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Le Corbeau est un film réalisé par Henri-Georges Clouzot et sorti en 1943.

Analyse

L'action se déroule dans une petite ville de province française. Le Dr Germain, médecin généraliste, reçoit une lettre anonyme l'accusant de pratiques abortives (à l'époque très sévérement réprimées). C'est le début d'une longue série de missives plus odieuses les unes que les autres qui va éclabousser toute la communauté : la femme du directeur de l'hôpital, le médecin-chef, un malade atteint d'un cancer du foie, l'économe, l'instituteur, nul n'échappe à la hargne d'un correspondant à la plume acérée qui signe « Le corbeau ». Les soupçons se portent sur une infirmière, Marie Corbin, qui manque d'être lynchée.

Marie Corbin en prison, une nouvelle lettre est lancée de la galerie de l'église réduisant le nombre des suspect aux occupants de cette galerie. Vorzet propose alors de soumettre ces suspects à une dictée. Sans résultats probant. Denise, la soeur de l'instituteur et la perverse petite Rolande sont soupçonnées mais finalement Germain croit comprendre que c'est Laura la coupable : il signe une demande d'internement alors que cette dernière accuse son mari.

En fait c'est bien Laura qui est à l'origne de la première lettre puis c'est Vorzet lui-même qui lui fournit ensuite les éléments à divulguer ! "Le Corbeau" va donc pouvoir échapper à la justice. C'est sans compter sur la mère du malade que le Corbeau avait acculé au suicide; elle le démasque et fait justice elle-même.Germain finira par confondre le vrai coupable, son confrère le Dr Vorzet, mais le bras de la vengeance a déjà fait son oeuvre.

Henri-Georges Clouzot a une ceuvre courte, mais qui révèle, dans sa meilleure part, une causticité, un sens «diabolique» de la vanité des relations humaines, tableaux de moeurs, d'une verve un peu nauséeuse. Dans Le corbeau, son deuxième film (après L'assassin habite au 21, 1942), une chape d'infamie semble recouvrir le récit cocktail explosif de querelles de clocher, de sordides règlements de comptes, étalage d'infirmités physiques et morales, de tares et de dépravations en tous genres. même les enfants sont de petits monstres dans ce cloaque provincial fouillé par le scalpel d'un implacable analyste. Inspiré d'un fait divers réel (une affaire crapuleuse, qui mit en émoi la ville de Tulle, en 1923), Le corbeau fut regardé comme un miroir complaisant de la France occupée, livrée à la dissimulation et au mouchardage.

Le corbeau valut à ses auteurs l'accusation de propagande anti-française, accréditée par le fait qu'il s'agissait d'une production de la firme Continental, sous contrôle allemand. Les comités d'épuration en firent leur cible privilégiée, alors que l'on peut aussi l'interpréter comme un film de résistance. Le film est subversif sans doute, mais salubre; sa noirceur, plus métaphysique que politique, est rehaussée par une mise en scène de grande classe et une direction d'acteurs (souvent à contre-emploi) remarquable.

Ce film n'a en rien servi la propagande allemande et il s'est imposé comme une grande oeuvre cinématographique révélant l'univers et le style d'un metteur en scène qui, à l'époque, gêna tout le monde par son refus du manichéisme. Le bien et le mal se partagent en chaque être humain, c'est une affaire de circonstances, dit une scène capitale du film. Clouzot a peint avec une extrême noirceur une société provinciale dont les fonds marécageux remontent à la surface. Chacun peut, à un moment ou à un autre, être "un corbeau" en s'assurant l'impunité.

Sous l'Occupation, certains Français se sont livrés à des dénonciations anonymes. Dans le film, les lettres font l'effet d'une épidémie, les passions et les névroses se donnent libre cours, la psychanalyse vient à l'appui de la chronique naturaliste (rapport entre les infirmités physiques, les pulsions sexuelles et l'"anonymographie"). La puissance corrosive de la mise en scène tient aux influences, parfaitement assimilées, de cinéastes comme Eric von Stroheim et Georg Wilhelm Pabst.

Distribution

  • Pierre Fresnay : le docteur Rémy Germain
  • Ginette Leclerc : Denise Saillens
  • Héléna Manson : Marie Corbin
  • Pierre Bertin : le sous-préfet
  • Liliane Maigné : Rolande, la postière
  • Roger Blin : François, le cancéreux
  • Pierre Larquey : le docteur Michel Vorzet
  • Micheline Francey : Laura Vorzet
  • Antoine Balpêtré : le docteur Delorme
  • Louis Seigner : le docteur Bertrand
  • Noël Roquevert : Saillens, le directeur de l'école
  • Jean Brochard : Bonnevie
  • Gustave Gallet : Fayolle

Fiche technique

  • Réalisation : Henri-Georges Clouzot
  • Scénario : Louis Chavance et Henri-Georges Clouzot
  • Musique originale: Tony Aubin
  • Format: Noir et blanc
  • Date de sortie : 1943 (France)
  • Durée : 93 minutes
Reproduction possible des textes sans altération, ni usage commercial avec mention de l'origine. .88x31.png Credit auteur : Ann.Ledoux