La Chamade , film franco-italien d'Alain Cavalier, adapté du roman homonyme de Françoise Sagan et sorti en 1968.

Analyse

Lucile est une jeune bourgeoise qui mène une existence de luxe et d'indolence en compagnie de son amant, Charles, lequel a sans doute une vingtaine d'années de plus qu'elle. Mais l'argent et l'élégance innée de Charles font que sa liaison avec Lucile a un air naturel. Cette liaison fait l'admiration de tout le petit groupe d'amis où évolue le couple. Soirées sans fin dans les cabarets parisiens, théâtre, potins entre femmes, on ne sent pas les heures passer.

Lucile est heureuse et en paix. Jusqu'au jour où, à la sortie d'un théâtre, son regard croise celui d'un jeune homme assez pauvrement mis, dans un café. Il est l'amant de Diane, une amie de Lucile, qui se paie le luxe d'avoir un amant pauvre. Antoine, c'est, son nom, travaille chez un éditeur. Aux murs de son studio, les livres s'entassent sur des rayonnages : Lucile, quand elle vient y retrouver Antoine, a l'impression de coucher dans les livres. Très vite, c'est le grand amour. Bien qu'il sente que Lucile se transforme, Charles ferme les yeux. Un jour, Antoine pose un ultimatum à Lucile : ou bien elle quitte définitivement Charles, ou bien lui, Antoine, ne la revoit jamais. Lucile souffre de devoir quitter Charles et sa belle demeure, mais elle cède.

Elle vient s'installer chez Antoine. Il faut maintenant qu'elle subvienne à ses besoins. Antoine lui a trouvé un travail d'archiviste dans un journal. Lucile ne tarde pas à trouver que travailler la fatigue, l'enlaidit. Elle vend un bijou et, pour faire plaisir à Antoine, continue à faire semblant d'aller au bureau.

Antoine finit par découvrir le subterfuge. Il entre dans une vive colère. Lucile s'aperçoit de plus en plus qu'il ne comprend rien aux femmes, et en particulier à elle-même. Elle se prend à regretter Charles qui l'aimait pour ce qu'elle était, et non pour la transformer. Et le moment arrive où elle comprend, comme une évidence, qu'elle doit retourner vers lui : là est son destin. Son aventure avec Antoine et la pauvreté ont pris fin.

Ce film, atypique, a été boudé par la critique à sa sortie. Injustement traité de film mineur, cette adaptation de Sagan reproduit fidélement l'esprit de de ses roman, entre marivaudage et desoeuvrement. Catherine Deneuve et Michel Piccoli sont irréprochables et ont beaucoup fait pour qu'il ne tombe pas dans l'oubli. Situé en marge de la Nouvelle Vague et non reconnu par elle, ce film possède pourtant certaines des qualités des films de Truffaut, le naturel et l'économie de moyens.

Distribution Catherine Deneuve : Lucile Michel Piccoli : Charles Roger Van Hool : Antoine Irène Tunc : Diane Philippine Pascal : Claire Amidou : Etienne Matt Carney : Destret Christiane Lasquin : Madeleine Monique Lejeune : Marianne Louise Rioton : Pauline Jacques Sereys : Johny Fiche technique Réalisation: Alain Cavalier Scénario et dialogues: Alain Cavalier et Françoise Sagan, d'après son roman Musique originale: Maurice Leroux Image : Pierre Lhomme Montage : Pierre Gillette Durée : 102 minutes Date de sortie: 1968