Sommaire (edit)Le cinéma
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Le Cheval d’orgueil est un film français de Claude Chabrol sorti en 1980. AnalyseLa vie rurale dans le pays Bigouden, en Bretagne sud, au début du XXe siècle jusqu’à la fin de la Première Guerre mondiale. Les paysans n’ont pour seule préoccupation que survivre à la misère, dans laquelle ils sont plongés. Pierre-Alain rencontre Anne-Marie ; il est valet de ferme et s’occupe particulièrement des chevaux. Leur mariage est une parenthèse de trois jours, avant de retrouver leur pauvreté. Un fils va naître : Pierre-Jacques dit « Petit Pierre », qui va être élevé par son grand-père Alain. Il apprendra que c’est l’orgueil que l’on monte quand on n’a pas de cheval. Et puis c'est la guerre : le père de Pierre-Jakez est mobilisé. Anne-Marie travaille doublement. A l'école, l'instituteur impose le français. L'armistice est signé, Pierre-Alain est de retour. La vie peut reprendre son cours normal. À l'origine, Claude Chabrol travaillait à un projet de film sur les paysans de la Creuse au début du XXe siècle. La lecture du livre à succès de Pierre-Jakez Hélias le décida à changer la localisation et l’histoire. Le livre dépeint la Bretagne rurale du début du XXe siècle, dans les années qui précèdent la Première Guerre mondiale. L’adaptation, confiée à Daniel Boulanger, se concentre sur la partie autobiographique et raconte l’histoire de Pierre. Héliaz parlant de sa jeunesse, le film tentera d'avoir des yeux d'enfant sur le monde. Le réalisme cédera le pas au merveilleux, selon le regard déformant du jeune Pierre-Jakez. « L'enfant ne voit qu'une maison pleine de dieux et de silence », dit le narrateur. Mais dehors ? Dehors, c'est la misère, « la chienne du monde ». Ici, nous quittons, semble-t-il, le regard de l'enfant qui, comme beaucoup de personnages chabroliens, ne voit pas l'horreur ou se refuse à la voir, pour celui, plus lucide, du romancier adulte. Le film fut mal accueilli par la critique à sa sortie ; il est très rarement diffusé à la télévision. Le plus grand regret de Chabrol concernant ce film est de ne pas avoir eu l’audace de le tourner en breton ; il est vrai que le fait d’avoir tourné en français l’a obligé à certaines contorsions (voir la scène quand le petit Pierre rechigne à apprendre le français à l’école). Cependant ce film demeure une adaptation fidèle de l’œuvre de Pierre-Jacquez Hélias et une peinture passionnante d’une région à forte identité. Mais, là où on pourrait s'attendre à une peinture réaliste, Chabrol au contraire n'abandonne le merveilleux que pour le fantastique. Le Cheval d'orgueil n'en rassemble pas moins des thèmes profondément chabroliens. Corentin Calvez, le père de ce conteur « qu'on croit quand il raconte », est trouvé mort de froid, puis renaît à la chaleur du feu. Chabrol disserte donc sur la résurrection et définit lui-même son film comme "non-chrétien, transcendantal" Au-delà, on pense à l'hésitation entre la vie et la mort qui était le sujet d'Alice ou. la dernière fugue. Quant à Violette Nozière, ne renaissait-elle pas aussi, finalement, d'une « petite mort » comme celle qu'avait affronté Corentin Calvez ? Isolé dans la filmographie, le Cheval d'orgueil n'a cependant rien d'une île perdue.
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