Paul Verhoeven
De Cinéann.
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En 2005, il revient aux Pays-Bas pour tourner son premier film néerlandais depuis près de trente ans, Black Book. Très grosse production à l'échelle néerlandaise, le film connait un net succès, battant en brèche les idées reçues sur la [[Seconde Guerre mondiale]]. | En 2005, il revient aux Pays-Bas pour tourner son premier film néerlandais depuis près de trente ans, Black Book. Très grosse production à l'échelle néerlandaise, le film connait un net succès, battant en brèche les idées reçues sur la [[Seconde Guerre mondiale]]. | ||
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+ | Le cinéma de Paul Verhoeven illustre sa profonde conviction que le sexe, la violence et la religion sont « les trois principaux éléments sur Terre ». Le premier est pour lui « la base de l'évolution », qu'il lui semble naturel de porter à l'écran. Le réalisateur admet le voyeurisme qu'implique sa caméra, et qu'il n'hésite pas à retranscrire. | ||
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+ | Verhoeven avoue prendre le même plaisir à filmer la violence. Elle et le sexe sont pour lui « deux choses fondamentales de notre univers », qu'il est important de ne pas cacher. Profondément marqué par la Seconde Guerre mondiale dans sa petite enfance, où son quotidien était rempli de « ruines, bombardements, morts dans la rue », Verhoeven estime en avoir hérité un regard clinique, sombre, qui remonte dans ses phases créatrices. La guerre, et la violence qui l'accompagne, forment souvent le décor de ses films, de ses premiers pas pour la Marine néerlandaise aux évocations de la Résistance dans Soldier of Orange, Black Book et son projet sur Jean Moulin, en passant par le conflit interstellaire de Starship Troopers. | ||
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+ | Le troisième thème, la religion, reste d'abord discret dans sa filmographie, puisqu'il faut attendre Le Quatrième Homme en 1983 pour le voir occuper le sujet principal. Elle apparaît aussi parfois de manière plus métaphorique, comme dans le Christ ressuscité en filigrane du héros de RoboCop, ou en arrière-plan, comme dans le personnage de « catholique romaine pure » que joue Virginie Efira dans Elle. Athée convaincu, le cinéaste voit la religion sous un angle profane, scientifique. Il avoue avoir connu un éphémère début de foi autour de 20 ans, au cours d'un séjour de deux semaines dans une communauté pentecôtiste, et ressentir depuis une curiosité insatiable sur le sujet, « omniprésent dans notre société ». | ||
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+ | Outre ces trois thèmes majeurs, le cinéma de Verhoeven est aussi très marqué par sa formation en mathématiques et physique. Ses films renferment une grande précision, qu'on retrouve tant dans l'observation des corps sous l'angle anatomique dans Turkish Délices, que dans la scène de sexe minutieusement chorégraphiée de Basic Instinct. | ||
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+ | Verhoeven, père de deux filles et resté fidèle à son épouse, a également souvent filmé les femmes. Partisan de la parité, il les met généralement en scène dans des situations tragiques qui les contraignent à user de charme, de courage et d'intelligence pour s'en sortir. Dans Black Book et Elle, c'est sur une héroïne que repose l'intrigue. | ||
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+ | Un autre thématique présente est celle de l'ambiguïté. Une grande part de la filmographie de Verhoeven est marquée par des personnages énigmatiques, souvent tiraillés entre des courants contraires. Le policier mi-homme mi-machine de RoboCop, l'agent double de Total Recall ou les héros très lisses de Starship Troopers s'ajoutent ainsi aux héroïnes équivoques de Basic Instinct, Showgirls et Elle. Le cinéaste continue de « détourner la norme », en multipliant les hypothèses, en jouant sur les nuances, en manipulant la morale autant que l'intrigue, sans « jamais jeter une interprétation au visage du spectateur » | ||
=== Filmographie === | === Filmographie === | ||
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* 1965 : L'Infanterie de marines (Het Korps Marinier) | * 1965 : L'Infanterie de marines (Het Korps Marinier) | ||
* 1970 : Le lutteur (De Worstelaar) | * 1970 : Le lutteur (De Worstelaar) | ||
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'''Longs Métrages''' | '''Longs Métrages''' | ||
- | * | + | * 1971 : ''Business is business'' (''Wat zien ik?'') |
- | * | + | * 1973 : ''Turkish Délices'' (''Turks Fruit'') |
- | * | + | * 1975 : ''Keetje Tippel'' (d'après l'œuvre de Neel Doff) |
- | * | + | * 1977 : ''Le Choix du destin'' (''Soldaat van Oranje'') |
- | * | + | * 1980 : ''[[Spetters]]'' |
- | * | + | * 1983 : ''Le Quatrième Homme'' (''De Vierde Man'') |
- | * | + | * 1985 : ''[[La Chair et le Sang]]'' (''Flesh and Blood'') |
- | * | + | * 1987 : ''Robocop'' |
- | * | + | * 1990 : ''[[Total Recall]]'' |
- | * | + | * 1992 : ''[[Basic Instinct]]'' |
- | * | + | * 1995 : ''Showgirls'' |
- | * | + | * 1997 : ''Starship Troopers'' |
- | * | + | * 2000 : ''L'Homme sans ombre'' (''Hollow Man'') |
- | * | + | * 2005 : ''[[Black Book]]'' |
- | *2012 : ''Tricked'' (''Steekspel'') | + | * 2012 : ''Tricked'' (''Steekspel'') |
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Version actuelle en date du 29 juin 2017 à 05:55
Paul Verhoeven cinéaste néerlandais, né le 18 juillet 1938 à Amsterdam (Pays-Bas).
Il existe aussi Paul Verhoeven, cinéaste allemand moins connu (1901-1975)
Biographie
Ayant réalisé une grande partie de sa filmographie aux États-Unis, il est célèbre pour avoir tourné des films provocateurs, assez violents (Robocop, Total Recall) ou sulfureux (Basic Instinct, Showgirls). La presse spécialisée, en particulier le magazine Première, le surnomme même le hollandais violent.
Il fait ses études à l'université de Leyde (Leiden) à la fois en mathématique et en physique. Il rejoint la marine néerlandaise et c'est dans ce service qu'il découvre le cinéma en réalisant des documentaires. Il est engagé par la télévision du pays. Son premier succès vient en 1969 avec la série télévisée Floris (avec Rutger Hauer). Son premier film, Wat Zien Ik?, sort en 1971 mais n'est pas particulièrement bien reçu. Son premier succès national vient avec Turks Fruit en 1973. Il continue à bâtir sa renommée et suite à quelques succès internationaux, tel Soldaat van Oranje qui obtient le Golden Globe, il émigre aux États-Unis.
De l'autre coté de l'Atlantique, il change son style. Il dirige des films à gros budget et violents, tel RoboCop (1987) et Total Recall (1990) qui ont la particularité de mélanger pur divertissement et critique acerbe des dérives de la société contemporaine, celle des États-Unis en particulier. Ainsi RoboCop est-il un tableau au vitriol du capitalisme et de l'ultra libéralisme où l'aspect humain est écrasé par les intérêts politiques et financiers, alors que Total Recall montre les dérives de la société de consommation et des plaisirs.
Il continue ses succès avec Basic Instinct (1992) puis le « flop » de Showgirls (1995). Après ce film il revient à la violence qui a marqué ses premiers films et réalise Starship Troopers (1997) et Hollow Man (2000). Starship Troopers lui permet de renouer avec son style provocateur et iconoclaste du cinéma hollywoodien : cette fois-ci, il s'attaque au culte du militarisme et aux mécanismes de propagande des masses. Le film adopte un style outrancier et à l'imagerie fasciste évidente pour mieux la ridiculiser, mais une partie de la critique américaine ne le suit pas et le traite de « fasciste ».
En 2005, il revient aux Pays-Bas pour tourner son premier film néerlandais depuis près de trente ans, Black Book. Très grosse production à l'échelle néerlandaise, le film connait un net succès, battant en brèche les idées reçues sur la Seconde Guerre mondiale.
Thématiques
Le cinéma de Paul Verhoeven illustre sa profonde conviction que le sexe, la violence et la religion sont « les trois principaux éléments sur Terre ». Le premier est pour lui « la base de l'évolution », qu'il lui semble naturel de porter à l'écran. Le réalisateur admet le voyeurisme qu'implique sa caméra, et qu'il n'hésite pas à retranscrire.
Verhoeven avoue prendre le même plaisir à filmer la violence. Elle et le sexe sont pour lui « deux choses fondamentales de notre univers », qu'il est important de ne pas cacher. Profondément marqué par la Seconde Guerre mondiale dans sa petite enfance, où son quotidien était rempli de « ruines, bombardements, morts dans la rue », Verhoeven estime en avoir hérité un regard clinique, sombre, qui remonte dans ses phases créatrices. La guerre, et la violence qui l'accompagne, forment souvent le décor de ses films, de ses premiers pas pour la Marine néerlandaise aux évocations de la Résistance dans Soldier of Orange, Black Book et son projet sur Jean Moulin, en passant par le conflit interstellaire de Starship Troopers.
Le troisième thème, la religion, reste d'abord discret dans sa filmographie, puisqu'il faut attendre Le Quatrième Homme en 1983 pour le voir occuper le sujet principal. Elle apparaît aussi parfois de manière plus métaphorique, comme dans le Christ ressuscité en filigrane du héros de RoboCop, ou en arrière-plan, comme dans le personnage de « catholique romaine pure » que joue Virginie Efira dans Elle. Athée convaincu, le cinéaste voit la religion sous un angle profane, scientifique. Il avoue avoir connu un éphémère début de foi autour de 20 ans, au cours d'un séjour de deux semaines dans une communauté pentecôtiste, et ressentir depuis une curiosité insatiable sur le sujet, « omniprésent dans notre société ».
Outre ces trois thèmes majeurs, le cinéma de Verhoeven est aussi très marqué par sa formation en mathématiques et physique. Ses films renferment une grande précision, qu'on retrouve tant dans l'observation des corps sous l'angle anatomique dans Turkish Délices, que dans la scène de sexe minutieusement chorégraphiée de Basic Instinct.
Verhoeven, père de deux filles et resté fidèle à son épouse, a également souvent filmé les femmes. Partisan de la parité, il les met généralement en scène dans des situations tragiques qui les contraignent à user de charme, de courage et d'intelligence pour s'en sortir. Dans Black Book et Elle, c'est sur une héroïne que repose l'intrigue.
Un autre thématique présente est celle de l'ambiguïté. Une grande part de la filmographie de Verhoeven est marquée par des personnages énigmatiques, souvent tiraillés entre des courants contraires. Le policier mi-homme mi-machine de RoboCop, l'agent double de Total Recall ou les héros très lisses de Starship Troopers s'ajoutent ainsi aux héroïnes équivoques de Basic Instinct, Showgirls et Elle. Le cinéaste continue de « détourner la norme », en multipliant les hypothèses, en jouant sur les nuances, en manipulant la morale autant que l'intrigue, sans « jamais jeter une interprétation au visage du spectateur »
Filmographie
Courts métrages
- 1960 : Un lézard de trop (Een hagedis teveel)
- 1961 : Rien de particulier (Niets bijzonders)
- 1962 : De Lifters
- 1963 : La Fête (Feest)
- 1965 : L'Infanterie de marines (Het Korps Marinier)
- 1970 : Le lutteur (De Worstelaar)
Longs Métrages
- 1971 : Business is business (Wat zien ik?)
- 1973 : Turkish Délices (Turks Fruit)
- 1975 : Keetje Tippel (d'après l'œuvre de Neel Doff)
- 1977 : Le Choix du destin (Soldaat van Oranje)
- 1980 : Spetters
- 1983 : Le Quatrième Homme (De Vierde Man)
- 1985 : La Chair et le Sang (Flesh and Blood)
- 1987 : Robocop
- 1990 : Total Recall
- 1992 : Basic Instinct
- 1995 : Showgirls
- 1997 : Starship Troopers
- 2000 : L'Homme sans ombre (Hollow Man)
- 2005 : Black Book
- 2012 : Tricked (Steekspel)
- 2015 : Elle
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