Trans-Europ-Express
De Cinéann.
Trans-Europ-Express , film franco belge de Alain Robbe-Grillet, sorti en 1966
Analyse critique
Un scénariste (Alain Robbe-Grillet lui-même), un producteur et leur secrétaire prennent en gare du Nord le Trans-Europ-Express en direction d'Anvers. L'ambiance du train, le charme de la conversation, leur rencontre fortuite avec Jean-Louis Trintignant (un voyageur comme eux) leur inspire un scénario policier.
Jean-Louis Trintignant devient Elias, apprenti trafiquant de disque, effectuant à Anvers une mission d'essai : prendre livraison d'une valise de cocaïne pour la ramener à Paris. A Anvers, Elias se voit engagé dans l'engrenage d'un monde peuplé de policiers et d'espions, ou de faux policiers et de faux espions, auxquels il se doit constamment d'échapper où de rendre des comptes.
Mais l'imagination inconsciente des auteurs ne domine bientôt plus leur héros. Celui-ci poursuit, parallèlement à sa mission policière, un délire sexuel obsédant. Aussi bien, il contacte une prostituée, Eva, qui se prête d'assez bonne grâce à ses manoeuvres érotico-sadiques. Elias, découvrant qu'Eva appartient au réseau ennemi, l'étrangle au cours d'une scène orgiaque. Exploitant son obsession, la police lui tend un piège dans une boite de nuit spécialisée. Il sera abattu. Le train entre en gare d'Anvers. Les auteurs en descendent, ainsi que Jean-Louis Trintignant.
Pour son deuxième long métrage Robbe-Grillet prend un tournant très personnel, en marge de la Nouvelle Vague, et provoque des réactions très contrastées parmi le public et la critique. Le film est interdit aux moins de 18 ans à sa sortie, en raison de ses séquences érotiques et sadiques.
Les amateurs de logique et de récits cohérents sont complètement déroutés. De plus la mise en scène est volontairement plate. Par contre le jeu des acteurs, en particulier Jean-Louis Trintignant et Marie-France Pisier est intense et rend crédible le récit (ou plutôt son absence). Si la trame narrative est décousue, les personnages principaux ont cependant leur vérité et leur densité les rend presque vraisemblable.
Ce film se situe dans l'héritage de l'Année dernière à Marienbad de Alain Resnais et annonce peut-être Eyes Wide Shut, dernier opus de Stanley Kubrick.
Distribution
- Jean-Louis Trintignant : Elias / Lui-même
- Marie-France Pisier : Eva
- Nadine Verdier : La femme de chambre
- Christian Barbier : Lorentz
- Charles Millot : Franck
- Daniel Emilfork : Policier
- Henri Lambert : Inspecteur
- Alain Robbe-Grillet : Jean le réalisateur
- Catherine Robbe-Grillet : Lucette
Fiche technique
- Réalisation et scénario : Alain Robbe-Grillet
- Production : Samy Halfon
- Musique originale : Michel Fano
- Image : Willy Kurant
- Montage : Bob Wade
- Durée : 105 minutes
- Format : Noir et blanc, son mono
- Date de sortie : 1966
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