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L'Homme qui tua Liberty Valance , film américain de John Ford, sorti en 1962 Analyse critiqueEn 1910, le sénateur Stoddard et sa femme Hallie, un couple âgé, reviennent à Shinbone, dans l'Ouest, pour l'enterrement de Tom Doniphon. Le journaliste local, intrigué, interroge le sénateur sur sa présence aux obsèques d'un cow-boy inconnu. Stoddard, d'abord réticent, finit par accepter de lui expliquer. Il évoque l'époque une vingtaine d'années plus tôt où, fraîchement diplômé en droit, il débarqua avec l'idéal d'apporter la légalité dans l'Ouest. Peu avant son arrivée à Shinbone, la diligence est attaquée par une bande de hors-la-loi. Stoddard est dévalisé et sauvagement frappé par leur chef qui le laisse pour mort. Tom Doniphon le trouve, lui apprend le nom de son agresseur : Liberty Valance, un bandit de notoriété publique, et le dépose dans le saloon tenu par la jeune Hallie (son amour secret) et ses parents. Stoddard, encore faible, parle de faire arrêter Valance, ce qui provoque les sarcasmes de Doniphon : à Shinbone, c'est la loi des armes qui prévaut. Stoddard n'obtient pas plus le soutien du shérif, couard notable. En échange de son travail au restaurant, il est logé par Hallie et ses parents. Lorsque Valance le provoque, c'est Doniphon aidé de « Pompey » qui le défendent, lui prouvant par là que seul le revolver peut protéger un homme. Stoddard refuse pourtant de renoncer à la voie légale. Il enseigne la lecture et l'écriture, notamment à Hallie qui était illettrée, et donne des rudiments d'éducation civique aux enfants tout en s'entraînant secrètement et maladroitement au tir avec un vieux revolver. Stoddard est devenu l'ami de Peabody, le journaliste de Shinbone, qui dénonce la volonté des grands propriétaires de bétail de maintenir le territoire en parcours ouvert, ce qui empêche le développement de la ville. Les grands propriétaires ont de plus engagé Liberty Valance, qui n'hésite pas à s'attaquer aux fermiers isolés pour servir leurs intérêts. La solution serait de faire entrer le territoire dans l'Union et, justement, l'élection des représentants pour la Convention va avoir lieu. Le jour de l'élection, Doniphon refuse d'être candidat et, malgré les tentatives d'intimidation de Valance, ce sont Peabody et Stoddard qui sont élus aux dépens de Valance. Ce dernier, furieux, somme Stoddard de quitter la ville ou de l'affronter en duel le soir même. Peabody, qui vient de rédiger un article sur la défaite de Valance, est passé à tabac par le bandit, non sans avoir défendu vaillamment et verbalement la liberté de la presse. Stoddard, pour qui c'en est trop, refuse de quitter la ville comme tous l'y engagent. Il prend son arme et sort dans la rue pour attendre Valance. Ce dernier sort et, après un tir d'intimidation, blesse Stoddard au bras droit. Stoddard ramasse l'arme de la main gauche pendant que Valance le met en joue. Les deux hommes semblent tirer en même temps et Valance s'écroule, mort. En réalité Valance a été tué par Doniphon qui s'était dissimilé dans la pénombre avec sa carabine pour assister au duel sachant que Stoddard n'avait aucune chance face à Valance. Stoddard, ahuri de se retrouver en vie, retourne vers Hallie qui le soigne avec affection. Doniphon voyant la scène, découvre le penchant de la jeune fille pour Stoddard, et voit s'écrouler son projet de mariage. Il s'enivre, met le feu à la maison qu'il bâtissait pour Hallie et lui puis s'écroule ivre-mort à l'intérieur, laissant les flammes le gagner. Il est sauvé in extremis par Pompey, son tout dévoué boy noir. Peabody et Stoddard se rendent à la convention où "l'homme qui a tué Liberty Valance" est perçu comme un héros. Peabody le propose comme candidat pour représenter le parti pro-Union à Washington, mais Stoddard, écœuré, s'apprête à retourner dans l'est. Doniphon l'arrête alors et lui révèle le secret de celui ayant réellement tué Liberty Valance et convainc Stoddard de garder ce secret pour se représenter et de se faire élire sur cette gloire. Arrivés au terme de ce récit, les journalistes qui l'écoutent décident finalement de ne pas faire paraître l’article. L'histoire véritable de Tom Doniphon restera donc cachée pour toujours afin de préserver la légende. Ford suit le déroulement de son intrigue avec la tranquillité déroutante qui le caractérise. Ce qu’il raconte, au fond, n’a pas beaucoup d’importance. Dans l’éternelle confrontation entre Bien et Mal, le Bien triomphera, puisque le titre nous indique que Liberty Valance est mort. Dès les premières minutes de récit, il est évident que le héros, celui auquel va la sympathie de Ford, est Tom Doniphon, et non pas le jeune avocat continuellement tourné en ridicule. Le jeu de John Wayne, tout en lenteur et en force tranquille, accentue d’ailleurs ce contraste avec le personnage de James Stewart, dont l’interprétation est plus agitée, jouant continuellement sur l’émotivité. C' est un film nostalgique. Ford y célèbre pour la dernière fois les valeurs de l’Ouest américain, tout en annonçant leur disparition en faveur du progrès de la démocratie et de l’industrialisation. Le fait que les personnages principaux soient au nombre de trois a son importance. Chacun à sa manière symbolise un des visages de l’Amérique. Liberty Valance est la part sombre de l’individualisme de l’Ouest. Il n’obéit qu’à la loi du plus fort , et chacun de ses désirs doit être satisfait sur le champ, même s’il faut recourir au meurtre. John Ford accroît la terreur qu’inspire sa présence à la population de Shinbone en raréfiant et en théâtralisant chacune de ses apparitions. Le deuxième personnage, Tom Doniphon, a beaucoup plus d’affinités existentielles avec ce voyou égoïste qu’avec Ransom Stoddard. Mais il a décidé de mettre son individualisme au service de la justice et de l’honnêteté. Il sait qu’à l’Ouest, une bonne gâchette vaut mieux que tous les livres de loi imaginables. Mais il reconnaît aussi, que son monde est voué à disparaître. L’Ouest qu’incarne le cow-boy John Wayne ne peut plus résister à l’invasion du chemin de fer et à la progressive constitution des « États-Unis ». Sa mort sonne le glas d’une époque, sur laquelle John Ford se permet de verser quelques larmes. Le véritable duel est celui qui oppose ces deux faces du bien, ces deux philosophies de l’Amérique : celle d’un homme pour qui seul compte son bien-être et celui de son entourage ; et celui pour lequel l’engagement collectif en faveur du progrès est l’unique source de bonheur. Ransom Stoddard n’est peut-être pas le héros auquel va spontanément la sympathie du spectateur, mais l’Histoire lui donnera raison. John Ford le charge de symboliser les valeurs américaines que le vieux cinéaste a défendu avec acharnement durant sa longue carrière: Stoddard soutient la liberté de la presse, créé une école où il enseigne l’égalité entre les hommes, il organise des élections libres. Pour Ford, Tom Doniphon et Ransom Stoddard sont complémentaires. Tous deux expriment la complexité de la philosophie fordienne : exaltation du courage, de la virilité, de « l’homme fort », mais lutte contre l’injustice et défense des opprimés. Distribution
Fiche technique
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