Promesse

De Cinéann.

Promesse (人間の約束 , Ningen no yakusoku) film japonais de Kijû Yoshida sorti en 1986

Analyse critique

Dans la nouvelle ville de Tama, à la périphérie de Tokyo, vit la famille Morimoto. Un matin, on découvre la vieille Tatsu morte, avec des traces de congestion. La police arrive, menée par l'inspecteur Tagami. La mort ne semble pas complétement naturelle et Ryosaku, le mari de Tatsu, commence par déclarer que l'assassin est sa belle-Fille, Ritsuko. Mais, le soir, revenant sur cette déclaration, il affirme que c'est lui qui a étranglé sa femme. Comme c'est un vieillard sénile, on ne le croit pas, et d'autre part, le médecin-légiste a prouvé qu'il ne s'agit pas de strangulation, mais que Tatsu a été asphyxiée, la tête plongée dans l'eau d'un baquet. Construit autour d’un vaste flash-back, Promesse revient sur les derniers moments de la vie de Tatsu : sa maladie, sa souffrance, son fils qui la place dans un hospice, le retour dans la demeure familiale et ses derniers instants.

La veillée funèbre et les obsèques de Tatsu sont célébrées, et Noshio, le fils, se remémore les scènes de l'hôpital où il avait fait enfermer Tatsu, pour ne plus l'avoir à la maison. Puis, Ryosaku avait disparu : on l'avait retrouvé en train de creuser sa propre tombe dans le cimetière. Les souvenirs se succèdent et Ryosaku se rappelle son pays natal, autrefois un marécage où flottaient les algues, et qui a complètement changé à cause de l'industrialisation forcenée. Les tensions à l'intérieur de la famille sont de plus en plus vives, entre les parents et les enfants, qui supportent mal la présence de Ryosaku, et à cause de la relation de Yoshio avec une maîtresse, soupçonnée par sa femme. Arrive enfin le moment décisif : une nuit où tout le monde dormait, Tâtsu s'est approchée du baquet d'eau, et a plongé sa tète, en disant : "Laissez-moi mourir". Lorsqu'elle replonge la tête dans l'eau, une main s'approche et la pousse encore.

Ce qui frappe dans ce film, c’est la crudité avec laquelle Yoshida aborde la question du vieillissement et de la sénilité puisque rien ne nous est épargné, des escarres douloureuses aux vessies qui lâchent régulièrement. Il ne s’agit en aucun cas de complaisance malsaine mais d’une frontalité qui ne recule pas devant la nudité d’un corps flétri par le temps et d’où se dégage une intensité dramatique assez impressionnante. Le spectateur ressent presque physiquement la douleur, l’humiliation, l’impuissance de ces vieillards face à leurs corps qui les abandonnent et les rendent dépendants de leurs enfants qui doivent se charger de les laver et de leur changer les couches.

Le cinéaste n’élude rien, ni la cruauté de l’univers déshumanisé de l’hôpital où le rire des autres patients accueillent les plaintes douloureuses de Tatsu, ni les petits détails qui font l’acuité de son regard comme le désir de plaire de la vieillarde qui se mire dans un miroir d’eau et n’hésite pas à se mettre du rouge à lèvres, comme si prendre soin de son corps était le dernier moyen de repousser un temps la mort.

Au-delà de la description « clinique » de la fin d’une vieille femme et de la question de l’euthanasie, le cinéaste dresse un état des lieux pessimiste de la cellule familiale japonaise en confrontant trois générations différentes sous un même toit. Le vieillissement des deux personnages principaux devient l’image du vieillissement de toute une société dont la structure reposait jusqu’à présent sur la cellule familiale. A part une scène de conflit direct assez violente, l’implosion de cette cellule se fait de façon larvée : ce sont des non-dits pesants, des regards lourds, de petits mensonges et une indifférence de plus en plus prononcée vis-à-vis d’autrui.

Il se dégage alors de l’œuvre une tonalité profondément mélancolique où se mêlent à la fois la douleur du temps qui passe, la solitude et le vide existentiel qui mine petit à petit les personnages. Plus qu'un un film « à thèse »,pour ou contre l’euthanasie ? , Promesse propose dans un même mouvement une image et son analyse. Ce film s’inscrit parfaitement dans la filmographie d’un cinéaste qui a toujours tenté de dévoiler ce que recèle véritablement l’image. Derrière l’image d’un crime se dessine alors le visage de la souffrance et d’une société à l’agonie.

"En faisant ce film sur l'euthanasie des personnes agées dans une société vieillissante, je n'avais pas pour objectif d'en questionner le bien-fondé. L'image récurrente de l'eau, cette eau sans cesse changeante, entendait ainsi refléter la petite existence ignorante des hommes, incapables de connaitre même leur propre mort." Kijû Yoshida

Distribution

  • Rentarô Mikuni : Ryosaku Morimoto
  • Sachiko Murase : Tatus, la femme de Ryosaku
  • Chôichirô Kawarazaki : Yoshio, le fils de Ryosaku
  • Kôichi Satô : Detective Yoshikawa
  • Orie Satô : Ritsuko, femme de Yoshio
  • Tetta Sugimoto : Takao, fils de Yoshio
  • Reiko Tajima : Saeko Nogawa
  • Chôei Takahashi : Takeya Nakamura
  • Kumiko Takeda : Naoko, fille de Yoshio
  • Tomisaburô Wakayama : Detective Tagami
  • Masakane Yonekura : Detective Miura

Fiche technique

  • Titre original : 人間の約束 Ningen no yakusoku
  • Réalisation : Kijû Yoshida
  • Scénario : Fukiko Miyauchi, Kiju Yoshida d'apès le roman de Shuichi Sae
  • Producteurs Kiyoshi Fujimoto ; Matsuo Takahashi
  • Musique originale : Haruomi Hosono
  • Image : Yoshihiro Yamazaki
  • Montage : Akira Suzuki
  • Durée : 124 mn
  • Dates de sortie : Japon 13 septembre 1986
    • USA 17 mars 1987


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