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Nathalie Granger film de Marguerite Duras sorti en 1973.

Analyse

Isabelle Granger a été convoquée à l'école. Sa fille Nathalie, huit ans, a des problèmes. Le vendredi midi, Isabelle explique à son mari, à son amie et voisine venue la voir avec sa fille Laurence et à Nathalie qu'il est certain que cette dernière ne sera pas reprise à l'école et qu'elle devra aller en pension dès le lundi suivant. Isabelle est angoissée : elle pense que sa fille, rejetée par l'école, ne peut être sauvée que par la musique.

Isabelle et son amie passent l'après-midi ensemble. A la radio, on apprend que deux jeunes tueurs, sont réfugiés dans la forêt de Dreux proche de là. "Ils ont tué trois fois et ont mitraillé quatre personnes. En cas de découverte, les appréhender ; en cas de résistance, tirez à vu. C'est cette invitation qu'ont reçu ce matin les commissariats de la région parisienne" rapporte la radio.

Isabelle de plus en plus angoissée, ne peut jouer au piano et prépare la valise de sa fille. Elle est en plus atterrée par la réponse de la pension qui n'est pas d'accord pour imposer des cours de piano à sa fille si celle-ci n'est pas volontaire. Ce que redoute justement Isabelle avec le caractère butée de Nathalie. Son amie fait un feu, la réconforte et lui prépare le thé. Elle téléphone à la préfecture de Versailles pour éviter l'expulsion d'une sans papier portugaise qui a signé sans savoir sa propre expulsion.

Un démarcheur vient essayer de leur vendre une machine à laver. Malgré ses précisons, les deux femmes ne veulent pas croire qu'il soit un démarcheur. Il finit par se contenter d'une promesse de revenir plus tard. Avant de partir, il constate qu'elles ont justement la machine qu'il essaie de leur vendre.

Les deux femmes sortent et viennent confirmer à la directrice de l'école que Nathalie ira en pension chez le professeur Dabkin. C'est l'heure de la sortie et l'amie va chercher sa fille Laurence et Nathalie à l'école. Les deux fillettes prennent leur cours de piano.

Le démarcheur revient, il explique à Isabelle qu'il n'a rien réussit à vendre. Il s'attarde dans la maison. Isabelle téléphone à la pension : elle a changé d'avis, sa fille ne viendra pas lundi. Le démarcheur voudrait sans doute revoir Isabelle mais celle-ci a disparu dans le jardin. Nathalie dort au fond d'un canapé. C'est la nuit, le démarcheur quitte la maison.

Ce récit simple est construit par Marguerite Duras autour de sa maison de Neaufles, Nathalie Granger est un hommage à sa mère vu au travers les yeux de l'enfant qu'elle fut. Le film, la maison et l'enfant sont le réceptacle de toutes les violences du monde qu'ils ressentent fortement sans pouvoir rien y changer.

Si l'histoire racontée est celle du regard d'Isabelle et de son amie sur Nathalie, il semble bien qu'au contraire le film cherche à nous faire éprouver comment Nathalie, donc Marguerite Duras se souvenant de son enfance, voit sa mère et, d'une manière silencieuse et discrète, lui demande pardon. Une forme de pardon que tous les enfants peuvent adresser à leurs parents au nom de l'angoisse qu'ils génèrent chez eux.

Le générique qui reprend des plans qui seront ensuite vu dans le film donne déjà l'impression que tout a déjà eu lieu et qu'il ne faut donc pas attendre une action avec une fin qui présenterait une solution et une évolution pour les personnages. On ne saura ainsi rien du devenir des deux jeunes tueurs de la forêt pas plus qu'on ne saura le sort de Nathalie que finalement sa mère refuse d'envoyer en pension le lundi ou du voyageur de commerce qui quitte la maison à la fin du film.

Le sentiment qu'il est impossible de changer le cours des choses quel que soit ce que l'on ressent pèse sur chacun des personnages. L'amie tente de faire quelque chose pour la femme de ménage portugaise mais conclut son appel téléphonique inutile non par une révolte ou une colère mais par un laconique: "Rien à faire, rien, merci.". "On n'y peut rien" sera également la conclusion du démarcheur constatant qu'il y a déjà une Vedette à tambour 008 dans la maison d'Isabelle Granger.

Le film souligne ainsi l'impuissance des enfants (et de beaucoup d'adultes aussi) à changer le monde mais souligne aussi la sensibilité à toutes les violences. Cette violence l'art peut probablement la canaliser. D'où l'importance de la musique. Comme le long plan sur les partitions le suggère, l'écriture de Bach intègre tout autant l'ordre, la régularité apparente des signes de la partition que l'intensité lyrique lorsque la partition est mise en musique.

Le film est constamment accompagné dans sa seconde partie de six ou sept notes de piano qui sont probablement des exercices de gammes de Nathalie. Mais même lors de la séance de musique avec la professeur, le son n'est pas synchrone. Les notes répétées valent pour elles-mêmes, comme le symbole du statut de l'enfance.

Duras filme l'angoisse avec des moyens très différents, mais avec autant de force qu'un Alfred Hitchcock.

Distribution

  • Lucia Bosé : Isabelle
  • Jeanne Moreau : l'autre femme
  • Gérard Depardieu? : le vendeur
  • Luce Garcia-Ville : l'institutrice
  • Valerie Mascolo : Nathalie Granger
  • Nathalie Bourgeois : Laurence
  • Dionys Mascolo : Granger

Fiche technique

  • Réalisation : Marguerite Duras
  • Scénario : Marguerite Duras
  • Image : Ghislain Cloquet
  • Montage : Nicole Lubtchansky
  • Durée : 83 min
  • Formé :noir et blanc , son mono
  • Date de sortie : le 27 septembre 1973.

Source: Wikiafilm:Nathalie_Granger

Reproduction possible des textes sans altération, ni usage commercial avec mention de l'origine. .88x31.png Credit auteur : Ann.Ledoux