au cinéma|1973]] : ''[[Nathalie Granger]]''.
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: Acteurs : [[Lucia Bosé]], [[Jeanne Moreau]], [[Gérard Depardieu]] et Dionys Mascolo.
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*[[1974 au cinéma|1974]] : ''La Femme du Gange''.
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: Acteurs : [[Catherine Sellers]] et [[Gérard Depardieu]].
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*[[1975 au cinéma|1975]] : ''[[India Song]]''.
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: Acteurs : [[Delphine Seyrig]], [[Michael Lonsdale]] Mathieu Carrière et la voix de Duras.
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: Prix de l'Association française des cinémas d'art et d'essai à [[Cannes]] en [[1975]].
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*[[1976 au cinéma|1976]] : ''Des journées entières dans les arbres''.
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: Acteurs : [[Madeleine Renaud]], [[Jean-Pierre Aumont]] et [[Bulle Ogier]].
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: Prix [[Jean Cocteau]].
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*[[1976 au cinéma|1976]] : ''Son nom de Venise dans Calcutta désert''.
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*[[1977 au cinéma|1977]] : ''Le Camion''.
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: Acteurs : [[Gérard Depardieu]] et Marguerite Duras.
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: Projeté hors compétition au [[Festival de Cannes]] 1977.
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*[[1977 au cinéma|1977]] : ''Baxter Vera Baxter''.
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: Acteurs : [[Delphine Seyrig]], Claudine Gabay, [[Gérard Depardieu]] et [[François Périer]].
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*[[1978 au cinéma|1978]] : ''Le Navire Night''.
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: Acteurs : [[Bulle Ogier]], [[Dominique Sanda]], [[Mathieu Carrière]] et la voix de Duras.
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*[[1979 au cinéma|1979]] : ''[[Césarée (film)|Césarée]]''. [[Court-métrage]] avec la voix de Duras.
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*[[1979 au cinéma|1979]] : ''Les Mains négatives''. [[Court-métrage]] avec la voix de Duras.
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*[[1979 au cinéma|1979]] : ''Aurélia Steiner, dit Aurélia Vancouver''. [[Court-métrage]].
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*[[1979 au cinéma|1979]] : ''Aurelia Steiner, dit Aurélia Melbourne''. [[Court-métrage]].
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*[[1981 au cinéma|1981]] : ''Agatha et les lectures illimitées''.
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: Acteurs : [[Bulle Ogier]] et [[Yann Andréa]].
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*[[1981 au cinéma|1981]] : ''L'Homme atlantique''. [[Court-métrage]] avec la voix de Duras.
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*[[1982 au cinéma|1982]] : ''Dialogue de Rome'' (''Il dialogo di Roma''). [[Documentaire]].<ref>Commande de la [[Rai (télévision)|RAI]].</ref>
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*[[1984 au cinéma|1984]] : ''Les Enfants'', d'après ''Ah ! Ernesto'', co-réalisé avec Jean Mascolo et Jean-Marc Turine.
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-
: Acteurs : [[Pierre Arditi]], [[André Dussollier]], [[Daniel Gélin]] et Marguerite Duras.
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===Scénario et/ou dialogues===
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'''Réalisatrice'''
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*[[1959 au cinéma|1959]] : ''[[Hiroshima mon amour]]'', d' [[Alain Resnais]], scénario et dialogues de Duras.
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* 1966 : ''La Musica'', co-réalisé avec Paul Séban, avec  Julie Dassin, [[Delphine Seyrig]] et [[Robert Hossein]]
-
: Acteurs : [[Bernard Fresson]], [[Eiji Okada]] et [[Emmanuelle Riva]].
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* 1969 : ''Détruire, dit-elle'', avec  [[Henri Garcin]], [[Daniel Gélin]], [[Michael Lonsdale]] et Catherine Sellers
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* 1971 : ''Jaune le soleil'', d'après ''Abahn Sabana David''
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* 1973 : ''{{pmw|Nathalie Granger}}'', avec  [[Jeanne Moreau]], [[Gérard Depardieu]] et Dionys Mascolo.
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* 1974 : ''La Femme du Gange''.
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* 1975 : ''[[India Song]]'', avec  [[Delphine Seyrig]], [[Michael Lonsdale]] Mathieu Carrière et la voix de Duras.
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* 1976 : ''Des journées entières dans les arbres''
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* 1976 : ''Son nom de Venise dans Calcutta désert''.
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* 1977 : ''Le Camion''
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* 1977 : ''Baxter Vera Baxter''
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* 1978 : ''Le Navire Night''.
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* 1981 : ''Agatha et les lectures illimitées''
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* 1984 : ''Les Enfants'', d'après ''Ah ! Ernesto'', co-réalisé avec Jean Mascolo et Jean-Marc Turine
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'''Scénario et/ou dialogues'''
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* 1959 : ''[[Hiroshima mon amour]]'', d' [[Alain Resnais]], scénario et dialogues de Duras, avec  [[Bernard Fresson]], [[Eiji Okada]] et [[Emmanuelle Riva]].
: Présenté hors compétition au [[Festival de Cannes]].
: Présenté hors compétition au [[Festival de Cannes]].
-
*[[1960 au cinéma|1960]] : ''[[Moderato cantabile]]'', de [[Peter Brook]], scénario de Duras, [[France]]/[[Italie]].
+
* 1960 : ''Moderato cantabile'', de Peter Brook, scénario de Duras
-
: Acteurs : [[Jeanne Moreau]] et [[Jean-Paul Belmondo]].
+
* 1960 : ''[[Une aussi longue absence]]'', de Henri Colpi, scénario et dialogues de Duras, [[Prix Louis Delluc]] en 1960.
-
*[[1960 au cinéma|1960]] : ''[[Une aussi longue absence]]'', de [[Henri Colpi]], scénario et dialogues de Duras, France/Italie.
+
: [[Palme d'or]] au [[Festival de Cannes]] en 1961
-
: Acteurs : [[Alida Valli]] et [[Georges Wilson]].
+
* 1964 : ''Nuit noire, Calcutta'', court-métrage de [[Marin Karmitz]], scénario et dialogues de Duras
-
: [[Prix Louis Delluc]] en 1960.
+
* 1965: ''Les Rideaux blancs', court-métrage de [[Georges Franju]], scénario et dialogues de Duras
-
: [[Palme d'or]] au [[Festival de Cannes]] en [[1961]].
+
* 1966 : ''La Voleuse'', de Jean Chapot, scénario et dialogues de Duras  
-
*[[1963 au cinéma|1963]] : ''L'Itinéraire marin'', de [[Jean Rollin]], dialogues de Duras (film inachevé).
+
* 1966 : ''Mademoiselle'', de Tony Richardson, scénario de Jean Genet et Duras
-
: Actrice : [[Sylvia Montfort]].
+
 
-
*[[1964 au cinéma|1964]] : ''Nuit noire, Calcutta'', [[court-métrage]] de [[Marin Karmitz]], scénario et dialogues de Duras.
+
'''Adaptations'''
-
: Acteur : [[Maurice Garrel]] et la voix de Duras.
+
* 1958 : ''[[Barrage contre le Pacifique]]'', de [[René Clément]], avec [[Silvana Mangano]] et [[Anthony Perkins]]* 1966 : ''Dix heures et demie du soir en été'', de Jules Dassin  
-
*[[1965 au cinéma|1965]] : ''Les Rideaux blancs', [[court-métrage]] de [[Georges Franju]], scénario et dialogues de Duras.
+
* 1967 : ''Le Marin de Gibraltar'', de Tony Richardson
-
*[[1966 au cinéma|1966]] : ''[[La voleuse]]'', de Jean Chapot, scénario et dialogues de Duras, [[France]]/[[Allemagne]].
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* 1982 : ''En rachâchant'', d'après'' Ah ! Ernesto'', de Jean-Marie Straub et Danièle Huillet
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: Acteurs : [[Romy Schneider]] et [[Michel Piccoli]].
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* 1988 : ''La Bête dans la jungle'', de Benoît Jacquot, adaptation de Marguerite Duras
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*[[1966 au cinéma|1966]] : ''Mademoiselle'', de [[Tony Richardson]], scénario de [[Jean Genet]] et Duras, [[France]]/[[Royaume-Uni]].
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* 1990 : ''Le Coupeur d'eau'', d’après un texte de '' La Vie matérielle'', court-métrage de Philippe Tabarly
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: Actrice : [[Jeanne Moreau]].
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* 1992 : ''[[L'Amant (film)|L'Amant]]'', de [[Jean-Jacques Annaud]]  
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===Adaptations===
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* 1993 : ''La Mort du jeune aviateur anglais'', documentaire de Benoît Jacquot
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*[[1958 au cinéma|1958]] : ''[[Un Barrage contre le Pacifique]]'', de [[René Clément]].
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* 2001 : ''[[H Story]]'', de [[Nobuhiro Suwa]],  remake, et mise en abyme, commentaire du film ''Hiroshima mon amour'' scénarisé par Marguerite Duras, et réalisé par Alain Resnais en 1959.
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: Acteurs : [[Silvana Mangano]] et [[Anthony Perkins]].
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* 2003 : ''La Maladie de la mort'', court-métrage de Asa Mader  
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*[[1966 au cinéma|1966]] : ''[[Dix heures et demie du soir en été]]'', de [[Jules Dassin]], [[États-Unis]]/[[Espagne]].
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* 2004 : ''L'Après-midi de Monsieur Andesmas'', de Michelle Porte  
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: Acteurs : [[Melina Mercouri]], [[Romy Schneider]] et [[Peter Finch]].
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* 2005 : ''L'Ortie brisée'', de Franck Bourrel, d’après un texte tiré de La Douleur.
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*[[1967 au cinéma|1967]] : ''[[Le Marin de Gibraltar]]'', de [[Tony Richardson]], [[Royaume-Uni]].
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* 2008 : ''[[Un barrage contre le Pacifique (2008)|Un barrage contre le Pacifique]]'' de [[Rithy Panh]]  
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: Acteurs : [[Jeanne Moreau]], [[Vanessa Redgrave]] et [[Orson Welles]].
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* 2015 : ''Orage'', de Fabrice Camoin, deuxième adaptation du roman ''Dix heures et demie du soir en été''
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*[[1982 au cinéma|1982]] : ''En rachâchant'', d'après ''Ah ! Ernesto'', de [[Straub et Huillet|Jean-Marie Straub et Danièle Huillet]].
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* 2017 : ''[[La Douleur]]'' d' [[Emmanuel Finkiel]], reprend les 2 premiers chapitres de '' La Douleur'' paru en 1985
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: Acteurs : [[Nadette Thinus]] et [[Olivier Straub]].
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*[[1988 au cinéma|1988]] : ''La Bête dans la jungle'', de [[Benoît Jacquot]], adaptation de Marguerite Duras.
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: Acteurs : [[Sami Frey]] et [[Delphine Seyrig]].
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*[[1990 au cinéma|1990]] : ''Le Coupeur d'eau'', d’après un texte de ''La Vie matérielle''. [[court-métrage]] de [[Philippe Tabarly]].
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: Actrice : [[Ariane Ascaride]].
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*[[1992 au cinéma|1992]] : ''[[L'Amant (film)|L'Amant]]'', de [[Jean-Jacques Annaud]], France/[[Royaume-Uni]].
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: Acteurs : [[Jane March]], [[Tony Leung]] et la voix de [[Jeanne Moreau]].
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: DVD, [[Pathé]], 2001. Bonus : Entretiens entre Marguerite Duras et [[Jean-Jacques Annaud]] le [[18 janvier]] [[1990]] à [[Neauphle]].
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*[[1993 au cinéma|1993]] : ''La Mort du jeune aviateur anglais'', documentaire de [[Benoît Jacquot]].<ref>Marguerite Duras raconte l'histoire de la mort de W. J. Cliffe, 20 ans.</ref>
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*[[1993 au cinéma|1993]] : ''Écrire'', documentaire sur '''Marguerite Duras''' de [[Benoît Jacquot]].
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*[[2003 au cinéma|2003]] : ''La Maladie de la mort'', [[court-métrage]] de Asa Mader, France/[[États-Unis]].
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: Acteurs : [[Anna Mouglalis]] et [[Stephan Crasneanski]].
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*[[2004 au cinéma|2004]] : ''[[L'Après-midi de Monsieur Andesmas]]'', de [[Michelle Porte]].
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: Acteurs : [[Michel Bouquet]] et [[Miou-Miou]].
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*[[2004 au cinéma|2004]] : ''Vie matérielle'', d’après ''Le Coupeur d’eau'', tiré de ''La Vie matérielle''. [[Court-métrage]] de [[Franck Helson]].
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: Acteurs : [[Valérie Blanchon]], [[Pierre-Yves Le Louarn]].
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*[[2005 au cinéma|2005]] : ''L'Ortie brisée'', de [[Franck Bourrel]], d’après un texte tiré de ''La Douleur''.
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: Acteurs : [[Serge Chambon]].
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Version actuelle en date du 19 février 2018 à 21:09

Marguerite Duras, pseudonyme de l'écrivaine et dramaturge française, née Marguerite, Germaine, Marie, Donnadieu, le 4 avril 1914 à Gia Dinh, près de Saigon en Indochine. Morte le 3 mars 1996 à Paris. Son œuvre se distingue par la diversité de ses activités. Elle renouvela le genre romanesque et bouscula les conventions théâtrales et cinématographiques comme dialoguiste, scénariste et réalisatrice.

Sommaire

Biographie

Marguerite Donnadieu naît en 1914 en Cochinchine, à Gia-Dinh, près de Saigon. Son père, Henri, professeur de mathématiques originaire du Lot-et-Garonne, et sa mère, Marie, institutrice originaire du Nord, ont quitté la France pour les colonies au début du siècle.

Marguerite a deux frères aînés, Pierre et Paul. Jusqu’au départ du père en France en 1918 pour des raisons de santé, la famille Donnadieu a su progresser dans la hiérarchie, le père ayant été nommé directeur de l’enseignement en Cochinchine. Mais sa mort en France en décembre 1921 change la situation. Marie revient en métropole avec ses trois enfants, elle cherche à récupérer la maison familiale de son mari, échoue, puis repart en Indochine en 1924 comme le lui impose son statut de fonctionnaire coloniale.

La famille revient donc à Phnom Penh, puis, grâce à l’insistance de la mère auprès des autorités coloniales, à Vinh Long, poste de brousse de la Cochinchine. De ces deux années passées en France, Marguerite gardera peu de souvenirs. Ce sont les années qui suivent qui sont déterminantes pour son œuvre, passées d’abord dans la ville de Vinh Long puis dans celle de Sadec ; elle y fait la découverte de la campagne indochinoise.

En 1928, la mère achète une concession au bord du Pacifique, dans laquelle elle met tout son argent. Elle s’y installe avec Paulo et Marguerite, qui vivent alors dans la nature en contact permanent avec la population indigène, parlant le vietnamien. C’est dans ce cadre-là que Marguerite placera l’histoire d’Un barrage contre le Pacifique.

Les terres sont incultivables. Ruinée, la mère décide de quitter la concession. Depuis 1929, Marguerite va au lycée français de Saigon et loge dans la pension de Mlle C. À Saigon, elle rencontre Léo, celui qui deviendra dans la fiction l’amant chinois, elle rencontre aussi Anne-Marie Stretter, jeune élève comme elle du lycée français et que la fiction transformera en un personnage récurrent du cycle de l’Inde .

À l’été 1931, les Donnadieu reviennent en France d’abord au Platier dans la famille du père, puis à Paris. Ce furent quelques mois difficiles, marqués par le manque d’argent, par la violence de l’aîné qui venait voler la mère. Durant cette période, la jeune Marguerite commence à écrire pour elle, des nouvelles, des poèmes. En 1932, la famille retourne en Indochine, Marguerite retrouve le lycée pour passer son second baccalauréat. Ses résultats scolaires sont excellents. En septembre 1933, elle quitte définitivement l’Indochine, la mère et le « petit frère », pour Paris où elle vient faire ses études. Toute cette période constituera l’un des terreaux de l’oeuvre de Duras : la mère, les frères, la violence, la nature, l’Indochine, le monde des colonies… autant de motifs qui parcourent ses livres.

À Paris, elle s’inscrit à la faculté où elle rencontre Robert Antelme. Après avoir obtenu son diplôme de sciences politiques elle trouve un emploi de secrétaire au ministère des Colonies début juin 1938. Antelme est mobilisé dans l’armée à la fin de l’été. La guerre déclarée, Marguerite et Robert se marient le 23 septembre 1939. Au printemps 1940 son emploi lui donne l’opportunité de co-signer un livre avec Philippe Roque : L’Empire français, une commande de propagande du ministre Georges Mandel. Elle démissionne du ministère en novembre 1940. Dans la capitale occupée, Robert est engagé à la préfecture de police de Paris. Le couple s'installe rue Saint Benoît, dans le quartier de Saint-Germain-des-Prés. Marguerite est enceinte. Elle accouche d'un garçon mort-né. En 1942, elle trouve un emploi au Comité d’organisation du livre où elle fait la connaissance de Dionys Mascolo, qui devient son amant. Au mois de décembre, elle apprend la mort de son frère Paul, en Indochine.

En 1943, l’appartement du couple devient vite un lieu de rencontres d’intellectuels où l’on discute littérature et politique. Marguerite se met à écrire et publie son premier roman Les Impudents. Elle le signe sous le nom de Duras, le village où se trouve la maison paternelle. Rejoint la résistance avec Robert et Dionys, dans le réseau dirigé par François Mitterrand (alias Morland). Le 1er juin 1944, leur groupe tombe dans un guet-apens. Robert est arrêté par la Gestapo. Secourue par Mitterrand, Marguerite Duras réussit à s'échapper. Au lendemain du débarquement des alliés, elle apprend que son mari a été emmené à Compiègne d’où partent les trains pour les camps de concentration. En août, Paris se libère. À l’automne elle s’inscrit au Parti communiste français. Son nouveau roman, La Vie tranquille, est publié en décembre.

Marguerite attend le retour de son époux. À la Libération, en 1945, aidé par Mitterrand, Dionys vient le chercher au camp de Dachau. Antelme est moribond. Avec le secours d'un médecin, Marguerite Duras le soigne.
Cet épisode fait l'objet du film : La Douleur, d' Emmanuel Finkiel

Marguerite divorce le 24 avril 1947 pour vivre avec Dionys. Un fils, nommé Jean, naît le 30 juin de la même année. En 1950, la perte du Vietnam comme colonie française contraint sa mère à revenir en France. En mai, Marguerite Duras est exclue du PCF. C’est alors qu’elle est révélée par un roman d'inspiration autobiographique, Un barrage contre le Pacifique, qui paraît en juin. Sélectionné pour le Prix Goncourt, il le manque de peu. Nourries de son enfance, ses œuvres ultérieures ne cesseront de donner forme à son univers asiatique, où des personnages se débattront pour échapper à leur solitude. Elle paraîtra ainsi réécrire sans cesse les mêmes histoires où plusieurs figures obsédantes vont se rencontrer (Anne-Marie Stretter, le vice-consul, la mendiante, l’amant chinois…).

Elle se sépare de Dionys Mascolo en 1956. Elle rencontre Gérard Jarlot, journaliste à France-Dimanche, en 1957, année où meurt sa mère. Jarlot travaille avec elle pour diverses adaptations cinématographiques et théâtrales. Pour la première fois un de ses romans est adapté au cinéma. Il s’agit de Barrage contre le Pacifique que réalise René Clément. En 1958, elle travaille pour des cinéastes en écrivant le scénario de Hiroshima mon amour avec Alain Resnais puis celui d'Une aussi longue absence pour Henri Colpi. En automne 1960, elle milite activement contre la guerre d'Algérie. En 1961, sa relation avec Gérard Jarlot prend fin. En 1963, elle achète un appartement dans l’ancien hôtel « les Roches noires » à Trouville. Premier succès au théâtre avec Des journées entières dans les arbres, joué par Madeleine Renaud en 1965. La multiplication de ses talents la fait maintenant reconnaître dans trois domaines : littéraire, cinématographique et théâtral. Elle met en scène des personnages puisés dans la lecture des faits divers. Elle innove sur le déplacement des acteurs, sur la musicalité des mots et des silences. Fatiguée par l’alcool, elle fait une cure et s’arrête de boire. Pendant « les évènements » de mai 1968, elle se trouve en première ligne au côté des étudiants contestataires, proteste contre les injustices, profère des phrases définitives sur le prolétariat.

Marguerite Duras touche alors au cinéma parce qu’elle est insatisfaite des adaptations que l’on fait de ses romans. Son premier film, Détruire, dit-elle est tourné en 1969. Ce titre évocateur définit son cinéma : celui du jeu des images, des voix et de la musique. « Ce n'est pas la peine d'aller à Calcutta, à Melbourne ou à Vancouver, tout est dans les Yvelines, à Neauphle. Tout est partout. Tout est à Trouville. […] Dans Paris aussi j'ai envie de tourner, […] L'Asie à s'y méprendre, je sais où elle est à Paris… » (Les yeux verts). Le 5 avril 1971, elle signe le Manifeste – avec, entre autres, Simone de Beauvoir et Jeanne Moreau – réclamant l’abolition de la loi contre l'avortement.

Elle tourne ensuite Nathalie Granger, dans sa maison de Neauphle-le-Château, India Song, dans le Palais Rothschild à Boulogne sur la musique de Carlos d’Alessio. Comme dans son travail pour le théâtre, elle réalise des œuvres expérimentales. Par le décalage entre l’image et le texte écrit, elle veut montrer que le cinéma n’est pas forcément narratif : La Femme du Gange est composé de plans fixes, Son nom de Venise dans Calcutta désert est filmé dans les ruines désertes du palais Rotschild en reprenant sa bande son d'India Song, Les Mains négatives, où elle lit son texte sur des vues de Paris désert la nuit. La limite extrême est atteinte dans L'Homme atlantique, avec sa voix sur une image complètement noire pendant trente minutes sur quarante. Après un voyage en Israël, en 1978, elle réalise Césarée, où elle évoque la ville antique sur des images du jardin des Tuileries.

Duras vit alors seule dans sa maison de Neauphle. Depuis 1975, elle a renoué avec l’alcool. En 1980, elle est transportée à l’hôpital de Saint-Germain-en-Laye et reste hospitalisée pendant cinq semaines. À son retour, elle écrit à Yann Lemée, un jeune admirateur rencontré cinq ans plus tôt à Caen — à l’issue d’une projection-débat d’India Song [10]. Après six mois d’abstinence, elle sombre une nouvelle fois dans l’alcool. Serge July, rédacteur en chef de Libération, lui propose d’y tenir une chronique hebdomadaire tout l’été. Un soir, Yann Lemée lui téléphone. Ils se retrouvent à Trouville. Elle l’héberge, en fait son compagnon et lui donne le nom de Yann Andréa.

Cet épisode fait l'objet du film : Cet Amour-là de Josée Dayan

En 1981, elle part au Canada pour une série de conférences de presse à Montréal et filme L’Homme atlantique en prenant son compagnon comme acteur. Parce que sa main tremble, Yann écrit sous sa dictée La Maladie de la mort. Elle accepte de faire une cure de désintoxication à l’Hôpital américain de Neuilly en octobre 1982. L'année suivante, Duras dirige Madeleine Renaud dans la pièce de théâtre, Savannah Bay, qu'elle a écrite pour elle.

En 1984, L’Amant est publié et obtient le prix Goncourt. C'est un succès mondial[13]. Il fait d'elle l'un des écrivains vivants le plus lu. En 1985, elle soulève l’hostilité et déclenche la polémique en prenant position dans une affaire énigmatique qui captive l'opinion publique : l’affaire Grégory. Dans une tribune du quotidien Libération du 17 juillet, elle se montre convaincue de la culpabilité de la mère, « Sublime, forcément sublime Christine V. » du meurtre de son enfant, trouvé noyé en octobre 1984. De nouveau prisonnière de l’alcool, elle tente en 1987, de donner une explication à son alcoolisme dans son livre, La Vie matérielle.

L'Amant devient un projet de film du producteur Claude Berri. À la demande de ce dernier, elle s’atelle à l'écriture du scénario, bientôt interrompu par une nouvelle hospitalisation. Elle reste six mois dans le coma. Pendant ce temps, le réalisateur Jean-Jacques Annaud est contacté. Il accepte de réaliser le film et se met à en faire l’adaptation. Marguerite Duras sort de l’hôpital en automne 1989 et reprend le projet en cours en rencontrant le cinéaste. La collaboration tourne court et le film se fait sans elle. Se sentant dépossédée de son histoire, elle s'empresse de la réécrire. L'Amant de la Chine du Nord est publié en 1992, juste avant la sortie du film. Duras a désormais des difficultés physiques pour écrire. Cependant, d’autres livres paraissent ; ils sont dictés ou retranscrits. Yann recueille ses mots pour un ultime livre qui paraît en 1995 sous le titre : C’est tout.

Le dimanche 3 mars 1996, à 8 heures, Marguerite meurt au 3e étage du numéro 5 de la rue Saint-Benoît. Elle allait avoir 82 ans. Les obsèques ont lieu le 7 mars, à l’église de Saint-Germain-des-Prés. Elle est enterrée au cimetière du Montparnasse. Sur sa tombe, son nom de plume, deux dates et ses initiales : M D.

L’œuvre littéraire

  • Les Impudents. Plon, 1943.
  • La Vie tranquille. Gallimard, 1944.
  • Un barrage contre le Pacifique. Gallimard, 1950.
  • Le Marin de Gibraltar. Gallimard, 1952.
  • Les Petits chevaux de Tarquinia. Gallimard, 1953.
  • Des journées entières dans les arbres, Le Boa, Madame Dodin, Les Chantiers. Gallimard, 1954.
  • Le Square. Gallimard, 1955.
  • Moderato Cantabile. Les Éditions de Minuit, 1958.
  • Dix heures et demie du soir en été. Gallimard, 1960.
  • L'après-midi de Monsieur Andesmas (récit). Gallimard, 1962.[14]
  • Le Ravissement de Lol V. Stein. Gallimard, 1964.
  • Le Vice-consul. Gallimard, 1966.
  • L'Amante anglaise. Gallimard, 1967.
  • Détruire, dit-elle. Les Éditions de Minuit, 1969.
  • Abahn Sabana David. Gallimard, 1970.
  • L'Amour. Gallimard, 1971.
  • « Ah ! Ernesto », un conte pour enfants. éd. Hatlin Quist, 1971.
  • Vera Baxter ou les Plages de l'Atlantique. éd. Albatros, 1980.
  • L'Homme assis dans le couloir (récit). Les Éditions de Minuit, 1980.
  • L'Été 80. Les Éditions de Minuit, 1980.
  • Les Yeux verts. Éditions du Seuil, 1987.[15]
  • Outside - Papiers d'un jour. Coll. "Illustrations", Albin Michel, 1981.
  • L'Homme atlantique. Les Éditions de Minuit, 1982.
  • La Maladie de la mort (récit). Les Éditions de Minuit, 1982.
  • L'Amant. Les Éditions de Minuit, 1984. Prix Goncourt en 1984. Prix Ritz-Paris-Hemingway (meilleur roman publié en anglais) en 1986.
  • La Douleur. POL, 1985.
  • Les Yeux bleus, cheveux noirs. Les Éditions de Minuit, 1986.
  • La Pute de la côte normande. Les Éditions de Minuit, 1986.
  • La Vie matérielle. POL, 1987.
  • Émily L. Les Éditions de Minuit, 1987.
  • La Pluie d'été. POL, 1990.[16]
  • L'Amant de la Chine du Nord. Gallimard, 1991.
  • Yann Andréa Steiner. POL, 1992.
  • Écrire*. Gallimard, 1993.
  • Le Monde extérieur. Outside 2. POL, 1993.
  • C’est tout. POL, 1995.
  • La Mer écrite. Textes de Duras sur des photographies d'Hélène Bamberger, Éditions Marval, 1996.
  • Cahiers de la guerre et autres textes. Édition établie par Olivier Corpet et Sophie Bogaert, POL/Imec, 2006.

Pièces de théâtre

  • Les Viaducs de la Seine-et-Oise. Gallimard, 1959.
  • Miracle en Alabama, de William Gibson, adapté par Marguerite Duras et Gérard Jarlot. L'Avant-Scène, 1963.
  • Théâtre I, Gallimard, 1965 :
    • Les Eaux et Forêts.
    • Le Square.
    • La Musica.
  • L'Amante anglaise. Gallimard, 1968.
  • Théâtre II, Gallimard, 1968 :
    • Suzanna Andler.
    • Des journées entières dans les arbres.
    • Yes, peut-être.
    • Le Shaga.
    • Un homme est venu me voir.
  • India Song. Gallimard, 1973.[20]
  • L'Éden Cinéma. Mercure de France, 1977.
  • Agatha. Les Éditions de Minuit, 1981.
  • Savannah Bay. Les Éditions de Minuit, 1982 - 2e édition augmentée, Les Éditions de Minuit 1983.
  • Théâtre III, Gallimard, 1984 :
    • La Bête dans la jungle, d'après Henry James, adapté par James Lord et Marguerite Duras.
    • Les Papiers d'Aspern, d'après Henry James, adapté par Marguerite Duras et Robert Antelme.
    • La Danse de mort, d'après August Strindberg, adapté par Marguerite Duras.
  • La Musica deuxième. Gallimard, 1985.
  • Le Théâtre de l’amante anglaise. Gallimard, 1991.
  • Théâtre IV, Gallimard, 1999 :
    • Vera Baxter.
    • L’Éden cinéma.
    • Le Théâtre de l’amante anglaise.
    • Home.
    • La Mouette.

Filmographie

Réalisatrice

Scénario et/ou dialogues

Présenté hors compétition au Festival de Cannes.
Palme d'or au Festival de Cannes en 1961
  • 1964 : Nuit noire, Calcutta, court-métrage de Marin Karmitz, scénario et dialogues de Duras
  • 1965: Les Rideaux blancs', court-métrage de Georges Franju, scénario et dialogues de Duras
  • 1966 : La Voleuse, de Jean Chapot, scénario et dialogues de Duras
  • 1966  : Mademoiselle, de Tony Richardson, scénario de Jean Genet et Duras

Adaptations

  • 1958 : Barrage contre le Pacifique, de René Clément, avec Silvana Mangano et Anthony Perkins* 1966 : Dix heures et demie du soir en été, de Jules Dassin
  • 1967 : Le Marin de Gibraltar, de Tony Richardson
  • 1982 : En rachâchant, d'après Ah ! Ernesto, de Jean-Marie Straub et Danièle Huillet
  • 1988 : La Bête dans la jungle, de Benoît Jacquot, adaptation de Marguerite Duras
  • 1990 : Le Coupeur d'eau, d’après un texte de La Vie matérielle, court-métrage de Philippe Tabarly
  • 1992 : L'Amant, de Jean-Jacques Annaud
  • 1993 : La Mort du jeune aviateur anglais, documentaire de Benoît Jacquot
  • 2001 : H Story, de Nobuhiro Suwa, remake, et mise en abyme, commentaire du film Hiroshima mon amour scénarisé par Marguerite Duras, et réalisé par Alain Resnais en 1959.
  • 2003 : La Maladie de la mort, court-métrage de Asa Mader
  • 2004 : L'Après-midi de Monsieur Andesmas, de Michelle Porte
  • 2005 : L'Ortie brisée, de Franck Bourrel, d’après un texte tiré de La Douleur.
  • 2008 : Un barrage contre le Pacifique de Rithy Panh
  • 2015 : Orage, de Fabrice Camoin, deuxième adaptation du roman Dix heures et demie du soir en été
  • 2017 : La Douleur d' Emmanuel Finkiel, reprend les 2 premiers chapitres de La Douleur paru en 1985


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