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La Classe de neige film français réalisé par Claude Miller et sorti en 1998.

Analyse

Nicolas, un enfant grave, fragile et perturbé, va vivre en classe de neige, mais un peu en marge de la communauté scolaire, une étrange aventure. Sa vie au quotidien est assaillie de souvenirs douloureux et traversée de fantasmes plus ou moins terrifiants. Il a un ami, Hodkann, qu'il entraîne un peu dans sa dérive mentale en lui racontant des histoires terribles.

Au chalet, Nicolas, tombé malade, est choyé par le moniteur Patrick et Mademoiselle Grimm, la maîtresse de sa classe. Au terme de son aventure, la réalité se révèle plus éprouvante que ses fantasmes les plus cruels. On croit toujours que les enfants ne comprennent pas les affaires des grands et que le terreurs des petits ne sont que de gros chagrins. C'est sûrement pour se donner bonne conscience ou bien parce qu'on a oublié. L'enfance voit tout, sent tout, vit tout. Elle ne peut pas juger mais n'accepte pas pour autant l'inacceptable.

En adaptant ce best-seller d'Emmanuel Carrère, Claude Miller poursuit poursuit son exploration du désir, de l'enfance et surtout des phobies qui nous habitent. En très peu de films, Miller s'est taillé une oeuvre singulière par ses sujets et académique dans son traitement. La Classe de Neige n'échappe pas à la règle. Un script osé, d'actualité et une réalisation qui en fait un bon film mais pas une oeuvre majeure.

On peut alors accuser le film d'être trop évident, d'appuyer parfois les effets, de se répéter ou même de trop nous imposer les pathologies du père et du fils. Nicolas est un rêveur, un solitaire, un enfant troublé. Il cherche à rendre son monde meilleur, à fuir ses cauchemars, et ce en mélangeant la réalité et la fiction. Tous ses SOS de détresse sont perçus mais incompris.

Face à cette impuissance des adultes, ce film d'enfants repose avant tout sur le regard du fils sur son père. Et sur les réflexes trop protecteur d'un père pour son fils. Tragique, La Classe de Neige recèle de très beaux instants et implique le public dans plusieurs intrigues, pour qui n'a pas lu le livre. Essayant de ne pas alourdir ni juger un thème qu'on pourrait qualifier d'opportuniste, Miller extrait la vraie magie de quelques scènes (les premiers rêves) où l'on apprend à découvrur qui est Nicolas, ses premiers émois, ses vrais peurs.

Ce film séduit par son atmosphère tendue et faussement impudique. On suit les angoisses et les fantasmes du jeune garçon sans retenue mais avec une certaine délicatesse. La scène où Nicolas raconte « la petite sirène » est une des plus émouvantes. Miller dit que c'est en racontant cette histoire pendant le casting que le garçon aurait eu le rôle. En tout cas, cette scène est très chaleureuse et vaguement érotique.

Le film construit son atmosphère sur le fait qu'il semble au spectateur tout à fait exagéré qu'un enfant soit perturbé à ce point. Et, de fait, il l'est, perturbé ; parfois, semble-t-il, au-delà de tout souci de réalisme. Mais, finalement, le film apporte lui-même la réponse, de façon assez amusante. Alors que les révélations de la fin s'annoncent de plus en plus sûrement, et qu'on les a anticipées depuis longtemps, on est finalement surpris par la fin. En fait, on passe le film à douter des pistes ouvertes un peu partout, les mettant sur le compte des fantasmes personnels du héros (ou de ceux du spectateur).

La Classe de neige est un film qui offre un visage à la fois cru et pudique sur un adolescent, mais pas n'importe lequel, un adolescent plongé dans un contexte très particulier, et c'est là une des principales fausses pistes dans lesquelles nous entraîne le cinéaste, celle de nous faire croire à un film social sur l'adolescence en général, alors qu'il s'agit d'un drame particulier, d'une sorte de fait divers présenté de façon très subjective. Mais la tendresse et la chaleur dont il entoure ses comédiens rend ce faux thriller particulièrement plaisant.

Étrangement le film terrifie plus pour son absence de communication entre les rêves et paradoxalement la surdose de connaissances chez les gosses. C'est aussi l'éloignement, le maniérisme de sa caméra qui gêne et nous empêche d'être troublé comme on aurait aimé l'espérer.

Déclarations de Claude Miller

Le film est adapté d'un roman d'Emmanuel Carrère, qui est sorti en 1995 et qui a eu le prix Femina, un magnifique roman...Ce qui m'a inspiré c'est que Carrère abordait un domaine qui est rarement abordé, à part dans les grands moments du XIXè siècle, comme Dickens, etc... et qui est justement tout l'aspect noir de l'enfance.Il y a les aspects positifs dans l'enfance, heureusement. Il y a la fraîcheur, la rigolade, les blagues avec les copains. Il y a les choses qu'on découvre, agréables... Il ya aussi, et on n'en parle jamais, beaucoup de peurs, beaucoup de phobies, beaucoup d'anxiétés. Beaucoup de choses qui sont toutes aussi fondatrices pour l'adulte qu'on va être plus tard que les choses agréables.

Je crois que c'est les émotions ma motivation principale. C'est à dire que je ressens des émotions soit par rapport à des choses que j'ai envie de raconter moi, soit par rapport à des émotions que je lis dans une fiction, dans un roman. Et si ces émotions sont très fortes, j'ai envie de les faire partager au public et donc c'est surtout ça qui m'entraîne.

Je crois qu'au delà de ça que j'aime filmer, enfin que j'ai la prétention d'essayer de filmer ce qui est caché. Ça paraît paradoxal parce qu'on est bien obligé de filmer ce qui est apparent. Mais justement ce que j'aime c'est d'essayer de faire comprendre au spectateur ce qui est caché... Et quand vous parlez de la sexualité, en général c'est dans le domaine du secret. J'aime filmer ce qui est dissimulé, que le secret des gens apparaissent, des adultes, des enfants, des femmes... Dans ce sens là, le désir fait parti de ces choses qui ne sont pas forcément dîtes mais qui sont mystérieuses, cachées et ça ça m'intéresse.

Vous savez je crois que 99.5% des garçons fantasment sur leur institutrice, sauf si elle est épouvantablement vilaine. Mais si ce n'est pas sur une institutrice, ça va être sur leur voisine. C'est normal: je crois que ça fait parti de la sexualité des enfants. J'ai fais appel à mes souvenirs et je ne crois pas être quelqu'un d'anormal ou alors j'aime bien dire "anormal comme d'autres". Et puis la deuxième chose, quand l'enfant prend l'autre enfant dans ses bras...Cet enfant est tellement abandonné, tellement malheureux, il se sent tellement inférieur aux autres à cause du secret qu'il porte, que tout ce qui peut être un contact, un réconfort, quelque chose de chaleureux, il en a besoin donc il fantasme ça: d'être à la fois le sauveur du leader de la classe, qui soit lui héros à son tour, et même de le protéger au point de le prendre dans ses bras.

Pour travailler avec des enfants. je fais des lectures avant le début du tournage pour être sûr qu'on comprend bien, notamment avec des enfants, tous les aspects d'un scénario, qu'il n'y a pas de choses obscures. Ensuite j'aurais tendance à travailler comme avec des acteurs adultes. On fait des répétitions sur le moment et puis quand ça a l'air de venir, mais pas trop pour quand même avoir la spontanéïté, on s'arrête et on dit moteur... Disons que la grosse différence qu'il y a avec les acteurs c'est qu'on peut se servir avec les adultes d'un tas de procédés, de séduction, de diplomatie, d'hypocrisie parfois, tacite entre adultes. Entre adultes consentants je dirais. Avec les enfants, on peut pas. Faut pas, pour employer une expression triviale, leur vendre le piano. Les enfants ils savent tout de suite quand c'est faux. C'est très très difficile. Parce qu'on s'habitue entre adultes à cette compromission, et là il faut se déshabiller un peu pour être vrai. Parce que sinon on n'obtient pas des bonnes choses avec eux.

Distribution

  • Clément van den Bergh : Nicolas
  • Lokman Nalcakan : Hodkann
  • François Roy : Le père
  • Yves Verhoeven : Patrick
  • Emmanuelle Bercot : Melle Grimm
  • Tina Sportolaro : La Mère
  • Yves Jacques : Le Visiteur
  • Chantal Banlier : Marie Ange
  • Benoît Herlin : Ribotton
  • Julien Le Mouel : Lucas
  • Tom Jacon : Le petit frère

Fiche technique

  • Réalisation : Claude Miller
  • Scénario : Claude Miller et Emmanuel Carrère, d'après son roman
  • Production : Francis Boespflug, Annie Miller
  • Musique originale : Henri Texier
  • Image : Guillaume Schiffman
  • Montage : Anne Lafarge
  • Durée : 96 minutes
  • Date de sortie : mai 1998
  • Prix du Jury ex-aequo Cannes 1998
Reproduction possible des textes sans altération, ni usage commercial avec mention de l'origine. .88x31.png Credit auteur : Ann.Ledoux