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La Blonde et moi (The Girl Can't Help It) est un film américain de Frank Tashlin, sorti en 1956.

Analyse

Le mafieux Marty Murdock souhaite faire de sa futur femme, Jerri Jordan, une vedette de la chanson. Pour cela il engage Tom Miller, ancien impressario, alcoolique, qui accumule les dettes de bar depuis que Julie London, son ancienne vedette, l'a quittée. Miller use d'une stratégie qui a fait ses preuves pour faire remarquer Jerri, mais il s'apperçoit vite qu'elle chante complètement faux et n'aspire qu'à devenir une femme au foyer modèle.

Comédie extravagante, loufoque, originale et moderne, La Blonde et moi semble tout droit sorti d’un cartoon rythmé au son rock’n’roll des années cinquante. Pas étonnant car son auteur, Frank Tashlin, a débuté dans les studios d'animation de la Warner Bros et y côtoyait Tex Avery. C’est d’ailleurs aux dessins animés de ce dernier auxquels on pense le plus en voyant, par exemple, la blonde platine en robe rouge, Jayne Mansfield, déambuler dans les cabarets ou en voyant Marty « Fats » Murdoch, gangster aux costumes colorés et excentriques. La séquence où Jerry arrive chez Tom Miller en est un parfait exemple. Sur son simple passage, Jerry fait fondre la glace, fait bouillir le lait du livreur et brise les verres des lunettes d’un voisin de Tom.

Sorte de parodie du film de George Cukor, Comment l’esprit vient aux femmes (1950), La Blonde et moi permet à Tashlin d’établir une satIre burlesque du mythe de monsieur-tout-le monde qui devient un héros en vivant une romance avec une sculpturale femme blonde, qui plus est, protégée par le méchant gangster de service. La fille en question, jouée par Jayne Mansfield, n’est juste qu’une caricature de la blonde atomique. L’histoire, improbable, prend alors sa forme par la modernité de son récit et de ses gags.

Le film revendique en 1956 dans son pré-générique d’être en couleurs plutôt qu’en noir et blanc, d’offrir un champ de vision inédit avec le cinémascope et enfin, et surtout, d’être rythmé, en stéréo, uniquement par le nouveau son du moment : le rock’n’roll. Avec ces nouveaux éléments cinématographiques, Frank Tashlin marie le cartoon et la comédie à la perfection allant même jusqu'à utiliser l’artifice de la surimpression pour illustrer une délicieuse hallucination de Tom, noyant son chagrin dans l’alcool dans la séquence où il revoit son ancienne vedette et coup de cœur, Julie London, dans toutes les pièces de son appartement. Le cinémascope permet donc à Tashlin de saisir la démesure de ces situations burlesques.

Notons également la présence de très nombreuses futures vedettes du rock'n roll interpretant des chansons : The Girl Can't Help It par Little Richard, My Idea Of Love par Johnny Olenn, Ready Teddy par Little Richard, Spread the Word par Abbey Lincoln, Twenty Flight Rock par Eddie Cochran, Blue Monday par Fats Domino, You'll Never, Never Know par The Platters, Every Time You Kiss Mepar Jayne Mansfield

Avis de François Truffaut dans Arts 10 avril 1957

Je serais bref mais élogieux. La Blonde et moi est davantage qu'un bon film, davantage aussi qu'un film drôle, davantage qu'une excellente parodie, une sorte de chef d'oeuvre du genre....

De quoi est-il question? D'une variante, ou, si l'on veut, de variations sur le thème de Pygmalion. Le sculpteur ici s'éprend d'un modèle qu'il renonce à statufier. Il s'agit pour le joyeux luron (Tom Ewell) de Sept ans de réflexion (Billy Wilder , 1955), imprésario sombrant dans l'alcoolisme par amour déçu, de faire une vedette d'une poupée oxygénée protégée par un ancien gangster.

La poupée en question, aux antipodes de Baby Doll, ne rêve, contrairement aux apparences, qu'à confectionner des petits plats pour un bon mari qui lui fera une flopée de gosses; elle ne sait pas, ou ne veut pas chanter, à tel point que lorsqu'elle pousse la gamme, à "ré" les ampoules électriques éclatent. Tout se termine le mieux du monde, Dieu soit loué, car l'efficacité de Tashlin est telle qu'une fin malheureuse dans un de ses films causerait probablement plus d'un suicide. ( ... )

La Blonde et moi est d'une drôlerie de tous les instants, mais aussi d'une beauté de toutes les images; le pique-nique sur la plage où Jayne Mansfield parle de son père bagnard et de son adolescence crasseuse, en maillot de bain devant 14 mer, est, à cet égard, exemplaire.

Ayant eu la chance de voir trois fois la Blonde et moi avant de rédiger ces notes, j'ai pu constater que ce film, comme les plus grands, a le mérite de paraître plus beau et plus réussi à chaque nouvelle vision; à le revoir, on rit moins, évidemment, mais on aime davantage et l'on peut même ressentir une certaine émotion.

Distribution

  • Tom Ewell : Tom Miller
  • Jayne Mansfield : Jerri Jordan
  • Edmond O'Brien : Marty Murdock
  • Julie London : Elleparmême
  • Barry Gordon : Barry the paperboy
  • Henry Jones : Mousie
  • John Emery : Wheeler
  • Juanita Moore : Hilda

Fiche technique

  • Titre original : The Girl Can't Help It
  • Réalisation : Frank Tashlin
  • Scénario : Frank Tashlin et Herbert Baker
  • Production : Frank Tashlin
  • Société de production : Twentieth Century Fox
  • Photographie : Leon Shamroy
  • Montage : James B. Clark
  • Costumes : Charles Le Maire
  • Durée : 99 minutes
  • Date de sortie : 1er décembre 1956
Reproduction possible des textes sans altération, ni usage commercial avec mention de l'origine. .88x31.png Credit auteur : Ann.Ledoux