Un homme d'exception

De Cinéann.

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Un homme d'exception (A Beautiful Mind) film réalisé en 2001 par Ron Howard adapté de la biographie homonyme (A Beautiful Mind) de John Forbes Nash.

Sommaire

Analyse critique

En 1947, John Forbes Nash Jr. est un brillant élève, qui élabore sa théorie économique des jeux à l'Université de Princeton. Pour lui, les fluctuations des marchés financiers peuvent être calculées très précisément.

Au début des années 1950, suite à ses travaux et son enseignement au Massachusetts Institute of Technology, William Parcher se présente à lui pour lui proposer d'aider secrètement les États-Unis. La mission de John consiste à décrypter dans la presse les messages secrets d'espions russes, censés préparer un attentat nucléaire sur le territoire américain. Celui-ci y consacre rapidement tout son temps, et ce, au détriment de sa vie de couple avec Alicia. Mais tout cela n'est qu'un délire qui le conduit à l'internement.

Avec son histoire exemplaire, sa distribution solide et Ron Howard aux commandes, Un Homme d'exception fait figure de premier de la classe. S'il est difficile de rester insensible face à un tel récit source d'inspiration, on ne peut que regretter qu'une réalisation pesante vienne trop souvent donner à l'ensemble un goût de téléfilm familial.

Un des atouts du film est sans aucun doute d'avoir su développer une approche créative d'un sujet plutôt roboratif au demeurant, les mathématiques. Howard arrive à plusieurs reprises à rendre la recherche mathématique excitante. Cependant Ron Howard sort un peu trop souvent les violons tandis qu'une musique omniprésente rappelle ostensiblement que la séquence est grave. On aurait préféré un peu plus de retenue, ce qui aurait amoindri les fins spectaculaires du long métrage. Il ne manque ni l'idylle à l'eau de rose ni le discours moralisateur final.

Côté réalisme, le film possède une qualité majeure: montrer que la schizophrénie n'est pas un mal sans remède, et rendre leur dignité aux personnes qui en souffrent. Mais le spectateur qui aura, après avoir vu le film, eu la curiosité de lire le livre constatera que le délire de Nash, tel qu'il est décrit par la journaliste, n'a rien à voir avec ce qui est montré au cinéma. Son délire réel était bien moins terrifiant, moins spectaculaire, que ce qu'on nous montre. Or, seule une minorité de spectateurs prendront la peine de lire le livre. Ils retireront du film un idée totalement fausse de ce qu'est réellement la schizophrénie.

Exemple: dans les dernières minutes du film, Nash déclare peu avant la scène de remise du Nobel, qu'il prend "les nouveaux médicaments". C'est un mensonge: dans la réalité, Nash avait cessé de prendre des neuroleptiques au début des années 1970. Dans un interview à la Télévision Suisse Romande, le réalisateur, Ron Howard, aurait déclaré avoir menti sciemment pour éviter que des patients renoncent à prendre des médicaments après avoir vu le film...

C'est plutôt maladroit, et en contradiction avec le reste du film, qui montre, justement, que Nash avait cessé de prendre ses médicaments parce qu'ils diminuaient ses facultés intellectuelles et l'empêchaient de faire l'amour avec sa femme. Qu'il avait décidé d'affronter son mal sans médicaments: au lieu de tenter de faire disparaître les hallucinations dont il souffrait, il avait appris à vivre avec. Ce qui s'était avéré être le bon choix.

Il faut savoir qu'un délire schizophrène véritable est généralement moins spectaculaire que ce que nous montre "un homme d'exception". Dans le film, Nash souffre de hallucinations persistantes, à la fois visuelles, auditives, et tactiles, qui lui font voir, entendre, et sentir des personnes n'existant que dans son imagination... Il continue à les "voir" même après avoir réalisé qu'elles n'existent pas!

Des hallucinations d'un tel type sont hautement improbables. Les hallucinations dont souffrent les patients psychiatriques sont le plus souvent auditives. Il peut également arriver qu'un patient voie une chose vraie en la prenant pour ce qu'elle n'est pas: par exemple, il voit une cheminée sur un toit, croit que c'est une personne, et imagine que cette personne l'observe. Mais voir et entendre des personnes purement imaginaires, les toucher, des années durant? J'ai interrogé à ce sujet un ami psychiatre, qui a longtemps travaillé en clinique. Il ne se souvient d'aucun cas de ce genre.

Dans le film, cela va plus loin encore: Nash monte dans la voiture d'un personnage imaginaire, "travaille" sous ses ordres à déchiffrer des "messages secrets" glissés dans les articles de quotidiens.Dans le livre de Sylvia Nasar, réédité à l'occasion de la sortie du film avec la photo de l'acteur sur la couverture, nulle mention n'est faite de ces phénomènes plus qu'incroyables.

Pour conclure, un sujet solide, une interprétation excellente, mais une sauce hollywoodienne qui rend le film assez lourd à digérer

Distribution

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Fiche technique

  • Titre : Un homme d'exception
  • Titre original : A Beautiful Mind
  • Réalisation : Ron Howard
  • Scénario : Akiva Goldsman
  • Musique : James Horner
  • Durée : 135 minutes (2h15)
  • Date de sortie :

Récompenses

En 2002 :


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