Valse avec Bachir

De Cinéann.

Valse avec Bachir (en hébreu ואלס עם באשיר ; Waltz with Bashir pour le titre anglais) est un film d'animation de 2008 réalisé par Ari Folman. C'est une coproduction internationale entre Israël, l'Allemagne et la France.

Analyse critique

En 1982, Ari Folman a vingt ans et fait son service militaire dans l'armée de son pays. En 2006, il rencontre un ami de cette époque qui lui raconte ses cauchemars, liés à l'Opération Paix en Galilée. Folman se rend compte qu'il n'a pas de souvenirs de cette époque, mais, le soir même, il rêve d'un épisode du massacre de Sabra et Chatila dont il ne sait pas s'il a réellement eu lieu.

Dans son souvenir, lui et d'autres soldats israéliens se baignent dans la baie de Beyrouth sous la lumière des fusées éclairantes qui explosent au dessus de la ville. Il va alors enquêter sur cette époque pour savoir ce qui s'est réellement passé pendant la guerre, plus spécialement à Sabra et Chatila. Le film se termine alors sur des images documentaires réelles filmées par la télévision britannique lors des évènements.

Le film, proche du questionnement documentaire, aborde la question de la mémoire et de l'oubli. Il s'intéresse en particulier aux soldats israéliens confrontés aux souvenirs du massacre de Sabra et Chatila en 1982 lors de l'intervention militaire israélienne au Liban de 1982 : partie prenante ou spectateurs ? Ce thème historique est atypique pour un film d'animation.

Le film était en compétition officielle du 61e Festival de Cannes (2008), où il a reçu un large succès de la critique lors de sa première.

Cette fresque explore l'inconscient d'Ari Folman, confessant que ce film est son « histoire personnelle » et dont les nuits sont troublées par des hallucinations.

Il s'agit du premier long métrage documentaire d'animation (un court-métrage documentaire d'animation avait été fait en 1994 par Chris Landreth sous le titre Ryan).

Le titre fait référence à une scène du film où, pendant un combat en plein Beyrouth, un officier israélien tire longuement en tournant sur lui-même, effectuant ce qui ressemble à une valse, à quelques mètres d'un immense portrait de Bachir Gemayel. Le meurtre de Gemayel fut, à l'époque, l'évènement déclencheur des massacres de Sabra et Chatila.

Valse avec Bachir est un film pour adultes, mû par une profonde inquiétude, conduit comme une psychanalyse. Qu'ai-je donc fait à Beyrouth, en septembre 1982, pendant le massacre perpétré par les chrétiens phalangistes dans les camps de réfugiés palestiniens de Sabra et Chatila ? Ainsi se tourmente Ari, l'auteur-réalisateur.

Le film progresse à coups de témoignages d'anciens compagnons d'armes, auprès desquels Ari cherche à reconstituer ses souvenirs. Le choix du dessin est celui de l'imaginaire, de la fiction, du spectacle.

Ce choix se révèle également fulgurant pour refléter la navigation du récit entre présent et passé, fantasmes et vérités, ou pour suggérer tour à tour la dilatation et la rétractation du temps. Non seulement les souvenirs d'Ari lui font défaut, mais les anciens soldats qu'il retrouve paraissent eux-mêmes flotter dans les eaux troubles de leur mémoire et d'images qu'ils ont reconstruites a posteriori. A l'écran, tout présente le même degré de réalité ou d'irréalité : les corps fatigués d'aujourd'hui et ceux, juvéniles, d'hier, les flashs mentaux et les épisodes avérés, les souvenirs et les scènes oniriques.

Valse avec Bachir ne réserve cependant aucune vraie révélation sur Sabra et Chatila et le laisser-faire coupable de l'armée israélienne lors des massacres. Ari Folman cherche avant tout à regarder enfin en face une vérité déjà accessible à autrui depuis longtemps. Sa quête est personnelle, et de cette dimension intime, commune à tous les témoignages recueillis, découle l'émotion spéciale provoquée par le film. Autour de la tâche aveugle des tueries de Beyrouth ressurgissent les années 80 d'une jeunesse banale, rétrospectivement bouleversante : le tube Enola Gay, d'Orchestral Manoeuvres in the Dark, les soirées en boîte et leur tension sexuelle, les odeurs de patchouli prisées alors par les jeunes Israéliens.

Pour ces garçons d'autrefois, l'expérience du front était éventuellement une façon de conjurer un manque de succès auprès des filles ou la blessure d'avoir été quittés par leur copine. L'un croit se souvenir de son trajet en bateau vers Beyrouth comme d'une croisière sur un yacht avec la fête à bord, une cuite et un rêve érotique titanesque sur le pont. En chacun et comme pour toute guerre, le maniement des armes - sensation de toute-puissance comprise - et le voisinage de la mort ont provoqué un dérèglement à long terme, la culpabilité d'avoir survécu, un renoncement aux ambitions d'avant le départ.

Fiche technique

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Site officiel du film

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