Mon oncle Benjamin est un film français d'Édouard Molinaro, sorti en 1969.

Analyse

Sous le règne de Louis XV, en l'an de grace 1750, sévit Benjamin Rathery médecin bénévole, merveilleux bon vivant, buveur et amateur de pâtés en croûtes. Il devise à l'égal des nobles dont l'amitié de l'un deux est acquise royalement sur le pré. Fidèle adepte de l’auberge et du cabaret, ces bons mots dynamisent une compagnie dont la conversation est centrée principalement sur le troussage de jupons.

« Ah les Polonaises et les Flamandes ! » L’époque malgré sa rudesse appartient au plaisir présent sur les tables et dans les lits. Tout est englouti et culbuté dans la joie et la bonne humeur avec des départs précipités par les fenêtres à l’arrivée des maris. Les ripailles rapprochent les esprits. On rosse la valetaille, on embrasse des postérieurs contraints et forcés, on se venge des affronts en cocufiant dans l’ombre. Toute cette galerie de paillards exécute la ronde de la vie où il faut uniquement profiter du moment qui passe sans haine envers qui que ce soit.

Le bon peuple des campagnes dont l’espérance de vie est moindre se divertit en ingurgitant les viandes et en coursant la soubrette dans les champs. Les excès de tables parfois sont meurtriers mais la sagesse et la philosophie de certains devant les conséquences finales de ces abus sont nobles par l’acceptation d’en payer le prix. Le verbe maîtrisé parfaitement par Benjamin qui n’est pas noble mais en possède la grammaire en fait le porte parole des paysans qu’il défend.

Méprisant l’argent, il se gave de rencontres d’origines diverses, respecté de tous, son entrée signifie toujours joie et bonheur. Son franc-parler, et son sentiment d'être égal aux nobles, lui le roturier, vont lui valoir quelques petits ennuis.

Sous des dehors léger, le film porte des messages révolutionnaires, qu'il serait imprudent de cantonner à l'époque de l'action: Mais dis-moi, peuple imbécile, quelle valeur trouves-tu donc aux deux lettres que les nobles mettent devant leur nom ? Ajoutent-elles un pouce à leur taille ? Ont-ils plus de fer que toi dans le sang, plus de moelle cérébrale dans la boîte osseuse de leur tête ? Il est impossible que vingt millions d’hommes consentent toujours à n’être rien dans l’État, pour que quelques milliers de courtisans soient quelque chose ; quiconque a semé des privilèges doit recueillir les révolutions. Que nos privilégiés actuels se le tiennent pour dit.

L’oncle Benjamin s’emporte contre les mariages arrangés par les parents : Ils ne savent pas ce que c’est pour une femme qu’un mari qu’elle n’aime pas. Quelques-unes se laissent mourir à la peine, d’autres vont chercher ailleurs l’amour qu’elles ne peuvent se procurer avec l’homme auquel on les a attachées. Celles-ci lui glissent doucettement une pincée d’arsenic dans son potage et font écrire sur sa tombe qu’il laisse une veuve inconsolable. Benjamin a une personnalité généreuse : Rien n’est plus ridicule que de mettre votre manière de sentir à la place de celle d’un autre : c’est vouloir substituer votre organisation à la sienne. Il ne lèverait pas le petit doigt pour s’enrichir mais il se révèle promptement homme d’action pour ridiculiser un commerçant, un bailli ou un gentilhomme.

Distribution Jacques Brel : Benjamin Rathery Claude Jade : Manette Bernard Alane : vicomte Hector de Pont-Cassé Paul Frankeur : docteur Minxit Rosy Varte : Bettine Machecourt Lyne Chardonnet : Arabelle Minxit Robert Dalban : Jean-Pierre Bernard Blier : marquis de Cambyse Armand Mestral : Machecourt Alfred Adam : sergent au chien Paul Préboist : Parlenta Jean-Pierre Lamy : Guillaume de Vallombreuse Dominique De Keuchel : Gaspard Daniela Surina: marquise de Cambyse Fiche technique Réalisation : Édouard Molinaro Scénario : André Couteau, Jean-Francois Hauduroy d'après le roman homonyme de Claude Tillier Musique : Jacques Brel Photographie : Alain Levent Durée: 90 minutes Date de sortie: 28 novembre 1969