My New Picture

De Cinéann.

My New Picture court métrage français réalisé par Bertrand Bonello, sorti en 2006.

Analyse critique

Une femme, munie d’un casque, écoute une musique. Le spectateur partage avec ses yeux et ses oreilles cette expérience sensorielle à travers les images mentales que la musique engendre.

Bertrand Bonello réalise ce voyage musical, jouant sur les plans noirs pour que notre perception se focalise sur ce qui demeure l’essence de ce projet: la musique. Car il s’agit en premier lieu d’un album du compositeur Bertrand Bonello, décliné en film pour l’extraire de son contexte habituel. L’histoire avance, des textures varient, mais il y a une seule ligne. Un seul son. Cette œuvre expérimentale s’accompagne d’une performance pour la comédienne qui achève en larmes cet abandon auditif.

Il y a 4 parties, dans le film, 4 blocs qui se suivent et se répondent. Ils ont chacun leur logique, leur sens. Ils sont indépendants et en même temps, on peut les relier. On peut imaginer un long fondu au noir entre ces parties, sinon, les séquences s’enchaînent. L’histoire avance, il y a des décors différents, des textures différentes, mais au final, il y a une seule ligne, très cohérente. Un seul son.

La 1ère partie est inspiré de Vertigo d'Alfred Hitchcock (1958). On peut y entendre dans l’ordre un paysage désolé et mélancolique, des voix d’outre-tombe, le fameux vertige. Et puis le temps se dilate, l’utilisation de l’électronique emporte dans un univers plus mental. Ce sont les limbes, très ouatées, très diffuses. Dont on retient un battement. Les éléments musicaux de la 2è partie, surtout les guitares, évoquent la sortie des limbes, on navigue entre romantisme cotonneux et brutalité sèche, jusqu’à la fin fatale d’une héroïne, on parle d’ailleurs d’héroïne dans les seules voix rapportées , que l’on savait devoir mourir.

La 3è partie est plus dansante, au travers de séquences rythmiques, c’est une traversée subjective, qui part de quelque chose d’assez léger, qui passe par une répétition mélancolique, un tunnel sonique, et qui s’achève dans une longue séquence de danse ralentie et poisseuse.

Le film s’enfonce dans la 4è partie dans quelque chose de plus intime, où les fantômes sont les plus présents. C’est une partie désolée, pleine de larmes affectives et d’abandon pur. Abandon des personnages, abandon des repères mélodiques et rythmiques. Une traversée dévastée avant de se retrouver dans une pièce sombre pour les derniers instants de tension.

Bertrand Bonello déclare:

Au départ, ce sont des bouts de musiques enregistrés en attendant de tourner un nouveau film, éventuellement destinés à figurer dans de futures bandes son. Puis petit à petit, l’envie que ca fabrique quelque chose d’autonome, avec un début, un milieu et une fin. Les séquences se sont agencées les unes par rapport aux autres, le travail de structure et de montage a été le même que s’il y avait des images, avec les mêmes questionnements : sens de la durée, ellipses, dramaturgie, montage parallèle ou blocs.

Une voix, c’est un son avant d’être le vecteur d’une parole. Même chez Dylan, que l’on associe avant tout aux textes, ce qui prime pour moi, c’est d’abord de la musique, d’abord un son. J’ai plus besoin du sens de la musique que de celui des paroles. À la limite, c’est comme le cinéma. J’ai plus besoin des images que des dialogues.
J’ai hésité à un moment à faire appel à des voix, à avoir des chanteurs invités, ce qui aurait certainement rehaussé certains titres. Mais des voix auraient amené trop d’« ego ». Et n’auraient pas laissé cette place à l’autre, à l’auditeur/spectateur, qui m’importait. De ce point de vue, c’est comme pour mes autres films, la place de l’autre est très importante.

Je crois que j’aimerais bien faire des films qui, sans utiliser de musique, ressembleraient à cette musique. Mais ca me semble très difficile. Là, j’ai l’impression d’avoir vaguement trouvé ce que je cherche à faire dans le cinéma depuis longtemps, d’avoir vaguement réussi à dire en musique ce que j’aimerais dire en cinéma. Je ne veux évidemment pas dire que c’est mon meilleur film, mais en tout cas celui qui se rapproche le plus de ma sensibilité intime. C’est là la force de la musique, sa supériorité sur le cinéma.

Le film est traversé de bout en bout par toutes ces choses assez sombres. Les fantômes… Le sang … Les morts….
Néanmoins, ca me semble beaucoup moins gênant que si c’était un film traditionnel. Parce que même triste et mélancolique, la musique peut être lumineuse. Le côté léger et drôle de la musique ne m’intéresse pas, ne me touche absolument pas. La musique doit éclairer mes zones d’ombre. Et pour les éclairer, ou les éclaircir, il faut d’abord aller les chercher.

Distribution

Fiche technique

  • Réalisation et scénario : Bertrand Bonello
  • Produit par Bertrand Bonello
  • Musique originale : Bertrand Bonello
  • Image : Josée Deshaies
  • Montage : Fabrice Rouaud
  • Durée 42 minutes
  • Dates de sortie: 29 novembre 2006 Festival de Belfort
  • 12 septembre 2007 France
  • Un CD de 65 minutes est sorti en 2007 avec l'intégrale de la musique du projet de Bertrand Bonello


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Extrait vidéo sur Youtube

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