Sade (2000)

De Cinéann.

Sade film français de Benoît Jacquot, sorti en 2000.

Analyse critique

1794. Le marquis de Sade, écrivain libertin, est un homme considéré comme indigne de la société et immoral.

Sous la Terreur , pendant la Révolution, il est renvoyé en prison du fait de sa noblesse, puis transféré dans une fausse maison de cure, la clinique de Picpus, où la petite noblesse et l'aristocratie arrêtée tente d’échapper à une mort sanglante en soudoyant les geôliers pour échapper au procès à l’issue certaine.

Sade y rencontre sa maîtresse Marie Constance Quesnet, à qui il doit la survie alors qu’il se retrouve complètement ruiné. Au milieu de femmes aimantes et sans maris, Sade se recrée son univers de débauche et y étanche sa soif de liberté. Il ne tarde pas à les séduire et à les prendre à ses jeux pervers.

Ce que le film nous montre de Sade, c'est un mari qui doit la vie à l'infidélité de sa femme, un père, un écrivain, un homme libre malgré la prison. Libre de penser, de séduire, d'écrire (même s'il ne signe pas ses œuvres), et de vivre. Sa liberté d'esprit se manifeste notamment lorsqu'il décide de mettre en scène une pièce de théâtre dans le parc de la pension, malgré les décapitations qui se multiplient et la prochaine réquisition du parc en charnier.

Semblant souvent indifférent au monde extérieur, Sade ne se soucie guère de l'épée de Damoclès qui pend au-dessus de sa tête et de celle de ses "colocataires".

Benoît Jacquot a choisi de dévoiler très peu de l'œuvre de Sade. A peine évoque-t-on "Justine", qui a valu la mort à son imprimeur, et les pratiques sexuelles qui ont fait la réputation du marquis sont seulement suggérées deux ou trois fois. Par exemple lorsqu'Emilie de Lancris ne résiste pas à la tentation de lire quelques feuillets que Sade vient d'écrire et s'enfuit en courant après deux secondes de lecture. Une seule scène laisse entrevoir le rapport qu'entretient Sade avec la sexualité.

Tout droit sortie de La Philosophie dans le Boudoir, elle montre Sade en train de guider deux jeunes gens, dont Émilie, vers la perte de leur virginité. Sade en profite pour se faire fouetter un peu mais cette scène reste une version très édulcorée de celle que l'on peut lire dans La Philosophie. Naturellement, l'intérêt du film n'aurait pas été d'en montrer plus, toutefois on peut se demander comment arriver à saisir ce qu'était Sade, en tant qu'homme et en tant qu'écrivain, si l'on occulte son processus d'écriture, son inspiration, ce qui le pousse à écrire autant sur le sexe et ses pratiques un peu particulières.

En gommant tout ce qui pouvait choquer, Benoît Jacquot a fait un film agréable à regarder et qui replonge dans un contexte d'après-révolution intéressant mais n'est-il pas passé à côté de Sade?

Distribution

  • Daniel Auteuil : Le marquis de Sade
  • Marianne Denicourt : Sensible
  • Jean-Pierre Cassel : le vicomte de Lancris
  • Grégoire Colin : Fournier
  • Jeanne Balibar : Madame Santero
  • Isild Le Besco : Émilie de Lancris
  • Jalil Lespert : Augustin
  • Philippe Duquesne : Coignard
  • Sylvie Testud : Renée de Sade
  • Dominique Reymond : Madame de Lancris

Fiche technique

  • Titre : Sade
  • Réalisation : Benoît Jacquot
  • Scénario : Jacques Fieschi et Bernard Minoret, d’après l’œuvre de Serge Bramly, La Terreur dans le boudoir,publié en 1994
  • Production : Alicéleo (France), Cofimage 11 (France), Studio Canal (France), TF1 Films Production (France)
  • Producteur : Patrick Godeau
  • Photographie : Benoît Delhomme
  • Musique : Francis Poulenc
  • Montage : Luc Barnier
  • Durée : 100 minutes
  • Date de sortie : 23 août 2000

Distinctions


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