Sommaire (edit)Le cinéma
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Les Bien-Aimés film musical de Christophe Honoré sorti en 2011. Il a été présenté en film de clôture du Festival de Cannes 20111. Analyse critiqueEn 1964, Madeleine est vendeuse de chaussures à Paris. À la suite d'un malentendu qui lui fait envisager d'autres sources de revenus, elle décide de se prostituer occasionnellement jusqu'au jour où elle rencontre Jaromil, un jeune médecin tchèque, et en tombe amoureuse. En 1968, le couple vit à Prague avec leur fille Véra. Au moment du Printemps de Prague, Madeleine découvre que Jaromil la trompe. Elle décide alors de rentrer seule en France avec sa fille. En 1978, Madeleine a épousé François, un garde républicain. Jaromil, qui est de passage à Paris pour un congrès, convainc Madeleine de le revoir et retombent dans les bras l'un de l'autre. Il lui propose de rester en France et de revivre avec elle si elle met fin à sa relation avec François. Une hésitation de dernière minute fait échouer le projet. En 1997, Véra accompagne son collègue et ami-amant Clément à Londres pour la promotion d'un livre de ce dernier. Dans une boite, elle est attirée par Henderson, un musicien américain en exil. À l'issue d'une soirée en tête à tête, il lui annonce qu'il est gay tout en se sentant fortement attirée par elle. Confuse de sa méprise elle s'enfuit sans pouvoir cependant réussir à l'oublier. Henderson la retrouve quelques jours plus tard et tous deux ont une relation furtive dans les toilettes du centre culturel français, provocant une violente réaction de Clément qui se sent une nouvelle fois trahi par Véra. De son côté, Madeleine vit depuis plusieurs années à Reims avec François et voit de temps à autres Jaromil lorsque celui-ci est de passage à Paris. Les vieux amants n'ont pu, des années durant, se séparer. Une fin d'après-midi, Jaromil, en route pour l'hôtel près de la gare de l'Est où l'attend Madeleine, est victime d'un accident et meurt. Le deuil et la mort envahissent désormais la vie de Véra et de Madeleine. En 1998, Véra, qui ne pense qu'à Henderson, retourne à Londres. Ils s'expliquent sur leurs sentiments respectifs. Véra ne peut contrôler son attirance pour Henderson et est prête à ne prendre que la part d'amour que celui-ci pourrait lui donner. Il lui avoue aussi son amour mais également qu'il a pris quelques mois auparavant un risque dans une relation sexuelle non protégée avec un amant séropositif. Il se pense lui-même contaminé, mais se trouve incapable de faire un test de dépistage par peur d'affronter la réalité. Leur relation devient impossible. En 2001, Véra décide de rejoindre Henderson à New York. En raison des attentats du 11 septembre, ils se retrouvent finalement à Montréal. Elle lui annonce qu'elle souhaite malgré tout avoir un enfant avec lui avec l'aide de la médecine qui pourrait éviter la contamination de la mère et de l'embryon. Henderson est venu avec son petit ami du moment et dans l'ambiance post-apocalyptique de l'attaque sur les États-Unis, un trio amoureux finit par se constituer dans la chambre d'hôtel. Quittant la chambre, Véra se suicide en prenant les médicaments d'Henderson. En 2007, Clément, sur l'insistance de François, vient à Reims pour l'anniversaire de Madeleine. Avec la mort de son amant et celle de sa fille, cette dernière vit cycliquement des périodes de déprime. De même que Clément qui n'a jamais pu oublier Véra. Ensemble, ils retournent à Paris sur les lieux où Jaromil et Madeleine se sont rencontrés dans les années 1960. Christophe Honoré explique le rôle des chansons dans son film : je pense que Les Biens-Aimés est moins une comédie musicale que simplement un film avec chansons. Il n’y a pas de dialogues chantés à proprement parler, ça se rapproche plus du monologue au théâtre, quand le personnage sent qu’il ne peut plus tricher avec ses sentiments et que le spectateur peut lire de manière transparente ce qu’il ressent. Parmi les grandes scènes du nouveau film de Christophe Honoré, il y a celles où l'héroïne, Véra , à la poursuite d'un amour impossible, échoue ce jour-là, non pas à New York mais à Montréal, pour cause d'avion dérouté. Descendue au milieu de la nuit au bar de son hôtel, confrontée aux images en boucle de l'effondrement des tours, la jeune femme demande s'il est possible de « changer de chaîne », comme si elle voulait zapper la catastrophe, qui encombre ses propres tourments. Il y a sans doute quelque chose de scandaleux dans l'égoïsme des personnages que met en scène Honoré, obsédés par quelqu'un qui leur échappe ou qu'ils ont perdu, ils ne veulent rien voir d'autre. Ce « scandale », aussi vieux que le sentiment amoureux, le cinéaste l'a toujours assumé pleinement, zappant lui aussi les sujets de société. Il en a tiré des merveilles de lyrisme acidulé - voir La Belle Personne et évidemment Les Chansons d'amour. Avec Les Bien-Aimés, il s'agit d'autre chose. On discerne toutes les fêlures que cache l'égoïsme des amoureux, cette fois rattrapés par le monde et par le temps : l'histoire court, chronologiquement, de 1963 à 2008. En faisant défiler les époques, Honoré dessine des lignes de vie croisées, parallèles ou brisées, et fait apercevoir un drôle de gouffre entre les générations. C'est dans la durée que le film prend toute sa force. La première période, consacrée à la mère, peut ainsi apparaître comme un prologue charmant. Il faut que les destins s'esquissent : en pionnière de la légèreté, la mère saura s'inventer une vie de retrouvailles avec son amour contrarié, intermittent, n'hésitant pas à se marier avec un autre. Tandis que sa fille, héritière fêtarde de la liberté sexuelle, sans attaches ni contraintes, s'épuisera à vouloir quelqu'un qui la rejette. Le cinéma d'Honoré n'hésite pas à pratiquer de multiples citations, Jacques Demy, François Truffaut, et d'autres. Les chansons originales d'Alex Beaupain explorent de façon radieuse tout un nuancier de sentiments déchirants, le dégrisement de la fin de la jeunesse, des abîmes de solitude, mais aussi les contradictions que recèle chacun de ces sentiments. C'est curieux comme un être peut régner sur toute notre vie, dit en substance Madeleine-Deneuve, au moment du bilan. Toute à sa passion impossible, Véra laisse éternellement mariner un collègue qui l'a élue, elle, mais en qui elle ne voit qu'un ami de beuverie, voire un cousin du désespoir. Chaque personnage se retrouve, tôt ou tard, seul à chanter dans les rues sa hantise amoureuse, qui est à la fois un poison et une raison de vivre. Un pays perdu et nécessaire. On peut vivre sans l'autre, mais on ne peut vivre sans l'aimer, telle est la morale de ce magnifique traité du manque. Distribution
Fiche technique
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