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Little Miss Sunshine film américain réalisée par le couple Jonathan Dayton et Valerie Faris, sorti en 2006.

Analyse

Une famille déjantée se rend à un concours de beauté. Olive, 7 ans, rêve de participer au concours de beauté Little Miss Sunshine, dont la finale se tient en Californie. Son vœu se réalise et sa famille, vivant au Nouveau-Mexique, décide de l'accompagner à bord d'une camionnette en piteux état. Le voyage s'annonce difficile mais sa mère Sheryl fait tout pour maintenir l'harmonie.

Le père d'Olive, Richard, tente désespérément de vendre son "Parcours vers le succès en 9 étapes", et ses finances sont à sec. Le frère adolescent de la fillette, admirateur de Nietzsche, a cessé de parler et ne communique qu'avec un bloc-notes. Quant à son grand-père, héroïnomane, il s'explique mal pourquoi le frère de Sheryl, un spécialiste de Proust, a tenté de se suicider après sa rupture amoureuse avec un de ses étudiants. Lui aussi s'embarque avec le reste de la famille pour un périple qui s'avère mouvementé.:

Tous ceux qui pensaient que Sundance, le festival du film indépendant U.S s’était amoindri aux fils des ans, ont du être énormément surpris en découvrant un des bijoux étasuniens de l'année : Little Miss Sunshine, un road movie trépidant, primé au dit festival et réalisé par deux inconnus Valérie Faris et Jonathan Dayton qui par ce coup d'essai signent un coup de maître. Grand prix du festival de Deauville 2006, Little Miss Sunshine est un film éminemment consensuel dont le message pourrait se résumer à : lorsque l'on a tout perdu, reste la famille.

Sur le papier, rien d'alléchant. Alors quel intérêt y aurait-il à aller voir un film sur le voyage d'une famille un peu « déprimée » ? Mais dans la salle de cinéma, l'ébahissement est grand devant un tel film. On s’attendait à la satire de l'Amérique à laquelle nous a habitué son cinéma indépendant (Borat, les Yes Men) mais même si le film ne nous montre que ça pendant un bon quart d'heure, il n'en est rien. Lorsque dans une scène d'anthologie la famille Hoover au grand complet pousse le minibus bloqué en troisième vitesse, les choses vont changer. Elles ont déjà commencé à changer. Et c'est en ce sens que l'on peut qualifier Little Miss Sunshine de film initiatique. Ses réalisateurs ne réduisent pas leurs personnages à des stéréotypes ; ils ne se contentent pas de les manipuler comme des marionnettes pour mieux tourner en ridicule les travers de l'Amérique, ses réalisateurs ont de l'estime pour leurs personnages qu'ils font évoluer et progresser. Bien sûr cela ne fera qu'au prix de sacrifices et d'efforts, après un deuil même. Mais c'est grâce à cela que le père trouvera les moyens d'affronter son éditeur et qu'il abandonnera (un peu) ses théories stupides, que le fils brisera son vœu de silence et renoncera lui aussi à rentrer dans l'armée de l'air, que l'analyste de Proust retrouvera des raisons de vivre…

Little Miss Sunshine aurait pu être un film glauque et déprimant, mais il n'en n'est rien. Little Miss Sunshine aurait pu être un film snob, mais il n'en n'est rien. Le film est si réussi et tellement riche qu'il mérite une deuxième lecture. Nous tenons à mentionner la participation de Sufjan Stevens à la très belle bande originale du film. Little Miss Sunshine est un film beau, émouvant, rayonnant d'optimisme, qui fait passer du rire aux larmes, de scènes en scènes, avec talent. Les acteurs sont formidables, Steve Carell est parfait dans le rôle du spécialiste de Proust. Little Miss Sunshine est un plaidoyer pour la tolérance, pour le non-conformisme. Il nous enseigne que le mouton noir peut parfois être le rayon de soleil.

Les passions extravagantes de chacun ne sont en effet jamais moquées et intégrées au service de la mise en scène. Il en va ainsi de la passion pour Nietzsche que manifeste Joey. La caricature géante du philosophe et la lecture unique du Ainsi parlait Zarathoustra ainsi que le radicalisme de son silence qui pourrait être borné forment un portrait attachant. Les messages écrits génèrent un humour plus ramassé et plus efficace que l'humour parlé. Son oncle remarque aussi que le mutisme est la seule manière de répondre au positivisme délirant du père. La communion intellectuelle sera un point d'entrée pour expliquer que la souffrance est aussi une manière de progresser pour qui cherche à trouver sa voie. L'exigence de Proust et de Nietzsche se trouve alors figurée par cette mer brumeuse, grise mais illimitée à laquelle ils font face se détournant du concours stupide qui se déroule derrière eux.

Il est aussi possible que l'on retrouve un écho de la philosophie du coup de dé lorsque le grand-père rassure Olive en lui affirmant que l'important est de tenter sa chance : qu'importe le résultat, le vrai perdant étant celui qui renonce avant même de jouer. Cette morale, très éloignée des angoisses métaphysiques des road movies des années 70, servira aussi de réconcilliation entre le grand-père et son fils lorsque celui-ci apprend l'échec de son livre.

Densifié par les passions de chacun, le film bénéficie aussi du suspens dû au manque de temps propre à toute vie familiale que redouble l'impératif d'une arrivée avant 15 heures pour arriver au but. Carburateur, mort du grand-père oubli de Olive sur la route, revues cochonnes sauvant d'une arrestation pour klaxon bruyant sont transformés en moments comiques. La précipitation comme source du comique atteint son apogée avec le concours... Les parents n'ayant jamais eu le temps d'assiter au spectacle que le grand-père, héroïnomane et amateur de sexe, avait préparé pour leur fille !

Distribution

  • Abigail Breslin : Olive
  • Greg Kinnear : Richard
  • Paul Dano : Dwayne
  • Alan Arkin : Grandpa
  • Toni Collette : Sheryl
  • Steve Carell : Frank
  • Marc Turtletaub : un Docteur
  • Jill Talley : Cindy
  • Brenda Canela : une serveuse
  • Julio Oscar Mechoso : un mécanicien
  • Chuck Loring : Patron du magasin
  • Justin Shilton : Josh
  • Gordon Thomson : Larry Sugarman
  • Steven Christopher Parker : adolescent
  • Bryan Cranston : Stan Grossman
  • John Walcutt : un Docteur
  • Paula Newsome : Linda
  • Dean Norris : McCleary
  • Beth Grant : Jenkins
  • Wallace Langham : Kirby
  • Lauren Shiohama : Miss California

Fiche technique

  • Réalisation : Jonathan Dayton et Valerie Faris
  • Production : Michael Beugg ; Jeb Brody
  • Scénario : Michael Arndt
  • Musique originale : Mychael Danna ; Devotchka
  • Image : Tim Suhrstedt
  • Montage : Pamela Martin
  • Durée : 101 min.
  • Sortie : 26 juillet 2006 (USA) ; 6 septembre 2006 (France)
  • 2 Oscars et 2 nominations
    • Oscar du meilleur scénario original
    • Oscar du meilleur second rôle masculin attribué à Alan Arkin
  • César du meilleur film étranger en 2007.
  • Grand prix au festival de Deauville
Source http://fr.film.wikia.com/wiki/Little_Miss_Sunshine
Reproduction possible des textes sans altération, ni usage commercial avec mention de l'origine. .88x31.png Credit auteur : Ann.Ledoux