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À l'approche de l'automne, film japonais de Mikio Naruse, sorti en 1960

Analyse citique

Bien que ne figurant pas dans les films considérés comme majeurs du cinéaste, À l'approche de l'automne, quatre-vingt-unième film de Naruse, est un très beau récit d’initiation, comédie frôlant le mélodrame, et qui témoigne de la transformation du paysage urbain de Tôkyô au début de années 60, alors que les conséquences de la défaite du Japon commence à s'estomper.

Shigeko, veuve depuis peu, quitte Nagano pour Tôkyô où elle confie son fils Hideo à un oncle. Le jeune et timide garçon se sent perdu dans cette grande ville. Il se lie d’amitié avec Junko, la fille de la directrice de l’hôtel où travaille sa mère. Les enfants, comme souvent dans le réalisme japonais des années 1960 sont les héros du film et les adultes n’occupent que des rôles secondaires.

Le traitement le plus étonnant est celui réservé au personnage de la mère, très présente dans les premières séquences mais qui disparaît sans crier gare de la vie de son fils, et du film par la même occasion, pour suivre un nouvel amant, sans que cet abandon ne suscite beaucoup de commentaires ni n’entraîne de développements mélodramatiques. pour Naruse et pour les Japonais en général, l’effusion n’est pas de mise.

Ce film est tranquillement et insidieusement cruel. La cruauté ne s’exprime pas via une structure mélodramatique asphyxiante mais via le regard d’un enfant, ce qui induit une apparente légèreté. En effet, cet enfant pas tout à fait conscient des drames qui se trament autour de lui joue, se bagarre avec des gosses de son âge, noue une amitié avec une petite voisine. Cependant ces scènes s’achèvent souvent par une mise à l’écart de l'enfant qui peine à s’intégrer à la bande de son quartier. Une fois rentré chez ses cousins, notre jeune héros pense évidemment à sa mère, se passionne pour son scarabée et se réfugie dans son imaginaire. Sa petite amie, en apparence plus favorisée, connaît elle aussi une situation précaire, car sa mère dépend de son père qui vit à Osaka avec sa vraie épouse et deux autres enfants. La séquence de la visite de ceux-ci à Tokyo montre tout le mépris qu'ils portent à leur demie-sœur.

L’allure générale du film est pourtant celle d’une comédie. La description de l’animation du quartier populaire de Tôkyô est pleine de savoureuse vivacité et les touches humoristiques abondent, la famille de marchands de fruits et légumes est obligée de manger les invendus périmés, les commentaires du personnel de l’hôtel, la petite fille qui renvoie le taxi en lui disant de présenter la note à sa mère. Mais l’émotion, toujours présente en arrière fond, surgit souvent à l’improviste et la fin en demi-teinte ne surprendra personne.

Le film frappe aussi par son attention à tous les signes de la modernité et le regard quasi documentaire de Naruse sur un paysage urbain en pleine transformation que le cinéaste semble découvrir en même temps que son jeune héros débarqué de sa campagne et dont l’admirable photographie noir et blanc de Yun Yasumoto fait ressortir la beauté chaotique. La télévision est présente, mais seulement dans la famille aisée, et fonctionne rarement. La circulation automobile est animée, mais les personnages du film voyagent en train ou alors en deux roues.

On découvre que les habitants de Tokyo, pourtant à quelques kilomètres de la mer, ne connaissent pas celle-ci, lors de l’escapade de deux gamins parcourant des kilomètres de friches industrielles et de terrains vagues promis à la construction immobilière pour trouver la vraie mer, et non pas celle, jaune, emprisonnée dans les bassins du port.

Jusqu’au bout, l’auteur entretient l’incertitude, laisse au spectateur espérer une fin harmonieuse, une résolution des conflits larvés. Lorsque l’on se rend compte qu’il est déjà trop tard et que le drame était joué depuis longtemps, le film se termine brutalement sur un pont, symbole du passage vers l'âge adulte du héros, abandonné par sa mère et ayant perdu son amie, emportée elle aussi contre son gré par le destin.

Distibution

  • Nobuko Otowa : Shigeko Fukatani - la mère d'Hideo
  • Kamatari Fujiwara : Tsunekichi Yamada L'oncle d' Hideo
  • Yôsuke Natsuki : Shotaro Yamada
  • Natsuko Kahara : Sakae - femme deTsunekichi
  • Daisuke Katô : Tomioka - L'amant
  • Seizaburô Kawazu : Asao
  • Hisako Hara : Harue - The Sister

Fiche technique

  • Titre original : 秋立ちぬ Aki tachinu
  • Réalisation : Mikio Naruse
  • Scénario : Ryôzô Kasahara
  • Musique originale : Ichirô Saitô
  • Photographie : Jun Yasumoto
  • Montage : Eiji Ooi
  • Noir et blanc, son mono
  • Production Toho Company
  • Durée : 79 minutes
  • Date de sortie : 1 Octobre 1960
Reproduction possible des textes sans altération, ni usage commercial avec mention de l'origine. .88x31.png Credit auteur : Ann.Ledoux