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Le Charme discret de la bourgeoisie, film français de Luis Buñuel, sorti en 1972.

Analyse critique

Six personnages issus de la haute bourgeoisie, deux couples et deux célibataires, trois hommes et trois femmes , essaient de planifier un repas ensemble, mais des événements imprévus empêchent ce dîner.

Ce film présente deux motifs habituels de Buñuel, indissociables, ceux du blocage et de la réitération ; le film se présente comme une suite de tentatives, avortées et reconduites autant de fois, pour mener à bien un simple repas, ce lieu de convergence entre le plus primaire des besoins, manger, et l’apogée du rite socialqu'est la réception. Car il faut à chaque fois qu’une perturbation, plus ou moins incongrue, deuil, pulsion sexuelle, manœuvres militaires ou rupture de stock, empêche le repas et le repousse, dans un continuel et ascendant jeu de frustration et d’étonnement.

Buñuel procède subtilement, il démarre une scène ancrée dans une réalité banale, un couple arrive chez des amis pour la soirée, on se déshabille, on boit un verre, on échange des banalités , et la mène jusqu’aux limites du possible, aux confins d’une zone cernée par le fantastique par un renversement soudain. Buñuel, garde toujours un recoin dans sa scène, où se terreun diablotin imprévu. Tout son art consiste à conduire sa troupe, l’air de rien, près de ce coin d’où l'imprévu jaillit et leur tombe dessus.

Comme dans la plupart des films de Buñuel s'intéressant au sujet de la bourgeoisie, l’attaque faite à la culture bourgeoise dénonce des pratiques et des comportements sans dénoncer pour autant les fondements de la domination bourgeoise dans la société en général. Vue de l'intérieur, et sans mise en perspective, la bourgeoisie n'est pas confrontée aux autres classes , ce qui n'empêche pas un point de vue parfois acerbe du réalisateur sur les us et coutumes de ce petit monde.

Buñuel pratique une mise en scène d’une grande précision et rigueur. Là où il semble se contenter d’accompagner ses personnages dans leurs déplacements, il fait beaucoup plus. Un subtil jeu de cadrage lui permet de décrire le rituel social de l’extérieur tel un troupeau saisi dans son milieu comme de l’intérieur, disséquant le détail des échanges entre ses membres. Il inscrit également ses personnages dans une continuité qui compense la forme épisodique du scénario. Peu à peu, le film plonge dans le monde du rêve, parti d’une réalité cohérente, mais régulièrement secouée par des pointes d’étrangeté, à l’image de cette veillée funèbre dans une auberge, surprise par les convives et leur coupant l’appétit, il est progressivement émaillé de récits de rêve, un personnage secondaire, toujours un militaire, interrompt le repas et prend la parole, jusqu’à basculer dans une suite ininterrompue de cauchemars.

Buñuel pratique une attaque en règle de la bourgeoisie. Il dérègle les conventions et la bienséance, à l'occasion d'un repas sans cesse différé: L’archevêque se fait embaucher, au tarif syndical, comme jardinier et l'Ambassadeur, comme un chien, dévore une tranche de gigot sous la table. Les conventions du cinéma sont elles-même remises en cause, quand les acteurs-convives découvrent qu'ils sont au milieu d'une scène de théâtre.

Cependant, l'affiche du film, racoleuse, imposée par le distributeur, ne fût pas du tout du goût de Luis Buñuel, qui souhaitait définir lui-même les provocations qu'il exposait au public.

Distribution

  • Fernando Rey : Rafael Dacosta, ambassadeur de la République de Miranda
  • Paul Frankeur : François Thévenot
  • Delphine Seyrig : Simone Thévenot
  • Bulle Ogier : Florence, sœur de Simone
  • Jean-Pierre Cassel : Henri Sénéchal
  • Stéphane Audran : Alice Sénéchal
  • Julien Bertheau : l'évêque et jardinier, Mgr Dufour
  • François Maistre : le commissaire Delécluze
  • Claude Piéplu : le colonel
  • Michel Piccoli : le ministre de l'Intérieur

Fiche technique

  • Réalisation : Luis Buñuel
  • Assistants réalisateurs : Arnie Gelbart, Pierre Lary
  • Scénario : Luis Buñuel, Jean-Claude Carrière
  • Photographie : Edmond Richard
  • Montage : Hélène Plemiannikov
  • Durée : 102 minutes
  • Date de sortie : 15 septembre 1972 (Paris)

L'affiche contestée

Reproduction possible des textes sans altération, ni usage commercial avec mention de l'origine. .88x31.png Credit auteur : Ann.Ledoux