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Chantons sous la pluie est un film musical américain de Stanley Donen et Gene Kelly, sorti en 1952.

Analyse

Au Grauman’s Chinese Theatre, le gratin d’Hollywood, la presse et les fans sont réunis pour la première du tout dernier film muet de Don Lockwood et Lina Lamont, couple phare de la Monumental Pictures. Pendant l’interview qui précède la diffusion du film durant laquelle Don Lockwood résume son parcours comme les remerciements qui suivent le visionnage, la vedette masculine prend systématique la parole, ne laissant pas à sa partenaire le moindre instant pour souffler mot… Et on comprend très vite pourquoi : Lina Lamont a une voix horriblement aigue et désagréable.

En quittant les lieux avec son ami Cosmo, pianiste, pour se rendre à une réception donnée pour la sortie du film, le célèbre acteur est assailli par une horde de fans hystériques. Il arrive finalement à leur échapper en montant sur un bus pour ensuite disparaître en se laissant tomber de celui-ci et atterrir tout droit dans la voiture décapotable d’une jeune femme nommée Kathy Selden. Trop sûr de lui, présomptueux, Don joue le grand jeu de la séduction auprès d’elle mais elle feint une certaine indifférence, lui résistant pour le remettre à sa place. Elle va même jusqu’à s’attaquer à son statut d’acteur, lui disant qu’une fois qu’on a vu un film, on les a tous vus et qu’un vrai acteur ne peut être qu’un acteur de théâtre. Elle se revendique d’ailleurs actrice de théâtre. En réalité, Don découvre bien vite qu’elle n’est que danseuse…

A la soirée, un nouveau procédé est exposé aux invités : le principe du cinéma parlant. Les premières réactions ne se montrent guère enthousiastes : « Ca ne prendra jamais » … A la suite de cela, Kathy a une petite altercation avec Don Lockwood qui la raille quelque peu sur ses prétentions dramatiques et, vexée, elle veut entarter. Il esquive le gâteau et c’est malheureusement Lina qui le recevra : Kathy est renvoyée.

Trois semaines se sont écoulées depuis ce fameux jour cependant Don Lockwood ne parvient à évincer Miss Selden de ses pensées. Il brûle de la revoir. Cosmo met cela sur le fait qu’elle est la seule à l’avoir repoussé. Simultanément, le succès du premier film parlant de la Warner, « Le chanteur de jazz », est indéniable et conduit les dirigeants de la Monumental Pictures à envisager de se tourner vers ce nouveau procédé. Don et Lina se voient contraint de prendre des cours de diction ; néanmoins, la voix de Miss Lamont se montre toujours aussi peu gracieuse.

Malgré tout, le tournage commence, le film parle de la révolution française. Les problèmes répétés de prise de son et de micros (avec Lina principalement) exaspèrent le réalisateur. Entre temps, Don et Kathy se sont revus…

Arrive finalement l’avant première du film ; une véritable catastrophe. Problèmes de sons, de synchronisations s’enchaînent et les spectateurs sont mécontents. Si le film sort ainsi, le couple Lockwood – Lamont court à sa perte, les studios également. Alors que faire ? Kathy, Cosmo et Don trouvent la solution : transformer le film en comédie musicale ! Chose aisée pour Don, doué pour la danse et le chant mais qu’en sera-t-il pour Lina et sa voix nasillarde ? Encore un problème qui trouve sa solution : Kathy doublera Lina.

Alors que Don et Kathy filent le parfait amour, le film avance à grands pas, la première version catastrophique ne semble plus qu’un lointain souvenir. Il remportera très certainement un grand succès. Mais voilà… Lina découvre qu’elle est doublée à son insu et cela la rend folle de rage. D’un autre côté, elle se rend compte que la voix de Kathy l’avantage et souhaite que pour tous ses films avenirs elle soit doublée, faisant du chantage aux studios et se fichant éperdument de la carrière que pourrait faire Miss Selden.

Chantons sous la pluie retrace de façon simplifiée et plutôt nostalgique l'une des plus grandes étapes de l'histoire du cinéma, le passage du muet au sonore et parlant. Se basant sur l’influence qu’a eu cette mutation sur la naissance des films musicaux, le producteur Arthur Freed, auteur de la plupart des chansons pour le cinéma des années 30, trouva l’idée de situer l’action de sa nouvelle comédie musicale à cette période parfaitement à propos. S’appuyant sur des anecdotes d’époque (caméras trop bruyantes, voix d’acteurs insupportables, problème d’accommodation aux micros, etc.), mélangeant ironie et humour, le film retentit comme un hommage aux débuts du genre.

La bande originale est exclusivement constituée de grands succès musicaux, "Singin’ in the rain" en tête, et l’esthétique est directement inspirée de celle utilisée par les réalisateurs des années 30 et en particulier Busby Berkeley. La séquence chatoyante et florissante de "Beautiful girl", représentant le triomphe du film musical et de ses vedettes venues des scènes de music-hall, en est le parfait exemple. Gene Kelly, tout juste sorti du triomphe de Un Américain à Paris de Vincente Minelli, et Stanley Donen, grand collaborateur de Kelly réputé pour ses idées de mise en scène intelligentes, étaient déjà sur le projet sous la houlette de Freed. Pour compléter l’équipe, ils choisirent à leurs côtés des acteurs de première ligne, issus du milieu du music-hall et de la scène.

Le choix de Debbie Reynolds pour le rôle de Cathy Selden fut le plus évident. La demoiselle était devenue depuis 1950 l'ingénue malicieuse de la MGM, après avoir été remarquée dans Trois Petits Mots de Richard Thorpe et Two Weeks with Love, dont la mise en scène chorégraphique était réglée par Bubsy Berkeley. Son rôle de jeune starlette talentueuse cherchant la reconnaissance et la renommée dans Chantons sous la pluie va l'asseoir au sommet des stars du genre pour cinq ans. A peine âgée de 19 ans, elle y est rayonnante, faisant preuve d’une grande maturité.

Donald O'connor, dont les parents étaient artistes de music-hall, n'était quant à lui pas très connu du public malgré sa trentaine de films, mais était réputé des studios pour être un acteur, danseur et chanteur loufoque. Postulant parfait pour le rôle de Cosmo, le copain boute-en-train, grimaçant et toujours de bonne humeur, Chantons sous la pluie l'a révélé au grand public, mais s'est avéré être le seul film à la mesure de sa fantaisie.

Il en va de même pour Jean Hagen, actrice de théâtre depuis les années 40. Elle n’est reconnue au cinéma que pour son premier rôle dans Quand la ville dort de John Huston, sorti en 1950, quand l’équipe Freed l’engage. Avec un humour certain, elle interprète le rôle de Lina Lamont, la star blonde sans cervelle qui se fie aux tabloïds pour mener sa vie privée, et obtient ainsi une nomination à l’Oscar du meilleur second rôle féminin. On trouve également dans ce casting très réussi le nom de Cyd Charisse, qui fait une apparition très brève mais des plus remarquées. Choix très judicieux que celui de la reine des danseuses d'Hollywood pour représenter l'envoûtement que procure New-York pour les jeunes acteurs qui désirent tenter leur chance au royaume du music-hall.

Cette deuxième collaboration entre Stanley Donen et Gene Kelly marque l’apogée du duo. Leur mise en scène est exemplaire, intégrant à merveille les chorégraphies dans le déroulement de l'histoire. Que ce soit par le biais d’une représentation de music-hall, par l'évocation d'un souvenir, d’un exemple, sous couvert d’une déclaration d'amour, d’un délire collectif ou d’une euphorie passagère, il y a toujours un prétexte valable pour intégrer la danse au reste du récit. Il en ressort des scènes sublimes qui sont restées gravées dans les annales du genre.

Après un bref flash-back clownesque sur la reprise de Fit as a fiddle, le film ouvre le bal sur une première version très enlevée de All I do is Dream of You, représentée lors de la soirée de la première par des starlettes dansant le charleston en juste-au-corps roses du plus bel effet. Cette première séquence de danse est presque immédiatement suivie par le parfait Make 'Em Laugh, interprété par un Donald O'Connor très à son aise dans cette chorégraphie frénétique. Pour remonter le moral à son ami Don, dépité d’avoir rencontré une fille qui lui résiste, Cosmo danse sur le piano, les murs, grimace, fait mine de se prendre les pieds dans le tapis et improvise un duo avec un mannequin de chiffon. Chorégraphié par Stanley Donen, qui ne sera jamais crédité à ce poste pour le film, le solo de O’Connor rappelle à plus d’un titre celui de Fred Astaire dans Mariage Royal, réalisé par le même Stanley Donen l’année précédente.

Par la suite, entre quelques pas de deux romantiques, les deux hommes vont alterner des moments follement rythmés, comme Moses Suposes. Alors que Don est en train d’apprendre à articuler chez un orthophoniste, il est rejoint par Cosmo et tous deux s’élancent dans un sublime duo de claquettes. Montant sur le bureau, se cachant dans les rideaux, jouant avec l’orthophoniste, la caméra virevolte autour d’eux, captant toute l’essence de ce duo d’une qualité rare. Dans le même registre, la séquence Good Morning, où, après avoir passé la nuit à remonter le moral à Don, Cathy et Cosmo l'entraînent dans un pas de trois sublime, touche à la perfection du genre. A cette scène, qui est le tournant du film, s'enchaîne Singin' in the Rain. La chanson devait au départ être un pas de trois rassemblant Don, Cathy et Cosmo dans une version un peu plus rythmée que l’on retrouve en générique d’ouverture, mais Freed, Kelly et Donen ont jugé que la scène aurait plus de poids en solo. Le résultat est là.

Enfin, il ne faut pas oublier la séquence intitulée Broadway Melody, qui mélange à la perfection tout les styles de danses que l'on peut trouver dans une comédie musicale. Cette séquence ultime comporte les deux fameux pas de deux entre Gene Kelly et Cyd Charisse, deux stars au sommet de leur art. Passant du brûlant envoûtement d’une Cyd Charisse toute de vert vêtue au lyrisme bleuté d’un univers imaginaire, les chorégraphies sont élégantes, les portés légers et la symbiose parfaite.

Distribution

  • Gene Kelly : Don Lockwood
  • Donald O'Connor : Edmond Brown
  • Debbie Reynolds : Kathy Shelden
  • Jean Hagen : Lina Lamont
  • Millard Mitchell : R.F. Simpson
  • Cyd Charisse : danseuse
  • Rita Moreno
  • Douglas Phoebe
  • Kathleen Freeman
  • King Donovan

Fiche technique

  • Titre original : Singin' in the Rain
  • Réalisation : Stanley Donen, Gene Kelly
  • Scénario : Betty Comden, Adolph Green
  • Production : Arthur Freed
  • Directeur de la photographie : Harold Rosson
  • Musique originale : Nacio Herb Brown, Lennie Hayton, Arthur Freed
  • Chorégraphie : Gene Kelly
  • Direction artistique : Cedric Gibbons, Randall Duell
  • Montage : Adrienne Fazan
  • Date de sortie : 27 mars1952
  • Durée : 103 minutes
Reproduction possible des textes sans altération, ni usage commercial avec mention de l'origine. .88x31.png Credit auteur : Ann.Ledoux