Ne touchez pas la hache

De Cinéann.

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Ne touchez pas la hache est un film franco-italien de Jacques Rivette, sorti en 2007

Sommaire

Synopsis

L'histoire se passe sous la Restauration. Le général de Montriveau est épris de la duchesse de Langeais, une coquette qui se refuse à lui et qui disparaît. Aidé par les puissants Treize, sorte de franc-maçonnerie aux pouvoirs occultes, il la poursuit jusqu'à un monastère espagnol où elle s'est réfugiée sous le nom de soeur Thérèse. Là, elle accepte de le recevoir en présence de la mère supérieure à qui elle fait croire que cet homme est son frère. Mais au dernier moment, elle avoue sa faute en même temps que son amour longtemps caché pour Montriveau.

Ce début amène un long retour en arrière, à l'époque où la Duchesse menait le monde par le bout du nez, faisant ménage à part avec son mari et méprisant ses soupirants.

Comprenant que la duchesse manœuvre et ne cédera jamais, Montriveau décide d'ignorer son aimée et d'organiser une sorte de vengeance. Montriveau kidnappe la duchesse au sortir d'un bal, la séquestre et menace de la marquer au fer rouge pour la punir, puis la libère sans passer à l'acte. Émue d'être épargnée, la duchesse s'avoue éprise et prête à se déshonorer, mais c'est l'officier qui la refuse, persuadé qu'elle continue à l'ensorceler, pour ne rien lui céder.

Critique

L'essentiel du film c'est ce face-à-face que nous offrent les deux personnages principaux, s’appuyant sur de très nombreux chassés-croisés, faisant ainsi du temps l’élément principal du film. Son rôle est ici primordial et tout tourne autour de lui. Chacun des personnages, sans le savoir, dépend du temps et réalise qu’il arrive toujours trop tard. C’est lui qui rythme la danse et découpe le récit en trois parties où celle du milieu n’est qu’un long flash-back traduisant cet amour-haine qui anime la Duchesse et le Général, les menant à leur perte.

Le goût du cinéaste pour la scène, pour l'exploration du rapport entre comédiennes et metteur en scène, explique un scénario fertile en coups de théâtre : l'horloge déréglée provoquant le rendez-vous raté, le rideau noir du couvent se refermant brutalement sur la religieuse entrevue. Autant d'objets qui illustrent une censure à la sauvagerie de la pulsion, qu'il s'agisse de la fougue du soldat comme de l'élan de la femme mal mariée, prise à son propre piège, torturée par un sentiment jusqu'alors inconnu pour elle, et auxquels il faut ajouter cette hache à double sens.

Via l'allusion à la décapitation du roi d'Angleterre Charles Ier en 1649, cet instrument barbare souligne en effet l'allégorie politique qui permet à Balzac de fustiger des valeurs désuètes et à rivette de rejeter un ordre trop pesant. Mais il fait aussi allusion à la torture infligée par Antoinette de langeais à son soupirant, auquel elle a fait perdre la tête : "Vous avez touché à la hache", chuchote Montriveau, en suggérant qu'elle risque fort de subir à son tour un châtiment corporel. Mais l'Histoire des Treize, cette société secrète Bonapartiste, qui menace l'aristocratie de la Restauration, est aussi présente.

Distribution

  • Jeanne Balibar : Antoinette de Langeais
  • Guillaume Depardieu : Armand de Montriveau
  • Michel Piccoli : Vidame de Pamiers
  • Bulle Ogier : Princesse de Blamont-Chauvry
  • Anne Cantineau : Clara de Sérizy
  • Mathias Jung : Julien
  • Julie Judd : Lisette
  • Marc Barbé : Marquis de Ronquerolles
  • Nicolas Bouchaud : De Trailles
  • Thomas Durand : De Marsay
  • Beppe Chierici : L'alcade
  • Victoria Zinny : La mère supérieure
  • Barbet Schroeder : Le duc de Grandlieu

Fiche technique

  • Réalisateur: Jacques Rivette
  • Scénario : Pascal Bonitzer et Christine Laurent d'après un roman de Honoré de Balzac La Duchesse de Langeais, publié en 1834
  • Producteurs : Roberto Cicutto, Martine Marignac, Luigi Musini , Ermanno Olmi , Maurice Tinchant
  • Production: France / Italie
  • Musique originale : Pierre Allio
  • Image : William Lubtchansky
  • Durée: 137 minutes
  • Date de sortie : 28 mars 2007
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