Sommaire (edit)Le cinéma
LiensDéveloppé grâce à: pmwiki.org |
Au feu, les pompiers ! (Horí, má panenko) est un film tchèque réalisé par Milos Forman, sorti en 1967. AnalyseDans une petite ville de montagne, le grand bal annuel des pompiers tourne à la catastrophe : les lots de la tombola disparaissent les uns après les autres, les candidates à l’élection de la plus belle fille de la soirée ont le trac de monter sur scène et se réfugient dans les toilettes, tandis que les pompiers désertent les lieux pour tenter d’éteindre l’incendie d’une maison. Tournée après le succès international des Amours d’une blonde, qui comportait déjà une scène de bal, cette allégorie politique utilise le registre de la comédie afin de déjouer la censure. Milos Forman établit un parallèle entre les comportements des pompiers, et ceux des membres du politburo du Parti Communiste tchèque, en pointant les travers et les bassesses de toute une société. On assiste à une débâcle où rien de ce qui est prévu ne fonctionne. Les pompiers volontaires sont incapables par leur dirigisme d’organiser une soirée, comme ils se révèlent inaptes à éteindre le moindre feu en raison de leur ébriété et de leur matériel défectueux, de l’extincteur récalcitrant au camion embourbé. Le cinéaste déclarait, en 1971, vouloir ainsi montrer à travers cette fable politique « ce qui se produit lorsque le bonheur des individus dépend des décisions d’une collectivité.» Milos Forman, grand admirateur de Chaplin, a souhaité réaliser le pendant tchèque du « slapstick » américain dans une satire amère et caustique qui met en scène une cascade d’événements tragi-comiques tenant du burlesque. Le cinéaste croque d’une manière impitoyable, mais jamais cynique, une galerie de portraits savoureux, interprétés par des acteurs pour la plupart non-professionnels, qui lui a été inspiré lors d’un vrai bal des pompiers auquel lui et ses collaborateurs ont assisté. Non conforme à l’idéologie officielle, le troisième long métrage de Milos Forman, a causé nombre de problèmes à son auteur, poursuivi pour sabotage de l’économie socialiste portant atteinte à l’image des travailleurs. Le film et son auteur ont subi les pressions non seulement de l'Etat mais aussi du producteur Carlo Ponti. Lors de son visionnage, le politburo ainsi que le producteur s'accorderont à trouver le film pessimiste et dévalorisant pour la classe ouvrière. Il sera interdit d'exploitation à vie sur le territoire tchécoslovaque. Le producteur arguera en plus d'un non respect de la durée contractuelle du film pour enjoindre au réalisateur de rembourser les sommes dépensées. Ce sont finalement François Truffaut et Claude Berri qui viendront au secours de Milos Forman en rachetant les droits Il a finalement été autorisé en Tchécoslovaquie durant la libéralisation insufflée par Dubcek, alors premier secrétaire du parti communiste tchèque et instigateur du « socialisme à visage humain. » Cependant, quelques mois après sa sortie, il fut de nouveau interdit suite à l’invasion de la Tchécoslovaquie, en août 1968, par les troupes du pacte de Varsovie qui mit fin au Printemps de Prague. Cet événement dramatique sonna l’heure du départ pour les cinéastes du dégel, tels que Ivan Passer et Jan Kadar, qui suivirent Forman dans son exil volontaire aux USA, où ce dernier entama une carrière plus connue, signant notamment Vol au-dessus d’un nid de coucou (1975). Ce film est donc une œuvre charnière, témoin de son époque, qui montre une société en pleine délitescence sur laquelle souffle malgré tout un vent de liberté. Milos Forman, chef de file de cette génération de cinéastes tchèques des années soixante, s’inspire du cinéma-vérité et de la Nouvelle Vague française en adoptant un ton satirique, et en posant un regard acide sur la vie quotidienne et les gens ordinaires.
Source : Wikipédia |