Recherchez sur ce site

Sommaire (edit)

Le cinéma

Liens

Développé grâce à: pmwiki.org

Changements Récents Version imprimable Edition

Le miroir (آینه, Ayneh) film iranien réalisé par Jafar Panahi, sorti en 1997.

Analyse critique

Mina est une petite fille qui doit retrouver sa mère à la sortie de son école, mais celle-ci se fait attendre et Mina se sent capable de rentrer chez elle par ses propres moyens. Elle croisera une multitude de personnes avec qui elle se confiera elle mentira, têtue et obstinée, surtout imprévisible, toujours pour se retrouver dans sa course effrénée sur le chemin du retour à la maison. La situation du film s'en trouvera même bouleversée, car la volonté des enfants est plus forte que celle des adultes qui leur courent après.

Le récit initial s’engouffre dans une dramaturgie minimale qui procure déjà une immense tension. La fillette entreprend alors un retour vers chez elle par ses propres moyens, c’est-à-dire avec ceux de l’enfance, précisément de ce point de vue singulier, avec des repères tantôt précis, tantôt vagues . Organisée tout en circularité, la première séquence est un modèle de virtuosité et d’économie mêlées ; la caméra est centrée au milieu du carrefour et Mina tourne autour. Elle part de la grille de son école, pour y revenir, en ayant déjà vécue dans ce laps de temps un nombre incalculable d’aventures, comme celle d’introduire une pièce dans la fente d’une cabine publique, et bien évidemment de traverser les infernales artères de Téhéran.

Personnage à part entière, la ville monstrueuse gronde et rugit comme la créature extraordinaire d’un monde où tout est disproportionné pour la silhouette de Mina, aussi gaillarde que minuscule. Après la circularité initiale, le film prend la forme d’un flux marqué par davantage de rectitude, un trajet sur une moto, suivi d’un autre en bus.

Le Miroir est une série d’épreuves initiatiques, en cela fidèle à la structure d’un conte mais l’initiation étant ici indubitablement féminine. À ce sujet, on apprend que la mère de Mina est enceinte, Le Miroir peut être vu comme le cauchemar « éveillé » d’une fillette craignant l’abandon du fait de l’arrivée programmée de cet intrus. Lors de la séquence dans le bus, où hommes et femmes sont séparés selon les règles de la République Islamique, Mina fait face à de possibles projections et reflets de son devenir féminin rendu en un tableau vivant basé sur la circulation entre son visage et le corps des autres passagères. Entre autres : une diseuse de bonne aventure, une belle jeune femme échangeant de tendres œillades complices avec son compagnon, une vieille dame acariâtre.

La seconde partie du film reprend le même récit, mais dans un autre régime où le "réel" à demi accepté dans la première partie va étendre davantage son contrôle, rendre encore plus incertain le fil entre le bloc de réalisation et la déambulation de la fillette. Le contact visuel se trouve rompu durant de longs moments, le micro HF dont est munie Mina régulièrement parasité. Ce dispositif, qui accepte de n’être ni fiction ni documentaire, mais de se situer sur le fil, à l’interstice. Ceci sans que l’on puisse tout à fait décréter que cette deuxième partie n’est pas moins mise en scène que la première.

Distribution

  • Mina Mohammad Khani : Mina
  • Kazem Mojdehi
  • Naser Omuni

Fiche technique

  • Titre original : آینه, Ayneh
  • Scénario, réalisation et montage : Jafar Panahi
  • Production : Jafar Panahi et Vahid Nikkhah-Azzad
  • Photographie : Farzad Jadat
  • Durée : 95 minutes
  • Dates de sortie : 23 août 1997
    • France : 21 décembre 2011
Reproduction possible des textes sans altération, ni usage commercial avec mention de l'origine. .88x31.png Credit auteur : Ann.Ledoux