Max et les ferrailleurs

De Cinéann.

Max et les ferrailleurs film français, de Claude Sautet, sorti en 1971.

Analyse critique

Issu d’une riche famille de vignerons du Maconnais et dégagés des soucis matériels, Max est un solitaire qui se consacre entièrement à son obsession : l’arrestation des malfaiteurs. Ancien juge d’instruction, il a démissionné par dépit de devoir relâcher un coupable faute de preuve. Il est maintenant inspecteur de police et il voit de nouveau une bande de cambrioleurs lui échapper. Ce nouvel échec est encore présent dans son esprit lorsqu’il rencontre Abel, un ancien camarade de régiment, auquel il omet de révéler sa profession. Ce dernier est devenu « ferrailleur » et pille les chantiers de construction avec une bande de petits truands des environs de Nanterre. Max a l’idée de les inciter à commettre un gros coup afin de réaliser un flagrant délit indiscutable.

Se présentant comme client, il fait la connaissance de Lily, une jeune prostituée d’origine Allemande qui est la compagne d’Abel. Il se fait passer pour le directeur d’une petite agence bancaire qui reçoit à intervalle régulier des recettes importantes de commerçants. Il s’assure également de l’aide de son patron et du commissaire Rosinsky, responsable du secteur, qui possède un indicateur dans la bande. Max omet toutefois de leur révéler son rôle d’instigateur. Peu à peu, un sentiment est né entre Max et Lily. Mais Max garde une attitude réservée et se contente d’influencer les ferrailleurs par son intermédiaire.

Enfin, devinant la bande prête à l’action, il leur communique une date idéale pour commettre le hold-up. Le jour prévu, une souricière est tendue et la bande est arrêtée. Plus tard, dans le commissariat, Rosinsky révèle à Max qu’il a parfaitement compris sa responsabilité dans l’affaire et que, à défaut de pouvoir quelque chose contre lui, il va s’arranger pour charger Lily. Désemparé, Max essaie de la sauver et finit par menacer Rosinsky. Celui-ci s’obstine et, à bout d’argument, Max sort son pistolet et l’abat, rejoignant ainsi les ferrailleurs dans le crime.

Personnage-clé de la mythologie du cinéma français, le « flic » a trouvé, grâce à Claude Sautet, son visage archétypique : celui d'un ange noir butant contre les « choses de la vie ». Premier opus de la « série des noms », des films auxquels Claude Sautet donne pour titre le nom d’un ou plusieurs des personnages principaux, Max et les ferrailleurs se présente comme une histoire policière, celle d’un inspecteur qui devient par obsession de la justice l’instigateur d'un hold-up. C’est aussi l’analyse d’une relation amoureuse fondée sur la frustration qui conduit le personnage de Max jusqu'à une fin tragique. Une fin qui révèle la fragilité qu’il cache derrière le mensonge de l'austérité.

Claude Sautet est, avec Jean-Pierre Melville, un des artisans du renouveau du film policier français. Les univers des deux cinéastes, pour autant, ne coïncident pas : à la froideur hautaine de Melville, Sautet oppose une vision généreuse, nostalgique, d'une communauté de marginaux évoluant dans un pittoresque décor de banlieue dont il est lui-même issu. Les héros melvilliens portent des noms de guerre, ceux de Sautet des prénoms familiers : Abel, Max, Vincent, François, Rosalie, Mado... La femme joue ici un rôle privilégié : celui de pôle d'attraction, ou de tendre consolatrice. Romy Schneider en sera l'inter prête rêvée : elle créera pour Sautet des personnages vulnérables et déchirants.

Max et les ferrailleurs est un «polar» psychologique haut de gamme, plus proche de Dostoïevski que de Simenon. Une poésie tenace imprègne ce duel à mort entre un fabricant de concepts et la fraternité des traîne-misère; l'enjeu en est peut-être une quête désespérée d'identité. Une mise en scène nerveuse, un dialogue vif, un duo d'acteurs au meilleur de leur forme font le prix de cette saga suburbaine, aux couleurs de la vie.

Distribution

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Fiche technique

  • Titre : Max et les ferrailleurs
  • Réalisation : Claude Sautet
  • Scénario : Claude Sautet, Claude Néron, Jean-Loup Dabadie, d'après un roman de Claude Néron
  • Production : Lira Films (Paris), Sonocam SA, Fida Cinematografica (Rome)
  • Musique originale: Philippe Sarde
  • Photographie : René Mathelin
  • Montage : Jacqueline Thiédot
  • Pays : France - Italie
  • Durée : 110 minutes
  • Date de sortie : 17 février 1971
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