Merci la vie

De Cinéann.

Merci la vie film français de Bertrand Blier sorti en 1991

Analyse critique

Deux jeunes filles se rencontrent sur une route. L'une pousse un caddie surmonté d'un goëland, l'autre, en robe de mariée, vient d'être battue puis abandonnée par un homme. Désormais amies, elles vont vivre des aventures rocambolesques.

Bernard Blier confie que l'intention de départ de "Merci la vie" , qu'il a écrit en 1990 dans une chambre d'hotel des USA entre deux festivals, était son désir de faire "des valseuses au féminin."

Les valseuses, premier succès de Blier et désormais film culte devait donc avoir son pendant féminin ; Anouk Grinberg et Charlotte Gainsbourg se substituant au couple mythique Gérard Depardieu/Patrick Dewaere.

Cependant, au fil de l'écriture, le résultat a donné quelque chose de complètement différent.

Le film est une escapade de deux Lolita modernes dans un no man's land situé entre littoral bordelais et arrière-pays languedocien; deux jeunes femmes libres et effrontées qui vont multiplier les folles rencontres.

Fidèle à son coté anticonformiste et provocateur et sa volonté de donner un coup de pied aux films bien pensants et trop consensuels, Bertrand Blier réalise un film où le surréalisme présent dans tous ses films n'aura jamais été aussi prégnant. Ce film donne une impression permanente de joyeux bordel et de foutraque permanent, les personnages les époques, les genres, les tons, les couleurs. Le film alterne la couleur , le noir et blanc, et le noir et blanc coloré en sépia ou en rose. On passe de la seconde guerre aux années 90, période ravagée par le SIDA .

Le film se risque du coté de la mise en abyme, et de la réflexion libre et échevelée sur le pouvoir du 7eme art qui tend à dire si on comprend les propos du réalisateur que la vie n'est rien d'autre qu'une mise en scène permanente. Les acteurs s'arrêtent pour commenter le film en plein milieu, le producteur se demande où est caché la caméra tandis que le réalisateur, joué par Francois Perrot, pique parfois des gueulantes à la manière de ce que pourrait faire Bertrand Blier lui même.

Sur le fond, Bertrand Blier pousse un grand cri d'amour à la vie en pleines années SIDA, et de ce mélange entre récit abscons et scènes parfois d'une grâce absolue, grâce aux dialogues, d'une poésie indéniable et d'une technicité, image et sens du cadre d'une grande beauté. De plus le film est un vrai plaisir d'acteurs. Bertrand Blier possédait à l'époque un carnet d'adresse très fourni et d'immenses comédiens viennent faire des apparitions plus ou moins importantes, Gérard Depardieu, Michel Blanc, Jean-Louis Trintignant, Catherine Jacob, Annie Girardot et Jean Carmet dans des scènes vérités très émouvantes. Et puis il y a deux fascinantes jeunes comédiennes de l'époque, Charlotte Gainsbourg au début de sa carrière mais déjà très expérimentée et la révélation, trop rare par la suite au cinéma d' Anouk Grinberg.

Citation
(personnage de Michel Blanc) Il faudrait savoir : soit on est à l'époque du sida, soit on est sous l'Occupation, et alors on peut bai-ser !!

Distribution

Fiche technique

  • Réalisation : Bertrand Blier, assisté de Frédéric Auburtin
  • Scénario : Bertrand Blier
  • Photographie : Philippe Rousselot
  • Montage : Claudine Merlin
  • Musique : Arno et Philip Glass
  • Producteur : Jean-Louis Livi
  • Durée : 117 minutes
  • Date de sortie: 13 mars 1991
mercilavie.jpg
Outils personnels

Le cinéma de Nezumi; les artistes contemporains / Randonnées dans les Pyrénées

Les merveilles du Japon; mystérieux Viêt Nam; les temples et des montagnes du Népal ; l'Afrique