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L.627 film français réalisé par Bertrand Tavernier et sorti en 1992.

Analyse

Coécrit par un ancien policier, Michel Alexandre, il dépeint le quotidien de la brigade des stupéfiants de Paris. Le titre du film « L.627 » fait référence à l'article du code pénal sur la législation sur les stupéfiants, qui autorise un toxicomane en garde à vue à recevoir la visite d'un médecin. Il symbolise le décalage entre les moyens prévus par la loi et ceux effectivement mis à disposition pour la police.

Lucien Marguet, surnommé "Lulu", est un enquêteur de deuxième classe de la police judiciaire. C'est un flic de terrain, passionné par son travail quitte à y sacrifier parfois sa vie de famille. Suite à une altercation avec son supérieur qu'il considère incompétent, il est changé de brigade. Mais il intègre rapidement un groupe qui lutte contre le trafic de stupéfiants. Se succède alors une série d'opérations de routine au fil desquelles chaque membre de la brigade se révèle.

Installé dans des bureaux en préfabriqué (Algeco) au fond d'un terrain vague, un groupe de policiers dévoués lutte au quotidien contre le trafic de drogue. Cinéaste rentré, ancien candidat malchanceux au concours d'entrée à l'IDHEC, Lucien arrondit ses fins de mois en louant ses services et son matériel vidéo pour filmer des mariages. La vidéo, il l'utilise aussi, de sa propre initiative, pour filmer les dealers et faciliter leur identification par les indiques. Les résultats sont vite probants et permettent de pister un gros coup.

Mais alors qu'il y avait possibilité d'appréhender un grossiste et d'effectuer une grosse prise, le chef de la brigade, Dodo, se contente, en intervenant trop tôt, d'arrêter des compares. Pour lui, cinq grammes ou un kilo c'est pareil, ça rentre dans les statistiques, c'est tout ce qu'on lui demande. Et il ne comprend pas le zèle de Lucien, qui a une conception toute différente de son métier, révulsé qu'il est par le spectacle régulier de victimes d'overdoses ou de toxicomanes au dernier degré ne pouvant espérer mieux qu'un examen médical expéditif. Lié d'une profonde affection à Cécile, devenue prostituée pour pouvoir acheter la drogue qui la ronge, Lucien enrage de se voir ainsi désarmé.

Il retrouve Cécile, qui avait disparu. Elle a un enfant, et se dit décidée plus que jamais à mener une nouvelle vie. Mais il oublie de lui demander son adresse.

L'ambition de Bertrand Tavernier sur ce film était de tourner un film réaliste sur les conditions de travail des policiers de terrain. Ainsi, il s'est interdit tous les type de plan classiques du film policier, largement inspirés par le cinéma américain ou encore, en France, les films de Jean-Pierre Melville. Les scènes d'action sont la plupart du temps tournées en longue focale, les scènes de filatures, à l'opposé des courses-poursuites traditionnelles du cinéma, sont filmées sans les conventions du genre (sans plan près des roues du véhicule, ou d'amorce du capot par exemple).

L.627 se place de façon quasi-exclusive du point de vue des policiers, en premier lieu celui du personnage principal « Lulu ». Des nombreuses scènes représentent des « planques » filmées depuis les véhicules banalisés, les « sous-marins ». Les filatures ne comportent que peu de plans de situation, privilégiant le regard de la brigade.

Le film fait la part belle entre les relations complexes et parfois ambiguës entre policiers et indicateurs : « Tu n'as pas d'amis, tu n'as que des indics » dira Cécile à Lulu . Cependant, L.627 interroge également sur l'environnement social de la consommation et du trafic de drogue, la précarité qui l'entourent. Les consommateurs sont dépeints dans un état de détresse sociale, squats insalubres, prostitution et physiologiques (dépendance que ne peut soulager aucun médicament).

L.627, dans son approche réaliste, rapporte l'insuffisance des moyens dont disposent les brigades : locaux inadaptés et exigus, manque de véhicules disponibles, pénurie de papiers carbone pour les procès-verbaux. Appuyé par de nombreuses anecdotes rapportées par le scénariste et ancien policier Michel Alexandre, le film dénonce entre autres le décalage entre la formation théorique et la pratique du « terrain », les stages inutiles, la course à la statistique et le poids de la paperasserie. L'équipe hétéroclite, entre « bons » et « mauvais flics », doit faire preuve d'astuce, que ce soit pour se procurer ou réparer son matériel, ou dans une interprétation souple des lois, comme pour payer ou protéger ses indics. « Si l'on veut faire correctement notre boulot, il faut être dans l'illégalité 24h/24 » dit Lulu.

On pourrait peut-être reprocher au film d'être tourné un peu comme un téléfilm. Cependant il est vrai que l'utilisation de cette caméra mobile, qui ne nous laisse jamais deviner le plan suivant, donne un effet de cinéma-vérité. Et malgré une intrigue relativement mince, le film reste tout à fait accrocheur, un véritable film d'action. Une énergie rendue très spontanément par des acteurs qui le sont tout autant.

Distribution

  • Didier Bezace : Lucien Marguet, dit "Lulu"
  • Jean-Paul Comart : Dodo, "Le chef"
  • Charlotte Kady : Marie
  • Jean-Roger Milo : Manu
  • Nils Tavernier : Vincent
  • Philippe Torreton : Antoine dit Looping, Antonio ou la Belette
  • Lara Guirao : Cécile
  • Cécile Garcia-Fogel : Katy
  • Claude Brosset : Commissaire Adore
  • Jacques Boudet : Raymond, le courrier
  • Jean Odoutan : Mamadou Diop
  • Francis Girod : Père de la mariée
  • Marc Perrone : Accordéoniste

Fiche technique

  • Titre : L.627
  • Réalisation : Bertrand Tavernier
  • Scénario : Bertrand Tavernier et Michel Alexandre
  • Production : Frédéric Bourbolon pour Little Bear et Alain Sarde pour Les Films Alain Sarde
  • Musique originale: Philippe Sarde
  • Photographie : Alain Choquart
  • Montage : Ariane Bœglin
  • Durée : 145 minutes
  • Date de sortie : 9 septembre 1992
  • 1 César et 4 nominations aux Césars 1993
Reproduction possible des textes sans altération, ni usage commercial avec mention de l'origine. .88x31.png Credit auteur : Ann.Ledoux