Sommaire (edit)Le cinéma
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I'm Not There, film américain de Todd Haynes, sorti en 2007 Analyse critiqueLe film est inspiré de la vie de Bob Dylan, à travers différents personnages. Bob Dylan y est incarné par six acteurs différents (dont une femme), pour chaque période de sa vie ainsi que pour chaque facette de sa personnalité, rebelle, enfant fuyant les orphelinats, chanteur de folk engagé, puis vedette internationale, comédien, prophète chrétien « born-again », hors-la-loi, à travers des personnages fictifs dont l'histoire ressemble à celle de Dylan. Le film s'ouvre sur Bob Dylan entrant en scène, puis le montre sur sa moto juste avant qu'il n'ait un accident, comme en 1966. Il se retrouve alors allongé sur une table d'opération, une autopsie étant en cours sur sa personne comme mise en abîme du but même du film, à savoir étudier le personnage de Bob Dylan. Billy s'assoit dans le wagon et joue de la guitare. Les dernières lignes de Billy sont : « Les gens parlent toujours de liberté, et comme vivre d'une certaine façon. Car plus on vit d'une certaine façon, et moins cela ressemble à la liberté. Moi ? Je peux changer Quand je me réveille je suis une personne, quand je vais dormir je sais à coup sûr que je suis quelqu'un d'autre. Je ne sais pas qui je suis la plupart du temps. C'est comme si vous aviez hier, aujourd'hui et demain en face de vous. Rien de ce qui va se produire ne vous est dit. » Le train part ensuite au loin, métaphore du Never Ending Tour, série de concerts ininterrompue depuis les années 1980. Tout comme le film qui mêle faits et fiction, la bande son est constituée de chansons originales de Dylan et de reprises par d'autres interprètes. Parmi la quarantaine de morceaux qui ont été utilisés, plus de la moitié sont ceux de Dylan lui-même ; trois sont interprétés par d'autres auteurs et le reste figure sur le double album paru avec le même titre. Seule la chanson ayant donné son titre au film est jouée par Bob Dylan (avec son groupe) tandis que la plupart des reprises sont dues à des artistes indépendants. « Je ne suis pas là », dit le titre en anglais. Ceci est un film sur Dylan, chanteur américain, mais un film sans Dylan. Chacun de ces doubles fictifs endosse un peu de la réalité du modèle, ou l'un de ses masques. Un gamin noir et baratineur court le Sud profond dans les trains de marchandises. Un chanteur folk devient tête de pont de la protestation militante. Un acteur macho vit une liaison tourmentée avec la femme de sa vie. Un dandy androgyne est prisonnier d'une tournée éreintante. Un ermite usé hante, comme le fantôme d'un hors-la-loi, une bourgade hors du temps. Un type aux cheveux fous en habit de poète y ajoute ses commentaires illuminés. Celui-ci s'appelle Arthur. Les deux Dylan les plus casse-cou sur le papier sont à l'écran les plus touchants. Le gamin noir tapant Tombstone Blues sous un porche avec deux papys. Et Cate Blanchett imitant le phrasé dans Ballad of a thin man, dont Todd Haynes fait un long clip hallucinant. Dylan-enfant, Dylan-femme : La séquence 1965-1966 en noir et blanc, où Blanchett joue cet elfe sans regard devenu figure du mythe, asexué mais combien érotique, est un film dans le film. Au journaliste anglais qui le traque, ce Dylan exsangue finit par cracher comme un dernier venin : c'est quoi, être sincère ? Le vrai est un moment du faux, tel serait le fin mot du film. Le film de Todd Haynes est logiquement tissé de références et d'allusions, c'est son principe même : rien n'est pure invention, tout est reprise et remise en scène et de sa folle accumulation de détails, le film tient à la fois sa justesse et ses insuffisances. Le film s'achève sur un extrait du documentaire Dont Look Back où le vrai Dylan cette fois joue de l'harmonica. Comme si tant d'évocations avaient fini par imposer sa présence in extremis, Bob Dylan apparaît. Todd Haynes n'a pas fait lui-même cette image un peu floue, il l'a piquée ailleurs. Elle renie le postulat du film et ne jure en rien avec tout ce qui précède. Distribution
Fiche technique
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