Recherchez sur ce site

Sommaire (edit)

Le cinéma

Liens

Développé grâce à: pmwiki.org

Changements Récents Version imprimable Edition

No Man's Land est un film bosniaque réalisé par Danis Tanovic, sorti en 2001.

Analyse

Durant la guerre de Bosnie, en 1993, Tchiki et Nino, deux soldats ennemis, l'un bosniaque et l'autre serbe, échouent dans un no man's land d'où ils ne peuvent sortir, étant sous le feu des deux camps. Les deux hommes essaient de trouver une solution à leur problème, en utilisant les Casques Bleus français de la FORPRONU, bien que ces derniers n'aient pas l'aval de leurs supérieurs. Les médias s'en mêlent, transformant un simple fait divers en un show médiatique international.

Ce n'est pas faire injure aux qualités de Danis Tanovic que de dire que No Man's Land évoque plusieurs autres films. D'abord le très beau téléfilm anglais, Warriors, qui faisait le procès de l'impuissance de la FORPRONU pendant la guerre de Yougoslavie, impuissance sur laquelle Tanovic revient utilement. Ensuite le chef-d'oeuvre de Billy Wilder, Le Gouffre aux Chimères, où un journaliste interprété par Kirk Douglas empêchait le sauvetage d'un homme pour ne pas rater son scoop. On pense aussi aux dialogues de La Grande Illusion de Renoir où le Français et l'Allemand se découvrent le même passé de "petites femmes de Paris". Enfin Kippour d'Amos Gitaï, qui partage avec Tanovic le triste privilège de raconter une guerre à laquelle il a effectivement participé. Chacun de ces quatre films est certainement supérieur à celui de Tanovic.

Mais, condensant de nombreux souvenirs de cinéma tout en racontant une guerre réelle, No Man's Land prend une force originale. C'est la parole d'un homme désespéré par un monstrueux gâchis historique et qui passe par des procédés déjà éprouvés pour communiquer son angoisse. Il fait d'abord raconter une "histoire drôle" à l'un de ses personnages: "Un pessimiste pense que ça ne pourrait pas être pire, un optimiste pense que si." Il poursuit par une confrontation très complexe entre deux ennemis coincés dans la même tranchée. Ce film, qu'on a tort de présenter ça et là comme une comédie, est plus simplement une allégorie puissante où se rencontrent de grandes figures de l'histoire du cinéma et la souffrance vraie.

Il fallait tout de même une certaine habileté pour rendre d’une manière convaincante une situation aussi étroitement composée. Il faut dire que dans les idées que le réalisateur nous présente, un schéma se dessine peu à peu et des cibles se dévoilent par la critique. Tout d’abord, il s’attaque aux soldats en nous les montrant comme rien de moins que deux enfants égoïstes cherchant respectivement à mettre la charge de la faute sur les épaules de l’autre. Le problème est qu’au fil des revirements de situation, car une énorme partie de la structure du récit repose sur ce procédé, le cinéaste nous fait remarquer que beaucoup de détails unissent ces deux hommes.

Mais la cible principale de l’offensive de Tanovic demeure les Forces de Protection de l’ONU où beaucoup d'éléments sont mis en place, parfois de façon un peu insistante, afin de questionner l'état de leur présence dans le conflit où les casques bleus sont réduis malgré eux aux rôles de spectateurs alors qu’ils devraient être des acteurs. Mais dans cette situation plutôt chaotique, le but premier pour l’organisme demeure de sauver la face devant le cirque médiatique se créant peu à peu autour de la tranchée. D’autre part, une place prédominante est aussi laissée à toute la question de la langue. Les casques bleus venus en territoire hostile pour tenter de rétablir la paix ne parlent pourtant pas un mot de la langue du pays. Dans cet ordre d'idées, c’est une situation qui explique en même temps pourquoi le film n’a pas été traduit et l’utilisation des sous-titres est plus que nécessaire et justifiée dans No Man's Land.

Distribution

  • Branko Djuric : Ciki le bosniaque
  • Rene Bitorajac : Nino le serbe
  • Filip Sovagovic : Cera le bosniaque coincé sur la mine
  • Georges Siatidis : Sergent Marchand
  • Serge-Henri Valcke : Capitaine Dubois
  • Sacha Kremer : Caporal Michel
  • Alain Eloy : Pierre
  • Mustafa Nadarevic : Vieux soldat serbe
  • Bogdan Diklic : L'officier serbe
  • Simon Callow : Colonel Soft, l'officier du QG UNPROFOR Zagreb
  • Katrin Cartlidge : Jane Livingstone la journaliste de Global News Channel
  • Tanja Ribic : Martha ("l'aide de camp" de Soft)
  • Branko Zavrsan : Le démineur allemand
  • Djuro Utjesanovic : Le guide bosniaque
  • Mirza Tanovic : L'officier bosniaque

Fiche technique

  • Titre original : No Man's Land
  • Réalisation : Danis Tanovic
  • Scénario : Danis Tanovic
  • Musique : Danis Tanovic
  • Photographie : Walther van den Ende
  • Montage : Francesca Calvelli
  • Décors : Dusko Milavec
  • Pays d'origine : Bosnie-Herzégovine
  • Durée : 98 minutes
  • Date de sortie : 12 mai 2001
  • Festival de Cannes 2001 : Meilleur scénario
  • Oscar du meilleur film étranger en 2002
  • César du cinéma 2002 : César de la meilleure première œuvre de fiction
Reproduction possible des textes sans altération, ni usage commercial avec mention de l'origine. .88x31.png Credit auteur : Ann.Ledoux