Marie-Octobre

De Cinéann.

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Marie-Octobre , film français de Julien Duvivier, sorti en 1959

Analyse critique

Marie-Octobre était le nom de code d’un groupe de résistant français lors de l’occupation. Ce groupe d'ex-résistants, dont certains s'étaient perdus de vue depuis la fin de la guerre, se retrouvent quinze années plus tard. Ils dînent ensemble dans la demeure de leur ancien chef, Castille, qui a été arrêté et tué dans ce lieu même, évènement qui a précipité la chute du réseau.

Cette soirée est organisée par Marie-Octobre, nom de code de l'ancienne estafette du réseau, et par le propriétaire actuel des lieux, François Renaud-Picart. En réalité, ils ont organisé la réunion pour percer le mystère de la mort de Castille : un ancien membre de la police allemande leur a avoué que c'était grâce à un traître que celle-ci avait réussi à les découvrir ce soir-là.

Petit à petit, les anciens membres découvrent ou supposent de bonnes raisons à chacun d'avoir pu trahir : l'amour, l'appât du gain, la lâcheté, la méprise, la collaboration... Malgré l’opposition d'un prêtre, ils votent la mort du traître. Celui-ci tente de s'échapper, puis fait appel à leur pitié. Il est finalement tué par Marie-Octobre, qui appelle ensuite la gendarmerie, après avoir déchiré la confession que le traître a été forcé d'écrire.

La recherche du traître met en lumière la personnalité de chaque membre du réseau, mais aussi et surtout celle de Castille, son chef, personnage fort mais différent de la légende qui s'était tissée autour de lui. La mort du traître ne changera rien à l'ambiguïté des personnages. Ainsi quand Marie-Octobre abat elle-même le coupable, est-ce pour faire justice ou pour venger son ancien amant ?

Faisant penser à une enquête écrite d’Agatha Christie, le personnage de Marie-octobre prend des allures d’Hercule Poirot, arpentant la pièce, posant des questions et tendant des pièges sans vergogne. Duvivier a donné une dimension sentimentale à Marie-Octobre. Chose rare pour ceux qui endossent le rôle de détective, généralement consciencieux, écoutant leur instinct et se fiant à la raison pour faire avancer l’enquête. Oui Marie-Octobre a aimé, et cet amour perdu a été tellement fort qu’elle ne s’est jamais mariée. Sous ses allures de femme forte et imperturbable, le spectateur découvre petit à petit un personnage à fleur de peau, un personnage humain.

Le déroulement du film respecte la règle classique des trois unités, le temps, le lieu et l'action et ressemble étrangement à une pièce de théâtre classique. Mais le film n'est pas adapté d'une pièce, au contraire, ce sont les auteurs qui en donne une version théâtrale en 1974.

Ce film est le dernier "grand" film de Duvivier et de son cinéma conventionnel. La même année (1959), sortent les 400 Coups de François Truffaut et Hiroshima mon amour d'Alain Resnais, qui vont , avec La Nouvelle Vague, renouveler le Cinéma français.

« Cette histoire est ingénieuse, et l'on s'étonne de n'être pas davantage pris, passionné, captivé par le film de Julien Duvivier. On « marche » certes, et l'on tombe volontiers dans les petits traquenards que nous tend le réalisateur. Par amour du « sport » on cherche des solutions au problème, on élabore des raisonnements. Mais notre attention demeure superficielle. Nous ne participons que de loin, en amateurs, au drame qui se déroule sous nos yeux. Nous ne nous sentons pas impliqués dans cette affaire comme nous l'étions dans celle des Douze hommes en colère.
Il n'en reste pas moins que Marie-Octobre remportera certainement un grand succès auprès du public. Le suspense imaginé par Jacques Robert, la vivacité du dialogue d'Henri Jeanson, feront oublier aux spectateurs les faiblesses du récit. Quant aux comédiens, ils sont tous excellents.»
Jean de Baroncelli, Le Monde, 28 avril 1959

Distribution

  • Danielle Darrieux : Marie-Hélène Dumoulin dite « Marie-Octobre », directrice d'une maison de couture
  • Paul Meurisse : François Renaud-Picart, industriel
  • Bernard Blier : Julien Simoneau, avocat pénaliste
  • Lino Ventura : Carlo Bernardi, patron d'une boîte de strip-tease
  • Noël Roquevert : Étienne Vandamme, contrôleur des contributions
  • Robert Dalban : Léon Blanchet, serrurier plombier
  • Paul Frankeur : Lucien Marinval, boucher mandataire aux Halles
  • Serge Reggiani : Antoine Rougier, imprimeur
  • Paul Guers : Yves Le Gueven, prêtre
  • Daniel Ivernel : Robert Thibaud, médecin-accoucheur
  • Jeanne Fusier-Gir : Victorine, la gouvernante

Fiche technique

  • Réalisation : Julien Duvivier
  • Scénario, adaptation : Julien Duvivier et Jacques Robert, inspiré de son roman homonyme, paru en 1948
  • Dialogue : Henri Jeanson
  • Directeur de la photographie: Robert Lefebvre
  • Compositeur : Jean Yatove
  • Montage : Marthe Poncin
  • Production : Lucien Viard
  • Durée : 95 minutes
  • Format : Noir et blanc, 35 mm, Mono
  • Date de sortie : 24 avril 1959
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