Notre dame

De Cinéann.

Notre dame , film français de Valérie Donzelli, sorti en 2019

Analyse critique

Maud Crayon est architecte. Elle est débordée et doit tout concilier, son travail d'architecte dans une agence dirigée par un chef tantôt cool tantôt tyrannique, ses deux enfants et son ex-compagnon Martial qui revient chaque fois qu'il se dispute avec sa nouvelle femme et qui se glisse dans son lit. En outre elle se découvre enceinte une nouvelle fois de Martial. Paris est montrée comme une ville de plus en plus difficile à vivre, entre déluges liés au réchauffement climatique et montée de la violence, matérialisée par une épidémie de gifles distribuées au débotté.

Après ce début réaliste, la réalisatrice glisse dans le conte. Un soir, une maquette qu'elle a réalisée s'envole magiquement par la fenêtre et se retrouve parmi les projets candidats à un concours d'aménagement du parvis de la cathédrale Notre-Dame de Paris, qu'elle remporte à l'unanimité du jury. elle est reçue en grande pompe par la maire de Paris

Désormais sous les feux des projecteurs, Maud retrouve à cette occasion Bacchus Renard, son ancien amoureux devenu journaliste, qui cherche à la séduire à nouveau tandis qu'elle suit le chantier avec son collègue Didier. Tout passe presque bien, mais le projet, au fil des évolutions, se met à ressembler sur les dessins à un énorme pénis, ce qui déclenche un scandale et soulève l'opposition de presque tous les publics.

Un procès s'engage, mais l'avocate, guère compétente, perd ses moyens au point de s'effondrer en plein tribunal, morte. Bacchus enfile une robe d'avocat et reprend la plaidoirie, mais il est vite démasqué, arrêté et emprisonné. Maud perd le procès, le projet est annulé. Elle se débarrasse alors définitivement de Martial. Après avoir accouché, elle ouvre enfin sa propre agence dans un petit local et retrouve Bacchus à sa sortie de prison.

Valérie Donzelli revient en force, mais tout en légèreté, avec cette comédie très rythmée et drôle sur les tribulations d’une héroïne aussi attachante que peu sûre d’elle. Hasard du du calendrier, son film, tourné avant l'incendie de la Cathédrale est sortie après et apporte un témoignage émouvant sur le monument. Elle retrouve son style bricolo-poétique de ses premiers films , à l’image des irrésistibles maquettes confectionnées par Maud. Avec son côté burlesque, le film décrit bien les maux de la société urbaine, la dureté des rapports sociaux, le sort des migrants, ou encore la charge mentale des femmes qui souhaitent vivre une vie indépendante.

Cet art de saisir l’air du temps par la fantaisie n’exclut en rien une autre lecture, plus intime et autobiographique. Notre dame est le récit d’un échec et d’une façon de s’en relever. Après le succès de La guerre est déclarée (2011), Valérie Donzelli avait connu un sérieux passage à vide à la sortie de Marguerite et Julien (2015), très mal accueilli. Avec pas mal d’autodérision et d’élégance, elle transfigure l’épisode avec cette histoire de reconstruction.

Distribution

  • Valérie Donzelli : Maud
  • Pierre Deladonchamps : Bacchus
  • Thomas Scimeca : Martial
  • Bouli Lanners : Didier
  • Virginie Ledoyen : Coco
  • Isabelle Candelier : Maire de Paris
  • Philippe Katerine : Martin Guénaud

Fiche technique

  • Réalisation : Valérie Donzelli
  • Scénario : Valérie Donzelli, Benjamin Charbit
  • Production : Alice Girard, Edouard Weil
  • Photographie : Lazare Pedron
  • Montage : Pauline Gaillard
  • Musique : Matthieu Sibony
  • Société de production : Rectangle productions
  • Durée : 89 minutes
  • Dates de sortie : 23 août 2019 (Festival Film Angoulême 2019)
    • 18 décembre 2019 (sortie nationale)
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