Quelque chose d'organique

De Cinéann.

Quelque chose d'organique , premier long-métrage de Bertrand Bonello, sorti en 1998.

Analyse critique

Paul et Marguerite s’aiment depuis cinq ans. Paul s'inscrit dans un quotidien, il est dans la répétition des choses. Contrairement à Marguerite dont la trajectoire emprunte à la tragédie un sens de la pureté et de la morale. Leur amour est organique, basculant sans cesse du réel à l’absolu et de l’absolu au tragique. L'observation d'un couple dont l'amour est viscéral et où, pourtant, une distance se creuse. Laurent Lucas et Rohmane Bohringer jouent de leurs corps et de leurs silences pour exprimer une faille invisible, fausse note sur laquelle reposerait ce film en forme de partition musicale, variation sur la peur, toujours mise en sourdine.

Bertrand Bonello construit un récit fragmenté dont chaque pièce semble jouir d'une autonomie d'autant plus grande qu'elle ne renvoie jamais à une volonté claire de démontrer, de dire quelque chose. «Organique» est donc bien le mot qui convient à la prolifération de cellules du film. Les odeurs de zèbres ou de bière, des lumières de lampes halogènes ou de matinées pluvieuses, des sensations de malaise, des secrets bien gardés et du linge sale brutalement étalé, c'est toute une biologie contrariante qui agite ce corps fiévreux et que l'on ne peut plus raisonner. A rebours d'un certain esprit de bonté qui prévaut aujourd'hui dans tant de films français, ce film entend rendre compte de nos vies avec une cruauté calme et un détachement individualiste peu commun. Qu'il s'agisse indifféremment d'immigrés en situation irrégulière entassés dans un appartement, de la mort du fils de Paul ou d'un sentiment d'abandon généralisé, Bertrand Bonello envisage ces cas de figure pathétiques à travers le prisme du fatalisme.

Pour Sophie Grassin, de l'Express, « Chez Bonello, la tristesse a les yeux secs, la violence se fait souterraine, les gestes parlent haut. Épaulé par des paysages hivernaux et deux comédiens qui donnent l'essentiel d'eux-mêmes, le cinéaste se débarrasse de toute psychologie pour creuser jusqu'à l'os. Il faut s'immerger dans cet espace muet mais tourmenté: ce film-là le vaut. »

Distribution

  • Laurent Lucas : Paul
  • Romane Bohringer : Marguerite
  • Charlotte Laurier : Sarah
  • David DiSalvio : Georges
  • Richard Notkin : le gardien du zoo
  • Stephen J. Smith : le père de Paul
  • Mourad Mimouni : Ahmed
  • Simon Hetu : Léo
  • Robert Warren : le prêtre

Fiche technique

  • Réalisation et scénario : Bertrand Bonello
  • Photographie : Josée Deshaies
  • Musique originale : Laurie Markovitch
  • Montage : Dominique Auvray
  • Production : Haut et Court
  • Durée : 90 mn
  • Date de sortie : 4 novembre 1998
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