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Douches froides est un film français d'Antony Cordier? sorti en 2005. Analyse
Il y a plusieurs façons de s'attacher au film, plein d'appétits, de sentiments, de désirs et de personnages - même si tous ne sont pas réussis. En voix off, Mickael se demande si les gens changent. C'est le sujet implicite de toute chronique adolescente, de tout récit d'apprentissage. Mais il est rare qu'il soit ainsi formulé par le héros lui-même. En substance : est-ce que je vais réussir à changer ? On entend alors l'inquiétude émouvante de celui qui redoute de rester sur le quai à regarder partir les trains à grande vitesse de la vie des autres. Mickael livre donc une guerre contre lui-même, et la plus grande qualité du film est de savoir en communiquer l'élan impérieux, autant que la trouille de la défaite. A cet égard, difficile de dire si l'amitié avec Clément « le bourge » et la fascination légitime que ce garçon si à l'aise exerce sur lui servent d'aiguillon ou de frein pour Mickael. Un soir d'entraînement, les deux judokas passent sans transition, sur leur tapis, de la lutte à une scène d'amour à trois avec Vanessa, assez naturelle même un soupçon de perversité et d'homosexualité flotte discrètement. Sur le moment, on peut voir cela, et c'est la version de Vanessa, comme une victoire pour l'amoureux officiel, la découverte d'un nouveau territoire, la conquête d'un plaisir. Elle demande d'ailleurs "Est-ce que c'était bien ou est-ce que c'était mieux ?" Mais on découvre un peu plus tard l'envers de cette effusion : une blessure narcissique, une propension masochiste à s'effacer devant le riche, le mieux né. Tout le suspense existentiel du film est au fond annoncé par un exposé, en cours d'anglais, de la sensuelle Vanessa : une explication de texte de Meet the Monster, chanson de la rockeuse PJ Harvey. Mais le monstre peut prendre bien des formes. Ce peut être le minotaure du déterminisme social, dévoreur de jeunes gens trop tendres, qui se cosument au contact de la haute bourgeoisie. Ou bien l'abîme de peur de l'échec que Mickael porte en lui. Ou encore la bête de sexe ? La « bête dans la jungle », comme dans la pièce de Henry James - où elle est la métaphore du gâchis absolu ? Ce film dru et bouillonnant, en forme de douche écossaise plutôt que froide, nous apprend qu'on peut rencontrer tous ces monstres avant même d'avoir son bac. Dans ce film finalement assez subtil, Mickael passe ses épreuves et les rate presque toutes, le bac, la compétition, l'amour, mais ses échecs le font tres certainement murir et devenir adulte. Distribution
Fiche technique
Récompense
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