Sommaire (edit)Le cinéma
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Le beau Serge est un film français de Claude Chabrol, sorti en 1958. Analyse
François est revenu à son village natal pour une convalescence. Il avait souffert d'une maladie très grave et vient chercher le repos et la tranquilité. Mais il ne trouve rien de tout cela. La vie de son ami s'est dégradée fortement. Serge est marié à Yvonne, qui l'adore, mais qu'il méprise injustement, en raison de leur premier enfant, mort-né mongolien. Il boit presque san arrêt en compagnie d'un homme plus âgé appelé Glomaud, qui peut ou peut ne pas être le père de Marie, la sirène locale. La propriétaire de la pension de François lui indique que Marie se " fiance" avec un homme différent chaque jour. Marie est joué par Bernadette Lafont qui réussit, malgré ses 19 ans au moment du tournage, à rendre crédible ce rôle de bombe sexuelle. Chaque événement ajoute à l'incomprehension entre François et les villageois. Lors d'un bal, il s'oppose soudainement au traitement qu'inflige Serge à Yvonne. Il suit Serge dans la rue et ils se battent. Obstinément, François reste dans le village pour exécuter ce qu'il croit être une action redemptrice. Il commence à neiger. Une nuit, avec Serge presque ivre-mort, François est au chevet d'Yvonne qui est en train d'accoucher de son deuxième enfant. Il se dépense sans compter pour faire venir le docteur puis pour retrouver Serge. Le docteur est pessimiste sur la survie de l'enfant. Apparemment affaibli par le froid, François sort une fois de plus pour trouver Serge. Il le trouve dans une grange et doit le traîner dans la neige. Une fois arrivé, il réveille Serge avec une poignée de neige dans son visage, au moment où les cris de son fils brisent le silence. François, peut-être s'évanouissant (ou s'effondrant?), crie ses derniers mots, "j'ai cru." Serge, entendant les cris de son fils en bonne santé, pleure de joie. On trouve en germe dans ce premier film tout ce qui allait faire le style de Chabrol, son regard acide et tendre. Mais le beau Serge ne peint pas le monde de la bourgeoisie, mais celui d’un petit village. Par ailleurs, au travers du personnage de François, le film est fortement connoté par une sorte d’humanisme chrétien, et même christique, qui conduira parfois Claude Chabrol à renier son premier long métrage. Le beau Serge n’en est pas moins un très beau film, fidèle à l’esthétique de la Nouvelle Vague : tourné en extérieurs avec une équipe légère, la mise en scène tire parti des décors naturels et n’hésite pas à faire appel à des non-acteurs. Dans ce film concerté, tout se réfère à une symbolique (le papier de la chambre à coucher, le cimetière, la place de l’église, les cigarettes, les lunettes). En cela se reconnaît la fascination qu’exerce sur Chabrol, son maître Hitchcock. Qu’importe si nous ne parvenons à ouvrir toutes les portes, l’important est de nous laisser entraîner par eux vers les chemins de l’onirisme. Le beau Serge se présente en effet comme une suite de scènes subjectives que des actes rendent objectives. Tout comme chez Hitchcock, nous sommes plongés dans le monde du désir, désir informulé, latent, qui soudain se réalise. Il est un moment, l’un des plus beaux du film, qui permet d'aprocher le travail de l’imagination du cinéaste. Serge, affalé sur le trottoir, cuve son vin près de la place du village. Des enfants, un peu plus loin, jouent au football. Dans le brouhaha des cris, on entend confusément l’un des gosses crier à celui qui a le ballon : « A moi François, François à moi. » Serge se lève furibond, chasse la meute des gamins qui s’enfuient, puis, comme poussé par une force intérieure dont il ne se sent pas le maître, il part à la recherche de François. Et, par bouffées, nous parviennent ses propos, véritable confession, qui tous appellent François à l’aide. Il a suffi d’une phrase indifférente et lointaine, juste perçue par son subconscient, pour déclencher toute une conduite incontrôlée, somnambulique mais réelle, celle-là seule qu’aime à capter la caméra de Chabrol. En fin de compte, Le beau Serge, c’est l’histoire d’une réanimation dans le sens de « rendre le souffle », « rendre à la vie » . Dans ce village qui se meurt, François vient apporter malgré lui une bouffée d’oxygène. La place de l’église est comme un cœur d’où les êtres affluent ou refluent, selon le rythme de la respiration. Par ailleurs, Chabrol a donné à chaque scène le tempo d’un halètement. Et la photo crée, elle aussi, l’impression d’un besoin d’air, à travers la froideur et la grisaille nue de ces sévères paysages. Ce thème de l’air trouvera son expression achevée dans les admirables images finales, par l’échange du souffle, dans l’acception à la fois vitale et mystique du terme. Dans le même temps que le bébé pousse ses premiers vagissements, François, exténué, s’affaisse comme s’il rendait son dernier souffle, tandis que Serge, fou de bonheur, retrouve enfin son âme et la joie de vivre. Distribution
Fiche technique
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