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Les Virtuoses (Brassed Off) est un film britannique réalisé par Mark Herman et sorti en 1997. Il a obtenu le César du meilleur film étranger en 1998 AnalyseAu milieu des années 1990, dans le petit village de Grimley, les mineurs et leur familles se battent contre la fermeture de leur mine dans le cadre du programme national de fermeture de mines au Royaume-Uni. Parmi eux, un groupe participe à la fanfare conduite par Danny . Ils sont partagés entre leur amour de la musique et leur chances de participer à la finale du championnat national de fanfare, d'une part, et le desespoir de perdre leur travail et de voir leur communauté de mineur se disloquer. A sa femme qui s'énerve de le voir abandonner la lutte syndicale pour souffler dans son tuba, un mineur répondra timidement: "Au moins, là, les gens nous écoutent..." La musique, refuge de la dignité des mineurs. C'est l'arrivée d'une petite nouvelle, Gloria , seule femme de la fanfare, qui leur avait redonné un peu l'envie de jouer. Mais les évenements progressifs vont venir ruiner progressivement leurs espoirs, à l'image de Phil abandonné par sa femme et qui ne voit plus de solution que dans le suicide, ou de Danny à la santé fragilisée par une silicose qui manque de mourir en apprenant que sa mine et sa fanfare sont condamnées, ou encore de Andy tiraillé entre son amour pour Gloria et le fait qu'elle fasse partie du comité chargé de la fermeture de la mine. Cependant, leur amitié, mais aussi leur envie de montrer au Royaume-Uni leur honneur d'être mineur, vont leur permettre d'atteindre la finale au Royal Albert Hall et de sauver leur honneur à défaut de leur emploi. Le film est sorti au Royaume-Uni en 1996, juste avant les élections générales de 1997, et a été perçu par beaucoup comme une propagande contre la politique menée par le parti conservateur depuis 1979, et par le gouvernement de John Major. A première vue, Les Virtuoses s'inscrit dans la lignée des films britanniques de veine sociale à la Ken Loach: or, Les Virtuoses nous prend à revers. Certes, Mark Herman ne fait pas de cadeau. Il ne triche pas. Il montre la dureté de la vie des mineurs, les humiliations et le mépris dont ils sont victimes de la part de la compagnie qui exploite la mine, le dénuement des pavillons de brique mitoyens, les poches toujours à sec, la nécessité de compter chaque pièce, l'angoisse de l'avenir, les dettes, les créanciers sans pitié, les humiliations, les foyers détruits par les horaires de travail décalés. Mais il ne montre pas que cela. Parce que la vie, ce n'est pas que cela. Il pointe l'horreur, mais aussi les moyens par lesquels on peut résister, garder sa dignité d'être humain: la solidarité, l'amitié, l'autodérision ("Je suis mineur, dit Phil à une bourgeoise de la ville. Mais si, vous savez bien... Dinosaures... Brontosaures... Mineurs..."), l'humour, et les bulles que l'on peut se ménager à l'intérieur de cette horreur pour essayer d'être heureux malgré tout soit la musique pour Danny le chef d'orchestre, l'amour pour Andy et Gloria comme pour les autres couples. Le film tire sa force de l'oscillation permanente des personnages entre euphorie et désespoir. Grâce à ce constant souci d'équilibre, il cesse d'être un documentaire sur des animaux curieux décimés par le thatchérisme, et atteint l'universel. Mark Herman détourne la forme classique hollywoodienne pour la mettre au service d'un sujet qui l'est beaucoup moins. Les Virtuoses est un film généreux: il montre un désastre dans toute son étendue, des vies brisées, des dignités confisquées, parce que cela s'est réellement produit et continue de se produire, mais sans en rajouter. Il est significatif que Danny, mineur à la retraite qui crache du charbon dans son mouchoir et se sait condamné à brève échéance, ne meure pas dans le film et ait le bonheur de voir son entreprise aboutir. Le film se termine sur l'image du visage de Danny victorieux, la tête haute, les yeux brillants. Les mineurs des Virtuoses font la conquête du spectateur par leur dignité, ils forcent l'admiration parce que chacune de leurs répliques provoque le rire comme un coup de chapeau, surprend, épate. Au moment où Andy se fait traiter de "briseur de grève" par l'un de ses compagnons parce qu'il a couché avec Gloria, qui travaille pour la direction de la mine, les autres mineurs tentent de calmer le jeu, et le compagnon reprend: "Okay, Andy, je retire ce que j'ai dit. T'es juste un sale con." Le spectateur imagine que la scène va se conclure classiquement par une empoignade, une bagarre. Mais Andy, après un silence, serre les poings et répond calmement, avant de quitter la salle: "Je préfère."
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